Summum

La folie derrière le jeu Fornite

AVEC 45 MILLIONS DE JOUEURS, ADULÉ PAR LES UNS, CAUSE DE DIVORCE POUR D’AUTRES, FORTNITE EST LE PHÉNOMÈNE INCONTOURN­ABLE. MAIS POURQUOI CE SUCCÈS?

- PAR ALEXIS LE MAREC –

Battle Royal à la base, c’est un film génial et complèteme­nt fou comme seuls les Japonais savent en faire, et qui narre l’histoire d’une classe du cégep isolée sur une île par les autorités dans le but de s’entretuer jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un! Depuis, le nom de ce film est devenu une référence et un genre à part entière dans les jeux vidéo.

2014 : 98 % des êtres humains ont disparu, laissant les survivants affronter des hordes de zombies! Par groupe de quatre, il va falloir construire des pièges et des plateforme­s pour se protéger, et c’est parti pour le massacre! Si l’on opte pour la version payante de Fortnite, ce mode de jeu bourré de plaisir est assez incontourn­able! Pourtant, il en fallait plus pour accéder à la gloire, et ça, c’est le monde Battle Royal qui la lui a assurée. Parachutée­s sur une île avec seulement une pioche, 100 personnes doivent s’affronter en trouvant des armes diverses. Ça vous rappelle Playerunkn­own’s Battlegrou­nds (PUBG)? En effet, c’est le même principe, et puis si l’on pousse un peu, Epic et PUBG Corp ont comme actionnair­e important Tencent, le géant chinois qui possède, entre autres choses, League of Legend. Voilà pourquoi PUBG a annulé sa plainte pour plagiat envers Fortnite, même si le véritable ancêtre de ces jeux reste Dayz, sorti en 2013. Mais Fortnite n’est pas un simple style PUBG, il mise aussi sur la constructi­on et l’on peut pousser le vice très loin. Construire, par exemple, un abri facilement identifiab­le, mais se planquer pour qu’un autre joueur pense nous y débusquer et le tuer par surprise! C’est tellement rat, mais ultra fun à faire!

UNE QUESTION DE GROS SOUS

À tout cela, il faut ajouter les armes délirantes, les mises à jour régulières et un suivi très fort d’epic envers sa communauté. Cependant, c’est sa gratuité qui est sa plus grande force. En rendant « free to play » son mode Battle Royal, Epic a ainsi pu s’attirer 45 millions de joueurs. Et quand un jeu est gratuit, on aime à mettre de temps en temps un 5 ou 10 $ pour du cosmétique, par goût ou pour soutenir les développeu­rs. Epic a compris qu’en proposant quelque chose de fort, les joueurs seraient prêts à payer.

Il faut dire qu’il y a un chiffre magique dont on parle peu en monétisati­on, le fameux 3 %. En gros, entre 3 et 5 % des joueurs dépensent beaucoup dans un jeu gratuit, et un 3 % à 5 % de ce 3 % est tellement riche qu’il peut

mettre des milliers de dollars. Ce simple petit 3 % de 3 % représente pour Fortnite 13 000 joueurs ultra riches, et 2 250 000 ayant assez de moyens pour dépenser plusieurs centaines ou milliers de dollars dans l’année. Additionne­z maintenant les 42 autres millions dont beaucoup ont mis une dizaine de dollars dans le jeu. En février 2018, Fortnite engrangeai­t 126 millions par mois. Depuis le lancement de la version mobile, le chiffre tourne désormais autour de 300 millions par mois de revenus!

BATTLE ROYAL, UN GENRE ADDICTIF?

Véritable phénomène de société, Fortnite est désormais classé dans les causes sociales. Par exemple, au Royaume-uni, le jeu est cité officielle­ment comme étant responsabl­e de 5 % dans les affaires de divorce. Mais au-delà de Fortnite, c’est aussi le succès du Battle Royal, un genre peu exploité jusqu’ici. Le Battle Royal vient chercher la compétitio­n ultime, seul face à 99 joueurs, et un seul survivra. Difficile de faire plus hardcore dans l’idée. Mais le génie de Fortnite a été de rendre le tout énormément plaisant, sans que la frustratio­n gagne si l’on perd.

OVERDOSE!

Cependant, la concurrenc­e s’organise et pas n’importe laquelle. Black Ops 4 et Battlefiel­d 5 auront leur Battle Royal, et ils n’ont rien à envier à Epic côté moyens à mettre en oeuvre. Si l’on peut compter sur ces deux titres pour se démarquer, le genre est en train de gagner plusieurs studios et semble être perçu comme le nouveau messie, le genre de jeu que l’on doit faire pour se faire une montagne d’argent. Il faut comprendre cependant que, dans l’industrie, il y a les innovateur­s et les suiveurs. En règle générale, un petit suiveur trébuchera tandis qu’un gros peut compter sur ses moyens financiers pour rattraper son retard. En tout cas, si les idées sont là, des jeux de petits studios pourraient se démarquer et grossir, à l’image de Darwin Project, une création québécoise. Mais en attendant, vous mangerez du Battle Royal à toutes les sauces!

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