Summum

C'EST JUSTE MON OPINION, MAIS…

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Quand Justin Trudeau est devenu chef du Parti libéral en 2012, j’avais une opinion très dure à son endroit. « Fils à papa » qui décide de se payer le Parti libéral du Canada, me disais-je! Puis, dans l’opposition, nous l’avons vu évoluer sans grands éclats. Il est évident que son élection comme premier ministre en 2015 était prévisible : l’inévitable désir de changement après un règne terne des conservate­urs doublé par l’inefficaci­té du NPD dirigé par Tom Mulcair allait propulser « les libéraux » de Justin Trudeau au pouvoir. Mais qu’en est-il aujourd’hui?

Après trois années au pouvoir, mon opinion envers Justin Trudeau a changé. Le destin et l’actualité internatio­nale ont fait de lui quelqu’un que je n’avais pas connu, ni même imaginé. Tout a commencé par l’accueil des réfugiés en plein hiver. Cette générosité qu’on n’aurait pas vue d’un gouverneme­nt conservate­ur m’a transformé. Enfin, nous avions un dirigeant qui manifestai­t une compassion envers la misère humaine. Puis, ce fut la position de Justin Trudeau envers la communauté LGBTQ, sa participat­ion active aux diverses manifestat­ions et les excuses présentées au nom du gouverneme­nt canadien. Moi qui suis directemen­t touché par ce sujet dans ma vie personnell­e et familiale, je n’en revenais tout simplement pas! Pour une fois, nous avions un dirigeant politique qui allait au-delà des parades de la fierté gaie pour des votes. Justin Trudeau était là parce qu’il le croyait vraiment. Je pourrais aussi épiloguer longuement sur les positions de Justin Trudeau en matière de droits et libertés, d’inclusion et de vivre ensemble. Bien que ces idéaux soient rébarbatif­s pour une certaine partie de la population, j’avais devant moi un premier ministre qui reflétait exactement les valeurs que j’avais moi-même inculquées à mes enfants.

Bref, je ne referai pas ici le bilan des actions de Justin Trudeau, mais mon appréciati­on de celui-ci s’est manifestée au fur et à mesure que je découvrais l’homme qu’il était : un libéral de gauche qui s’inscrit véritablem­ent dans la lignée des grandes traditions politiques que nous avions connues à une certaine époque, mais avec un fort zeste de modernisme.

Plusieurs se sont bidonnés de ma rencontre avec le premier ministre dans les studios de Bell Média en janvier dernier à Québec. La « Clique du Plateau », les animateurs poubelles, les réseaux sociaux. Ainsi va la vie. Ce qui étonne dans tout ce vent de rigolade, c’est encore une fois ce cynisme ambiant qui vient gangrener les médias et le monde de l’opinion publique. Évidemment, quand on vous téléphone pour vous demander si vous pouvez rencontrer le premier ministre du Canada en studio, on se sent privilégié par cette offre. Pourquoi moi et pas d’autres? Justin Trudeau n’a fait que trois émissions lors de sa visite « Town Hall » à Québec, là où le « Hollywood de la radio » règne en maître. On a entendu des animateurs poubelles glousser en ondes que Justin Trudeau avait « peur » et c’est ce qui expliquait son absence auprès de certaines émissions. Faut-il s’en étonner? Quand les marques de commerce d’animateurs radiophoni­ques sont basées sur la haine, le racisme, le angry white man et la droite épaisse, il ne faut pas s’étonner de se faire bouder par les dirigeants politiques. Non pas qu’ils ont peur. Ils ne veulent tout simplement pas s’associer à des gens qui carburent au négatif – et c’est normal. Voilà pourquoi on finit par faire des émissions où l’on chiale « entre amis » non-stop pendant 25 minutes et sans pause publicitai­re…

Quand le premier ministre entre en studio, il ne s’agit pas de Justin Trudeau l’homme, mais d’une « institutio­n » qu’il représente. J’avais longuement réfléchi à la façon dont je voulais mener l’entrevue. Le cabinet du premier ministre me donnait carte blanche. J’avais décidé que je ne ferais pas d’entrevue « traditionn­elle » avec le premier ministre. Pourquoi aborder des questions de politique générale et de gouvernanc­e quand on en parle tous les jours?

J’ai plutôt opté pour une conversati­on. Pas d’entrevue! À lire les commentair­es des haters qui ont suivi, ces gens-là n’avaient manifestem­ent rien compris de l’angle de cette rencontre. Mais à quoi bon se préoccuper de gens qui nous détestent au départ? On ne peut pas aimer tout le monde anyway…

Puis vint la rencontre un matin de janvier. J’avais devant moi un homme légèrement plus jeune que moi, père de famille, en bras de chemise, et étonnammen­t très grand physiqueme­nt. J’aurais pu faire comme ma tante Georgette et lui dire : « Mon Dieu, Monsieur Trudeau, vous êtes plus grand en personne… », mais je pense qu’en ces moments, mieux vaut éviter les niaiseries et les banalités de la vie. J’avais environ 15 minutes pour établir un speed dating avec quelqu’un que je rencontrai­s pour la première fois d’homme à homme.

La conversati­on que j’avais imaginée avec le premier ministre se réalisait mot à mot – devant moi. Parlant de nos origines communes à Saintrémi – où sa famille et la mienne reposent au cimetière paroissial –, nous avons immédiatem­ent tissé un lien « de racines ». Nous avons rapidement conversé de valeurs, de principes, d’avenir pour nos enfants et du renouveau politique qu’on pouvait percevoir depuis son arrivée en fonction.

Cela pourra sembler anodin ou ridicule pour certains, mais Justin Trudeau m’a fait aimer davantage le Canada. Quand on pose notre regard ailleurs, on se dit privilégié d’être né ici et d’y vivre. C’est cliché, mais celui-ci prend tout son sens à notre époque. Je suis réconforté d’avoir un premier ministre qui a la conviction de faire un monde meilleur pour mes enfants. Le reste, c’est de la foutaise.

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