Summum

Alex Roof sur le party

- PAR ALEX ROOF PHOTOGRAPH­E : FRANCA PERROTTO - WWW.FRANCAPERR­OTTO.COM

Il m’arrive de me réveiller le matin après avoir fait un blackout la veille. Si tu ne sais pas ce qu’est un blackout, c’est quand tu vires une grosse brosse et que tu te réveilles le lendemain avec un mal de tête, des trous de mémoire et avec une fille dans ton lit qui a… comment on appelle ça? Ah oui, un pénis!

Je ne suis pas alcoolique comme Mike Ward ou Éric Lapointe. C’est pas parce que je suis mieux qu’eux autres : c’est qu’avec le salaire de misère que SUMMUM m’accorde pour écrire cette chronique, je n’ai pas les moyens d’être alcoolique comme eux. Avec un peu de chance, ils liront ma chronique et vont augmenter mon cachet, ou vont simplement me congédier et vous pourrez lire un autre humoriste dans l’édition du mois prochain.

Honnêtemen­t, je ne bois pas régulièrem­ent. Par contre, je m’accorde une grosse brosse par année. Une brosse où il n’y a pas de lendemain. Une brosse qui combine l’alcool que tu bois à ta fête, au jour de l’an, à la Saint-jean, à ton enterremen­t de vie de garçon, et tout ça le même soir. J’appelle ce moment « ma brosse de l’année ». Ou comme l’appelle Éric Lapointe : « Un p’tit lundi. » Une brosse où je demande à mes amis de ne pas faire de vidéos Snapchat ou Instagram durant la soirée, car sinon je n’aurais sûrement plus de carrière. Bref, une brosse où je suis moins présentabl­e que Guylaine Gagnon qui fête le premier du mois.

L’année dernière, cette brosse a eu lieu au Rockfest. J’avais bu l’équivalent de 10 piscines olympiques remplies d’alcool. Je ne dis pas seulement ça à cause de la quantité d’alcool ingurgitée, mais aussi à cause de l’arrière-goût de pisse de la bière. Je vous précise que je ne suis pas dans une dégustatio­n de vin à Paris, mais bien en train de boire de la bière en fût du Rockfest.

Durant la soirée, je suis devenu ami avec deux Mexicains qui, eux aussi, avaient une couple de piscines olympiques qui circulaien­t dans leur sang.

Vers 3 h 30 du matin, après avoir festoyé assez fort pour être dans le même état que le gars de « Yesser Miller », mon foie me faisait signe à grands coups de crampes qu’il était temps de rentrer à l’hôtel. Les festivalie­rs du Rockfest dorment majoritair­ement dans des tentes. Pour ma part, puisque je suis un humoriste ultra connu à travers la galaxie, j’ai la chance de me faire payer l’hôtel par le festival. J’avoue que je me sens un peu mal : une partie de moi a peur que la raison pour laquelle ils sont en faillite cette année, c’est parce que j’avais une chambre d’hôtel payée par eux pour que je puisse me passer le fer plat un lendemain de « headbangin­g ».

J’avais donc accès à l’arrière-scène et à d’autres privilèges qui ne se décrivent pas dans cette chronique. Parmi les privilèges importants à mentionner dans l’histoire, j’avais accès à un petit bateau de quelques personnes pour aller à l’hôtel. Les artistes et moi avions accès à l’équivalent d’un Uber, mais qui flotte sur l’eau. J’invite donc mes nouveaux amis Mexicains à prendre le bateau avec moi.

Le petit bateau arrive avec un conducteur qui a l’âge du vieux dans Fort Boyard. À noter que je connais très bien le nom de ce fameux personnage de la série Fort Boyard, mais à la suite de chroniques trop vulgaires dans le passé, SUMMUM ne veut plus que j’utilise le verbe « f **rrer* », et ce, peu importe sa conjugaiso­n.

Les deux Mexicains défoncés par l’alcool, un pauvre inconnu totalement sobre et moi-même embarquons donc à bord. Installés dans le bateau, les Mexicains me demandent : « Hey Roof! Tell us something in french, and we’re going to translate it in english! » Je ne sais pas si ce sont mes dizaines de litres d’alcool ou mon imbécilité naturelle, mais je me suis dit : « Pourquoi leur dire une phrase alors que je peux leur mimer quelque chose? »

C’est alors que je me suis levé debout et que j’ai baissé mes pantalons et mes boxers par terre. J’ai ensuite mis mes fesses à deux centimètre­s de la face du conducteur de bateau de 105 ans qui n’avait clairement pas envie de voir une paire de fesses d’homme aussi près de son visage à 3 h 30 du matin. Comme si ce n’était pas assez, j’ai pris le soin d’agripper une fesse dans chaque main pour écarter mon anus afin qu’il ait droit à une visite complète de mon musée intérieur.

Le temps s’est arrêté. Le conducteur a regardé mon anus. Les deux inconnus dans le bateau ont regardé mon anus. Pendant une seconde, je me suis dit : « Peut-être que je suis allé trop loin… » Les deux Mexicains ont éclaté de rire en me disant : « You want us to translate this in english?!? »

Ils se sont crissés à poil, ils ont mis leurs fesses dans la face du conducteur de bateau et ils ont écarté également leur anus. Le malaise s’est transformé en normalité. Nous étions trois anus contre deux personnes sobres. Les anus écartés n’étaient pas minoritair­es, ce qui faisait de nous des imbéciles, mais des imbéciles majoritair­es. Un peu comme le résultat des dernières élections avec Trump.

Je fais souvent des niaiseries quand je suis saoul. J’ai déjà pissé sur la tête de trois gars (anecdote disponible dans la chronique de l’édition du mois de mai 2018), j’ai déjà failli rester la graine prise dans ma nouvelle balayeuse, car je voulais prouver à mes amis dans un party qu’elle avalait tout, et j’ai même déjà rempli la corde à linge de mes parents de poupées gonflables dégonflées juste pour voir la réaction des voisins le lendemain matin : « Mais quel genre de soirée ont-ils bien pu passer pour avoir à laver 10 poupées gonflables? »

La morale de l’histoire… ben non, y’en n’a pas de morale! Pensais-tu vraiment qu’il y aurait une morale dans une chronique d’alex Roof? T’es naïf, man! Presque aussi naïf que le SUMMUM qui pense que j’écris cette chronique pour leur maigre salaire et que je ne profiterai pas de la visibilité du magazine pour ploguer le fait que vous pouvez venir me voir en spectacle en allant au www.alexroof.ca.

UNE BROSSE QUI COMBINE L’ALCOOL QUE TU BOIS À TA FÊTE, AU JOUR DE L’AN, À LA SAINT-JEAN, À TON ENTERREMEN­T DE VIE DE GARÇON, ET TOUT ÇA LE MÊME SOIR

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