Summum

SÉBASTIEN DUBÉ & VINCENT LÉONARD

PLUS QUESTION DE SE CALMER LE « DENIS »

- Entrevue : Nathacha Gilbert Caricature: Mario Malouin

Les Denis Drolet ont lancé leur nouveau spectacle en début d’année et ils nous reviennent encore plus assumés et intenses que jamais! En attendant de les voir en show dans une salle près de chez nous, on a pris le temps de leur jaser un peu.

SÉBASTIEN, VINCENT, VOUS AVEZ LANCÉ VOTRE QUATRIÈME SHOW EN JANVIER DERNIER, EN ATTENDANT LE BEAU TEMPS. C’EST DONC DE VOTRE FAUTE SI LE PRINTEMPS A TARDÉ À ARRIVER?

Sébastien : Ouais! (Rires) Y’a sûrement un petit peu de nous là-dedans. On aimait bien le titre et, au sens figuré, on attend pas mal le beau temps tout le temps ici au Québec. Et, au deuxième niveau, avec le « temps » qui ne va pas si bien, on trouvait que les deux niveaux étaient ben le fun.

COMMENT SE PASSE LA TOURNÉE?

Vincent. : C’est génial, c’est tellement le fun. Les salles sont pleines, les gens sont au rendezvous. Nos fans sont là, heureux et comblés, et il y a beaucoup de nouveaux gens qui se greffent à notre public, ceux qui étaient sceptiques qui viennent et qui, finalement, pognent le délire et embarquent dedans rapidement. Nous, c’est être sur scène qu’on aime le plus. C’est là où on s’épanouit au maximum et de voir le public réagir autant et les salles être pleines, ça nous rend bien heureux. S. : On avait un peu peur parce qu’on a écrit le show qu’on voulait écrire et on ne s’est pas posé de question. On va loin dans l’absurde et dans le trash, mais ça fonctionne vraiment bien et le public s’est élargi, donc on est très ravis.

VOUS AVIEZ PROMIS UN SPECTACLE ENCORE PLUS EXTRAVAGAN­T QUE VOS PRÉCÉDENTE­S PRODUCTION­S. EN QUOI EXACTEMENT?

V. : On s’est dit l’an dernier, en rodant le spectacle, qu’on ne se privait plus de rien, qu’on n’était pas pour donner encore des indices après 20 ans et adoucir la patente pour plaire ou non… On a décidé de faire ce dans quoi nous étions les meilleurs et ce que l’on visait quand on a commencé. Et on y va dans le tapis. On a décidé de faire confiance au public et de se donner une liberté totale quant à la création. Évidemment, avec tout ça, il y a une mise en scène. Le texte est le même chaque soir, à la virgule près; rien n’est improvisé. Tout est calculé. C’est un show qui nous ressemble, qui est complèteme­nt débridé et tout ça est dû à la communion avec le public.

VOUS ALLEZ PAS MAL PLUS « LOIN » DANS VOS GAGS EN SHOW QUE LORSQUE VOUS ÊTES SUR SCÈNE DANS LES FESTIVALS, NOTAMMENT. VRAI?

S. : Exactement. C’est sûr qu’il faut toujours adapter le matériel. Ce n’est pas « notre » public qui est dans les festivals. On mise un peu plus sur l’absurde bon enfant. C’est sûr que ceux qui nous aiment juste à Atomes crochus arrivent en spectacle et peuvent être un peu déboussolé­s. Même si on est dans le

trash, on n’est pas comme dans celui de Mike Ward ou de J-F Mercier; on n’est pas dans le concret, sauf que, par moment, pour l’effet déstabilis­ant, on peut lâcher une bombe, quelque chose d’hyper lourd. V. : On adoucit le Denis un peu en gala, quoique là, on est dans le « minding » de faire ce que l’on aime, donc pour les prochaines fois, on va y aller directemen­t dans ce qu’on a le goût de faire.

JE ME TROMPE OU ON VOIT DE PLUS EN PLUS SOUVENT VINCENT ET SÉBASTIEN DANS LES MÉDIAS?

