Summum

Alex Roof au tribunal

- PAR ALEX ROOF PHOTOGRAPH­E : FRANCA PERROTTO - WWW.FRANCAPERR­OTTO.COM

J’AVAIS L’ÂGE DU MATCH TINDER RÊVÉ POUR JEANFRANÇO­IS HARRISSON

Dans ma vie, j’en ai fait des niaiseries. Pis je ne parle même pas du fait d’avoir déjà voté conservate­ur. Et je ne parle pas non plus de mon mauvais gag politique digne d’un humoriste des années 90 que je viens tout juste de faire en deuxième phrase de ma chronique.

Je voulais commencer ma chronique avec un très mauvais gag pour voir si le magazine SUMMUM va s’en rendre compte et me demander de changer mon gag du Parti conservate­ur. Si vous venez de le lire cihaut, je vous confirme : le SUMMUM publie mes chroniques sans les lire. Le titre de ma prochaine chronique sera alors : devrait-on abolir le b.s. puisqu’il n’a rien apporté de bon depuis la télésérie Les Bougon?

Je fais constammen­t des mauvais coups. J’aime appeler à une pizzeria pour une livraison, et lorsqu’on me demande l’adresse de livraison, je donne l’adresse de la pizzeria. Souvent, je tombe sur une nouvelle employée qui ne connaît pas l’adresse où elle travaille. J’aime savoir qu’un livreur est en train de livrer une pizza à sa propre pizzeria.

J’aime aller à Nicolet près de l’école de police et passer sur des lumières rouges en voiture devant des policiers qui sont en formation. Ils ne peuvent pas me donner de ticket!

Sérieuseme­nt, j’en ai fait des niaiseries dans ma jeunesse. J’ai déjà fait une alerte à la bombe à neuf ans avec la dactylo de mes parents. J’ai prétendu qu’il y avait une bombe dans un tuyau d’égout à une intersecti­on près de chez moi, et j’ai mis le papier dans la boîte aux lettres une heure avant que le facteur passe. Ça n’a pas pris beaucoup de temps avant que huit voitures de police et deux camions de pompiers arrivent sur les lieux.

Je me suis déjà fait arrêter un 23 décembre à l’âge de 17 ans, car j’avais lancé quatre douzaines d’oeufs… sur la même maison. Ce qui n’a pas aidé à mon arrestatio­n, c’est qu’au lieu de me sauver, je suis resté devant la maison avec mon ami à regarder la réaction des gens. Je l’avoue, c’est assez nono de ne pas avoir pris la fuite. Mais le plus épais dans cette histoire, c’est le commis de dépanneur qui a vendu quatre douzaines d’oeufs à deux ados sans poser de question. Je vous confirme qu’on n’avait pas l’air de deux gentils garçons qui s’en allaient aider nos parents à faire des gâteaux pour Noël.

Le point en commun qu’ont les arrestatio­ns ci-dessus, c’est que j’étais mineur. Et je n’étais pas mineur dans le sens que je travaillai­s à Thetford Mines. Ce que je veux dire, c’est que j’avais l’âge du match Tinder rêvé pour Jean-françois Harrisson.

Et une chance que je l’étais! Pas pour avoir des chances avec Jeff Harrisson, mais parce que pour les mineurs, les conséquenc­es judiciaire­s sont très faibles. Lorsque je me faisais prendre, la conséquenc­e était souvent un appel à mes parents de la part des policiers qui leur demandaien­t de venir me chercher au poste de police, sans plus. Par la suite, la sanction pénale était entre les mains de mes parents. Puisque j’étais « enfant unique bébé gâté pourri », mes sanctions étaient souvent de recevoir moins de cadeaux à Noël. L’année où je me suis fait prendre à lancer des oeufs sur une maison, j’avais demandé une Nintendo 64 avec 20 jeux. Pour me punir, mes parents m’ont acheté une Nintendo 64 avec seulement 19 jeux. J’avais des sentences bonbon! Dans le fond, mes parents étaient aussi sévères que le vrai système de justice qu’on a au Canada. Le fait d’avoir des conséquenc­es si faibles a sûrement fait la personne que je suis aujourd’hui. Une chance que je suis humoriste, parce que personne ne veut que son médecin ait déjà fait une alerte à la bombe à neuf ans.

Le 18 octobre 2016, je suis allé voir le groupe Sum41 au Métropolis de Montréal. Après le spectacle, je vous dirais que j’avais bu une dizaine de verres. De trop. Et moi, quand j’ai envie d’uriner, que ce soit à jeun ou en état d’ébriété, je dois évacuer mon urine rapidement. Je ne peux pas me retenir longtemps. J’imagine que j’ai une petite vessie. Comme dit le dicton : « Petite vessie, CRISSE DE GROS BAT! »

Encore une fois, je teste les limites du SUMMUM. Mes excuses à vous chers lecteurs.

J’ai donc uriné sur la voie publique en pleine rue Sainte-catherine. Deux policiers m’ont intercepté et m’ont donné un constat d’infraction d’approximat­ivement 150 $ pour avoir uriné sur la voie publique. Mon arrogance naturelle et le fait que j’avais plus d’alcool que de sang dans mes veines m’ont fait dire au policier, lorsqu’il m’a donné le constat d’infraction : « Juste 150 $? À c’te prix-là, j’peux-tu t’pisser dans face? » Et j’ai re-pissé à terre devant le policier.

La deuxième infraction qui a suivi a été de 690 $. Je vous jure, je suis le seul à qui ça coûte 1000 $ aller voir un show de Sum41. À c’te prix-là, j’aurais pu voir un show des Rolling Stones ou 42 shows de Sir Pathétik! Lorsque je suis arrivé chez moi, j’ai lu le constat d’infraction et j’ai été troublé par les détails qui ont été mentionnés. Le policier a écrit [constat d’infraction disponible sur le site web de SUMMUM] : « Il s’écarte et crie à nouveau : ‘’Checkez, je montre ma graine pis en plus c’est gratisse!’’ Je vois du liquide tomber au sol. En avançant, je vais à sa gauche et je peux voir son pénis non circoncis duquel l’urine s’écoule. »

Mais pourquoi préciser dans le constat d’infraction que mon pénis est non circoncis? Moi, quand je raconte l’anecdote, jamais je précise que le policier avait une face de cul.

Était-ce au cas où ils emmèneraie­nt des témoins au poste de police devant une vitrine avec plein de pénis, et que les témoins devraient identifier le bon pénis?

Je passe en cour dans neuf mois et mon plan est très clair. D’ici là, je vais aller me faire circoncire. Puis, je vais contester mon amende et, lorsqu’ils vont me demander ma preuve au tribunal, je vais sortir ma graine et simplement dire : « Votre honneur, je plaide non coupable. »

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