Alex Roof a mal au derrière

POUR ELLE, J’ÉTAIS UN P’TIT LUNDI SOIR

Qui n’a jamais perdu son emploi? Plusieurs éléments peuvent mener à la perte d’un emploi : coupes budgétaires, faillite de compagnie, coucher avec la femme du boss (cette anecdote sera pour une future chronique). On peut également perdre son job en ayant des comportements inadéquats (on salue Éric Salvail), ou bien en se rentrant un hamburger dans le cul. Moi, c’est le hamburger dans le cul.

Certains diront que ça peut être catégorisé comme un comportement déplacé, mais je vous confirme que c’était tout à fait légitime dans le poste que j’occupais. Je me suis fait renvoyer d’une chaîne de télévision que je ne nommerai pas, mais disons que si Youtube n’existait pas, on aurait encore de l’intérêt à y regarder des vidéoclips et ils ne seraient pas obligés de diffuser de mauvaises téléréalités américaines mal traduites.

Cela remonte à 2011 alors que je faisais pour la première fois des « pranks » filmés avec des caméras cachées qui étaient diffusés à la télé. Cela remonte à 2011 alors que je faisais pour la première fois des « pranks » filmés avec des caméras cachées qui étaient diffusés à la télé. Oui, je viens d’écrire deux fois la même phrase. Je suis payé au nombre de mots et j’ai toujours été un peu rebelle envers l’autorité.

Je me demande justement qu’est-ce que vous faites à lire le SUMMUM alors qu’il y a beaucoup d’autres magazines plus intéressants. Je ne devrais peut-être pas écrire ça, mais faut croire que, finalement, j’aime peut-être ça perdre mes jobs!

Revenons à nos moutons, ou plutôt, revenons à nos hamburgers. Vous vous dites sûrement : « C’est malade être payé à filmer des niaiseries! » Oui, c’était cool! Mais c’était un travail tellement plaisant qu’à un certain moment, j’ai dépassé les bornes. J’ai franchi la limite. J’ai fait un Bill Cosby. En fait, j’ai filmé un gag qui n’est pas passé au conseil. À vrai dire, il ne s’est même pas rendu au conseil. Il s’est pointé le nez à la porte du meeting, et on lui a signalé que ce n’était pas la peine d’entrer et de ne plus jamais y remettre les pieds.

Le gag est le suivant : je suis entré dans un restaurant de fast-food que je ne nommerai pas, et j’ai commandé un Grand-papa Burger. Lorsqu’ils m’ont servi mon hamburger, j’ai baissé mes pantalons, et j’ai sauté sur le comptoir en essayant de me rentrer le Grand-papa dans les fesses. Pour ceux et celles qui en doutaient encore après ma septième chronique dans le SUMMUM, je ne fais pas de l’humour politique comme Guy Nantel. Certains humoristes se font parfois voler des gags : moi, je n’ai jamais eu cette crainte. Je sais que je ne verrai jamais un humoriste français se rentrer un hamburger dans l’cul.

Le bémol avec mon gag digne de Jackass sur l’acide, c’est qu’un Grandpapa Burger contient de la moutarde. Et si cet élément est assez acide pour vous brûler un peu lorsqu’il est dans votre bouche, imaginez sur les parois de mon anus. Lorsque je suis arrivé chez moi, j’avais l’impression que j’avais des ailes de poulet 911 dans l’cul. Et pas une soirée d’ailes piquantes relaxe : une soirée d’ailes piquantes lors d’une « game » des séries Canadiens/boston en finale au Centre Bell. Malheureusement pour moi, je sentais que les visiteurs allaient l’emporter. La suite du problème était d’aller consulter. Je ne suis pas de nature timide, mais j’avais un blocage à l’idée d’aller voir mon docteur de famille et de lui dire : « Bonjour Dr Poitras, comment je vous dirais bien ça… dans le cadre de mon travail, j’me suis rentré un hamburger dans l’cul et, maintenant, ça chauffe. Et non, ce n’est pas couvert pas la CNESST. » Impossible. Déjà que ça n’aurait pas été la première fois que je le consulte pour un problème de… anyway. Je suis donc allé à l’urgence. Après quatre semaines d’attente, on m’appelle au triage, le fameux endroit où je dois expliquer mon problème pour que l’infirmière me donne une cote de priorité de 1 à 5.

« Niveau 1 », c’est si t’es un grand brûlé et que tes jambes sont accrochées après ta civière dans un sac. « Niveau 5 », c’est une petite toux sèche ou bien un « freak » qui a trop regardé de documentaires et qui pense qu’il est soudainement allergique au gluten. Où se situait mon problème de moutarde? Je l’ignorais. Après lui avoir expliqué mon histoire alors qu’elle prenait des notes comme si tout était normal, elle a levé la tête et elle m’a demandé d’un ton sérieux et professionnel : « Quel type de hamburger vous êtes-vous inséré dans l’anus? »

Ça y’est. Je me suis tout de suite dit : « Elle en a vu d’autres! » Pour elle, j’étais un « p’tit lundi soir ». Rien à voir avec les gros weekends de hamsters dans l’cul ou de feux d’artifice pris dans l’vagin. On me traitait comme si j’étais un cas normal, au même niveau que le gars avec la toux sèche. Je suis reparti avec une petite crème qui a calmé ma douleur, et je n’ai pas eu besoin de papier du médecin pour un congé de job… car j’en n’avais plus.

Je débutais à l’époque en humour et je venais de perdre mon revenu principal. J’ai par la suite songé à me chercher un emploi à temps partiel pour arriver à payer mon loyer. Mais qui m’aurait engagé? Je ne pouvais pas mettre cette référence, j’aurais été barré de tous les fast-foods. Même dans un casse-croûte de région Hot-dogs chez Ginette, on n’aurait pas voulu de moi. Ils auraient été sur le qui-vive par crainte que je me sauve aux toilettes avec une douzaine de saucisses.

J’ai appris de cette erreur et ils avaient raison de me congédier. Malgré tous les avantages que cela peut nous apporter, en tant qu’humoristes, nous avons une certaine responsabilité. Si je fais un faux pas, vous êtes des centaines de milliers de personnes à voir que mon gag est allé trop loin. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’aime écrire pour le SUMMUM : si je me plante, vous êtes au maximum 10 à le savoir. Ce qui inclut le gars qui corrige les fautes de ma chronique, le gars qui l’imprime et moi qui l’écris présentement.

Je terminerais en disant que la chaîne de télé qui m’a mis à la porte est en déclin présentement… donc SUMMUM, je vous ai insulté dans chacune de mes chroniques jusqu’à maintenant, à vous de décider si vous me gardez ou non!

[N.D.L.R.] Et si on laissait les lecteurs décider? Rendez-vous sur notre page Facebook et répondez au sondage « Ketchup ou moutarde? ». Et Alex, comme on dit : « Prends pas de chance et mets donc ton C.V. à jour! »