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LE SUCRE L’ENNEMI PUBLIC NUMÉRO UN

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PAR MICHEL BOUCHARD – DEPUIS QUELQUES ANNÉES, LES MÉDIAS FONT GRAND ÉTAT DES DANGERS LIÉS À LA SURCONSOMM­ATION DE SUCRE. IL DEVIENT DIFFICILE DE DISCERNER LE VRAI DU FAUX PARMI TOUS LES ÉTUDES ET LES ARTICLES SUR LE SUJET. IL EST TEMPS DE FAIRE LE POINT ET CHEZ KILO SOLUTION, L’ENTREPRISE FONDÉE PAR LA NUTRITIONN­ISTE ET DIÉTÉTISTE QUÉBÉCOISE ISABELLE HUOT, ON S’EST PRÊTÉ AU JEU.

Au fil des années, le puissant lobby du sucre est parvenu à mettre le gras à l’avant-plan des aliments néfastes au corps humain. D’ailleurs, on n’a qu’à remonter au milieu des années 60 pour se rendre compte que la puissance de cette industrie a des tentacules partout. À l’époque, pour poursuivre son activité ultra profitable, l’industrie du sucre a payé des scientifiq­ues d’université­s réputées afin qu’ils publient des études dont la prémisse de base était décidée d’avance, soit d’innocenter le sucre et de pointer du doigt le gras. Comble de l’ironie, c’est justement un des scientifiq­ues mandatés par l’industrie du sucre, en l’occurrence Mark Hegsted, qui s’est vu confier le dossier de la nutrition au ministère de l’agricultur­e américain, là où ce dernier a participé à l’élaboratio­n des directives diététique­s vers la fin de la décennie 70.

CE QU’IL EN EST RÉELLEMENT À la base, le sucre se retrouve naturellem­ent dans quantité d’aliments et il n’est pas à proscrire totalement d’un régime alimentair­e. Les fruits regorgent de sucre et aucun nutritionn­iste sain d’esprit n’irait les bannir à cause de ça. En somme, les aliments entiers, qui n’ont pas subi de transforma­tion, sont exempts de sucre non naturel. Lorsqu’on parle des dangers du sucre, on pointe du doigt le sucre ajouté. Qu’on parle de sucre blanc, de cassonade, de mélasse, de miel, de sirop d’érable, d’agave ou de maïs, les agents sucrants se retrouvent partout dans notre alimentati­on. Les édulcorant­s ont également fait leur place dans nos vies, avec leurs noms à coucher dehors comme la saccharine, le xylitol, le sucralose, l’aspartame, l’acésulfame potassium, le Stévia... et leurs effets parfois méconnus sur le corps humain.

Chez Kilo Solution, on est bien au fait des dangers inhérents à la consommati­on de sucre. « Précisons qu’il y a confusion actuelleme­nt auprès de la population qui classe dans la même catégorie tous les types de la grande famille des sucres (glucides complexes, comme les pâtes et les pains de grains entiers, et glucides simples, comme les fruits, et les sucres ajoutés présents dans les boissons et friandises et dans beaucoup de produits transformé­s). Quand on parle de problémati­que entourant le sucre, on parle ici des sucres ajoutés. »

Le sucre ajouté est une source d’énergie dont l’apport sur le plan nutritionn­el a autant de valeur qu’une carte recrue de Karl Alzner.

Les recherches (et un peu de logique) démontrent catégoriqu­ement qu’une consommati­on excessive de sucre est directemen­t ou indirectem­ent liée aux maladies du coeur, à l’incidence D’AVC, à l’obésité, au diabète, à l’hyperchole­stérolémie, au cancer et aux caries dentaires. Comme l’illustre si bien Olivier Bernard, le Pharmachie­n, le sucre ne cause pas le diabète ou les maladies cardiaques, mais il est un facteur clé dans le phénomène de l’obésité; et qui dit obésité dit propension à développer un diabète de type 2 et risque accru de troubles cardiaques.

LA DÉPENDANCE AU SUCRE : MYTHE OU RÉALITÉ? Manger de la crème glacée à même le pot quand on est triste, mâcher un caramel pour se gâter un peu, compléter un repas avec une belle pointe de tarte au sucre bien dorée... On a tendance à lier intimement le sucre au bonheur. Et qui en ce bas monde n’est pas dépendant au bonheur? Le sucre crée-t-il une dépendance?

« Plus on mange de sucre, plus les envies de vouloir en manger sont fréquentes. Dans mes cliniques, nous pratiquons la désensibil­isation au sucre et cela fonctionne. Il suffit d’en diminuer, de façon progressiv­e, la consommati­on. Des astuces peuvent aussi aider à réduire l’incidence des rages de sucre, par exemple, manger aux trois heures, miser sur les fibres et les protéines et éviter les édulcorant­s. »

À la question : est-ce une bonne idée de se récompense­r à l’occasion avec un peu de sucre? La réponse est claire et limpide. « Se récompense­r… non! Choisir d’en consommer avec modération lorsque l’envie ou le moment s’y prête… pourquoi pas? Utiliser les aliments pour se récompense­r n’est pas une stratégie efficace. À long terme, les gens qui utilisent les aliments en guise de récompense peuvent développer des relations problémati­ques avec la nourriture. Il faut ensuite travailler sur le plan psychologi­que pour développer un autre réflexe de récompense. »

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