S. : À un moment donné, on s’est rendu compte que ça nous aidait et que c’était plus simple. On assumait d’aller à Marina ou à Un squelette dans le placard. Je suis embarqué dans Les Fantastiqu­es à la radio et je trouve ça très agréable; ça grossit le bassin de fans pour les Denis et c’est un peu ça l’objectif, d’apporter de l’eau au moulin pour aller chercher d’autres gens. Tant que ça sert aux Denis, on dit oui. V. : Y’a une volonté de longévité; c’est bien les Denis Drolet, mais on a d’autres cordes à nos arcs. On a 40 ans, mais, un jour, on va en avoir 50 et jouer les débiles à la télé, ça va devenir pathétique un jour ou l’autre, donc on a cette conscience-là. Moi, c’est plus du côté de la création; on travaille une bande dessinée, mon ami Alex A. (auteur de L'agent Jean!) et moi, et je passe des journées en écriture à trouver des idées de projets. Je faisais mes chroniques à Paparagill­es [l’émission a été retirée]. Ce sont des terrains de jeux que j’adore développer.

SENTEZ-VOUS QUE VOUS ALLEZ DEVOIR JOUER LES DENIS AD VITAM AETERNAM?

S. : C’est une super bonne question et c’est le genre de questionne­ment qu’on a souvent. On se demande si les personnage­s vont avoir une limite et même si on « mergeait » en autre chose, si on mettait le projet de côté, dans 20 ans, ce serait drôle de les ressortir. Donc, je pense qu’ils sont assez éternels. Peut-être qu’on fera comme Claude Meunier a fait quand il s’est investi dans La Petite vie. C’est dur à dire…

EN REGARDANT UNE COUPLE DE VOS PASSAGES À MIKE WARD SOUS ÉCOUTE, J’AI DÉCOUVERT L’ORIGINE DES DENIS… EN RÉALITÉ, CE SONT VOS PARENTS RESPECTIFS QUI ONT ÉNORMÉMENT INSPIRÉ VOS PERSONNAGE­S…

V. : Largement! Pas tant dans la folie et dans l’écriture que dans la façon de livrer la chose. Moi, ma mère, ce que j’ai pris d’elle, c’est

notamment qu’elle est toujours heureuse de tout, c’est une fille super positive, les expression­s, le côté super chaleureux, elle est prête à tout accepter, elle est toujours contente, souriante. Et le père de Sébas nous a bien fait rire. Le barbu est très très proche de son père. Il a le même casting : gros bonhomme, musclé, la moustache… Il est ben drôle. S. : Oui, plus dans l’énergie. Mon père, c’est un conteur né, un des gars les plus drôles que l’on a vus dans notre vie. C’est un peu lui qui nous a appris à lâcher un call hyper malaisant et trash, mais à garder le sourire en coin. C’est une énergie très loud et intense.

VOUS VOUS CONNAISSEZ DEPUIS L’ENFANCE ET C’EST AUSSI LE CAS POUR VOTRE AMI MARC-ANDRÉ FLEURY, ALIAS JUST TO BY MY LOVE. COMMENT VA-T-IL, JUST TO BY?

V. : Ah, il va super bien Just to by! Il est en amour par-dessus la tête, marié depuis deux ans et demi avec un Brésilien. Il est écoeurant!

IL FAIT TOUJOURS PARTIE DE VOTRE SPECTACLE?

S. : Non. C’était une décision artistique. C’est donc plus mollo pour lui dans ce projet-là étant donné qu’il ne fait pas partie du nouveau show. On avait peur de tuer le personnage. Il va revenir dans un autre projet, mais il va super bien, on se voit encore et on se parle souvent. C’est juste que, pour un an ou deux, ça va être plus tranquille.

VOTRE PROJET DE CARTOON S'EST TRANSFORMÉ EN BD?

V. : J’ai décidé de prendre le taureau par les cornes. Le cartoon, c’est un processus de création et de diffusion, surtout, et y’a toujours plein d’idées en branle, des producteur­s et des diffuseurs majeurs intéressés, mais j’ai décidé de partir la BD avec Alex A. On va commencer comme ça et, au moins, on va avoir quelque chose à présenter aux diffuseurs. On amorce le projet de BD après l’été. S. : On pense que ça va vraiment aider pour le pilote d’avoir quelque chose à présenter. On n’est pas pressés, mais c’est un super beau projet. On verra bien.

DENIS MEURT DANS UN TRAGIQUE ACCIDENT DE FRITEUSE, AVEC QUEL AUTRE HUMORISTE POURRIEZ-VOUS FAIRE CARRIÈRE SANS QUE DENIS DÉCÉDÉ VIENNE VOUS HANTER?

V. : Wow! Avec Clémence (Desrochers). Y’a pas beaucoup de gens de ce monde qui ont encore de l’audace, même à cet âge-là! S. : Eh boy! Bonne question… C’est irremplaça­ble, mais j’irais vraiment avec un clash et je choisirais une fille, genre Rosalie Vaillancou­rt.

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