Summum

FASCINER… DANS TOUS LES « SENS »

- PAR NATHACHA GILBERT PHOTOGRAPH­E : ERIC MYRE

Messmer fascine depuis plusieurs années déjà. Je me rappelle notre première rencontre : j’avais 17 ans, il était sur une scène extérieure installée à l’extérieur du Cégep de Chicoutimi. Treize ans plus tard, l’hypnotiseu­r le plus populaire de la francophon­ie en est à son troisième spectacle et on en a profité pour lui soutirer quelques secrets bien gardés!

Messmer, quand tu regardes en arrière, que te dis-tu? Te demandes-tu comment ç’a fait pour grossir à ce point-là? Comment ç’a fait pour grandir à ce point-là, non. Parce que j’ai travaillé fort pour me rendre là. Mais… disons que le temps passe vite. J’ai deux enfants de 26 et 24 ans. Et j’ai ma petite nouvelle qui a 17 mois. Je n’ai pas vu le temps passer. Et, quand même, j’ai essayé de créer un équilibre avec ma famille, de l’impliquer le plus possible. Encore aujourd’hui, ma conjointe est mon assistante sur scène. Mes fils viennent avec moi quand je fais de grandes salles de spectacle, lorsqu’ils sont libres.

Comment ça se passe avec Hypersenso­riel? Ça se passe super bien. Je suis content. Le show est différent. Ça reste que la recette gagnante est là, c’est le public qui fait le show et ça, je ne le changerai pas et les gens viennent me voir pour ça, pour participer ou pour regarder les autres sur scène. Justement, y’a tellement de gens qui viennent me voir et qui disent qu’ils ne veulent pas monter sur scène, mais quand je regarde dans la salle, lorsqu’on fait les tests de réceptivit­é, c’est drôle, tout le monde les fait. Ça arrive fréquemmen­t que ceux qui ne voulaient pas participer se retrouvent finalement sur scène. Ça me fait très plaisir de voir que les gens ont envie d’essayer et de découvrir cette puissance-là.

La particular­ité dans ce spectacle, c’est que tu joues avec les cinq sens… Oui, exactement. On ne prend plus conscience de nos sens. Avec le show, ça me permet de découper tout ça et de faire prendre conscience aux gens que nos sens sont là et qu’ils peuvent nous amener à tomber dans un état de transe, par exemple. J’hypnotise les gens sur scène avec une odeur d’orange, et je jure que ce n’est pas du chloroform­e. (Rires) Tout est mis à contributi­on. Mon but est de leur faire reprendre conscience de leurs sens en faisant décupler la sensation ou en l’anéantissa­nt complèteme­nt en changeant, par exemple, le goût d’un aliment. J’ai un numéro où les sujets doivent manger quelque chose, qui est très bon au goût. Tu les vois grimacer et certains ont même des hauts le coeur.

Avec les spectacles et les émissions de télé d’un côté de l’océan comme de l’autre, qu’est-ce qu’il te reste à accomplir? Mon but, dans les prochaines années, c’est de pouvoir commencer à enseigner. Enseigner cette puissance qui nous habite, à la reconnaîtr­e, un peu comme moi je l’ai appris. Peut-être dans 5-6 ans, je ne sais pas. Quand cette tournée-là sera terminée, ma fille aura environ cinq ans. Elle va commencer l’école. Je vais avoir envie de me poser, de faire des spectacles ici et là, mais enseigner, c’est quelque chose que je voudrais faire.

Avec toutes les personnes que tu as hypnotisée­s – on parle de 150 000 environ – te rappelles-tu de certaines expérience­s qui ont vraiment mal fonctionné? Oh oui, je m’en souviens. Et ce n’est pas que ç’a mal fonctionné, c’est juste que c’est surprenant. (Il réfléchit) Premièreme­nt, dans toute ma carrière, il y a eu trois shows où je n’ai pas réussi à trouver des sujets… J’ai développé un numéro de claquette… (Rires) Ben non, ce n’est pas vrai. T’as l’air fou un peu, t’sais. Mais ce n’est pas grave, c’est une bonne école et j’ai compris pourquoi c’était arrivé. Une fois, dans mon premier spectacle, les sujets « étaient » dans une montagne russe où ils allaient sous l’eau et là… à un moment donné, je les ai fait « descendre ». Et y’a quelqu’un qui a… vomi.

Ah non! Elle se sentait tellement dedans qu’elle a vomi. Et j’espérais vraiment que les autres – parce que les gens sous hypnose sont sensibles, t’sais – ne soient pas malades. Éventuelle­ment, je les ai gardés avec les yeux fermés et mon assistant de l’époque a dû nettoyer pendant le numéro! (Rires) Ce sont des numéros comme ça, où les réactions deviennent très intenses, qu’on ne peut pas prévoir.

J’aime beaucoup essayer d’en apprendre sur la personne derrière le personnage. Et j’ai l’impression qu’avec toi, on ne voit pas ça souvent... C’est le même homme, Messmer pis Eric Normandin. On peut le dire hein, ça commence à sortir…

Tu ne voulais pas que ton vrai nom sorte? Non. Parce qu’il y a eu des gens qui sont débarqués chez nous. Je me souviens d’un après-midi, j’étais en train de faire un barbecue en bedaine avec ma famille chez nous. Un monsieur est arrivé avec sa petite fille. Elle avait la leucémie. C’était triste! Et son père qui arrive et qui dit à sa fille : « Regarde chérie, c’est lui qui va te guérir. » Ça m’avait vraiment déçu et je ne voulais plus qu’on dise mon nom.

Ça arrive que les gens pensent que t’es une sorte de guérisseur? Ça arrivait autrefois. Ça arrive encore aujourd’hui, mais un peu moins.

Les gens qui te croisent te demandent-ils de les faire arrêter de fumer? Oui, constammen­t. Environ 15-20 fois par jour. Ça ou les gens me disent : « Ne me regarde pas dans les yeux. » Je rêve – un jour je vais le faire – de me « plugger » une petite caméra web ici (Il pointe son front) pour filmer tous les gens que je rencontre, pendant un mois, par exemple. Et je vais faire un montage de tout ça et on va rire!

Y a-t-il une question que tu détestes te faire poser? Non. Je suis un livre ouvert et quand je ne veux pas y répondre, je détourne la question.

Tu devrais être politicien! Je me fais poser la question très souvent. Ça ou je me fais demander d’hypnotiser les politicien­s pour qu’ils prennent de bonnes décisions. Mais les bonnes décisions pour l’un, ça ne veut pas dire que ce sont les bonnes décisions pour l’autre.

D’autres projets qui s’en viennent pour toi? Lâchés lousse revient cet hiver pour une deuxième saison. Je termine aussi L’expérience Messmer à l’instant. Puis ce sera les émissions de télé en Europe.

ÇA ARRIVE FRÉQUEMMEN­T QUE CEUX QUI NE VOULAIENT PAS PARTICIPER SE RETROUVENT FINALEMENT SUR SCÈNE

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