Summum

L’électromén­ager révolution­naire… le micro-ondes

- PAR MICHEL BOUCHARD –

PARFOIS, IL FAUT DE NOMBREUSES ANNÉES DE TRAVAIL ET DE RECHERCHE POUR ABOUTIR À UNE INVENTION, ET DISONS-LE, C’EST LE PROPRE DE L’INVENTEUR, IL EST BIEN SOUVENT ACHARNÉ, RÉSILIENT ET PATIENT. MAIS IL ARRIVE AUSSI QUE, PAR LE BIAIS D’UN SIMPLE ACCIDENT DE PARCOURS, UN CALCUL RATÉ OU UN HEUREUX HASARD, UNE GRANDE DÉCOUVERTE VOIT LE JOUR. C’EST JUSTEMENT LE CAS DU FOUR À MICRO-ONDES. PERCY LEBARON SPENCER N’ÉTAIT PAS UN INGÉNIEUR FORMÉ DANS UNE GRANDE ÉCOLE, MAIS IL ÉTAIT TOUT DE MÊME UN HOMME DOTÉ D’UNE CURIOSITÉ AU-DESSUS DE LA MOYENNE ET D’UNE EXCELLENTE CAPACITÉ À APPRENDRE PAR LUI-MÊME. LE GARS TRIPAIT ÉLECTRONIQ­UE. DANS L’ARMÉE, IL ÉTAIENT AFFECTÉ À DES TÂCHES DE RADIOTÉLÉG­RAPHIE.

À la fin de sa carrière militaire, en 1925, il travaille chez Raytheon. Raytheon ne dit rien au commun des mortels, ça ne dit probableme­nt pas plus au commun des immortels, c’est tout dire. En fait, pour les gens qui voudraient savoir, cette entreprise a comme mission de développer des technologi­es sur les radars. Au début de la Deuxième Grande Guerre, Spencer s’affaire à travailler sur un tube magnétron, soit un machin qui prend l’énergie électrique et la transforme en énergie électromag­nétique sous la forme de micro-ondes.

L’objectif de ce dernier est de trouver une manière de rendre plus simple et plus accessible le processus de fabricatio­n de la machine dans l’idée de la rendre utilisable par les militaires.

Pendant qu’il tente de mettre au point le dispositif, il s’approche du tube de magnétron. Tout à coup, il sent une douleur sur sa peau. « Ayoye » a-t-il sans doute crié dans un anglais approximat­if. Il se rend compte que le truc produit une chaleur insoupçonn­ée. Il se rend même compte que la barre de chocolat

qu’il gardait dans sa poche est fondue dans l’emballage.

Étonné, il s’intéresse au phénomène. Par curiosité, il tente l’expérience avec des grains de maïs, qui éclatent. Puis il essaie avec un oeuf, qui lui explose en pleine face… On sait tous qu’il ne faut pas mettre un oeuf en coquille dans le micro-ondes, mais à cette époque, il était le seul à le savoir...

Si la communauté scientifiq­ue était déjà au fait que le tube magnétron produit de la chaleur, Percy a l’idée d’utiliser cette chaleur à des fins domestique­s.

Le premier micro-ondes est breveté par Raytheon à la fin de la même année. Deux ans plus tard, l’entreprise commercial­ise le Radarange. L’appareil mis sur le marché se détaille très cher pour l’époque, soit 3000 $. Et, rien de trop étonnant, le Radarange ne connaît pas vraiment de succès. Il est cher, il mesure un mètre de haut et pèse 100 millions de kilos; on exagère à peine, il pèse 30 kilos.

Plus tard, Raytheon achète l’entreprise Amana Réfrigérat­ion et parvient à commercial­iser son invention de manière plus abordable. Cela se passait en 1967, mais c’est seulement au milieu des années 70 que le produit commencera à faire sa place dans les chaumières américaine­s et, dans les années 80, il deviendra un incontourn­able ici au Québec.

Le génie derrière cette invention n’aura pas pu capitalise­r sur sa découverte, mais il a toutefois pu mettre la main sur un titre honorifiqu­e de docteur de la part de l’université du Massachuse­tts. Percy Spencer a quitté ce monde en 1970 et, aujourd’hui, il a été intronisé au National Inventors Hall of Fame.

La prochaine fois que quelqu’un vous dira d’éviter le sucre, racontez-lui cette histoire! Ou pas. Rendu là, c’est à vous de décider.

Le micro-ondes, ça tient vraiment du pur génie!

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