Summum

Les débuts des réseaux sociaux

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PAR MAXIME JOHNSON – FACEBOOK CÉLÈBRE CE MOIS-CI SES 15 ANS. SUMMUM EN PROFITE POUR FAIRE UN RETOUR EN ARRIÈRE SUR L’ÉVOLUTION DES RÉSEAUX SOCIAUX, QUI SONT PASSÉS EN QUELQUES ANNÉES SEULEMENT DE REPAIRE POUR TECHNOPHIL­ES À UN OUTIL DE PROPAGANDE DE MASSE CAPABLE D’INFLUENCER DES ÉLECTIONS À L’ÉCHELLE PLANÉTAIRE. DÉBUTS NICHÉS

Comme bien d’autres phénomènes internet, les débuts des réseaux sociaux sont plutôt flous. Certains estiment que les babillards électroniq­ues des années 80 représente­nt les premiers services du genre, alors que d’autres croient plutôt qu’ils émanent des sites de clavardage des années 90 (The Palace, par exemple). Le site Six Degrees, qui permettait dès 1997 de se créer un profil, de téléverser des photos et d’ajouter des contacts, représente aussi à bien des égards un réseau social.

L’explosion du phénomène tel qu’on le conçoit aujourd’hui remonte toutefois plutôt à 2003, avec l’arrivée de Myspace, un réseau social où la musique occupait une place prépondéra­nte. Le site web cofondé par Tom Anderson (qui était l’ami virtuel de tous les utilisateu­rs) était surtout un repaire pour jeunes, qui n’intéressai­t pas vraiment monsieur et madame Tout-le-monde.

Le premier article plus long publié à propos de Myspace au Québec date d’ailleurs de 2006 seulement. Dans La Presse, on parle alors d’un site de « web networking ». À cette époque, Myspace est déjà le réseau social le plus populaire sur la planète, avec 56 millions d’abonnés, un titre qu’il conservera jusqu’en 2009, avant de le perdre aux mains d’un autre réseau social américain : Facebook.

LA MONTÉE DE FACEBOOK

Facebook – où The Facebook comme le site était connu à l’époque – est né le 4 février 2004, comme un réseau social offert uniquement aux étudiants de certains collèges américains. Deux ans plus tard, en septembre 2006, il ouvrait ses portes virtuelles à tout le monde. Le succès a été immédiat.

Plusieurs facteurs expliquent la montée rapide de Facebook. Le site était tout d’abord meilleur que Myspace. Son interface était plus élégante et il offrait plus de fonctionna­lités sociales. Autre différence importante, alors que Myspace voulait créer des communauté­s virtuelles et que le site permettait aux utilisateu­rs de se cacher sous un pseudonyme, Facebook souhaitait plutôt reproduire nos réseaux existants dans la vraie vie.

On s’inscrivait avec notre vrai nom, et on ajoutait, en théorie, nos vrais amis. La différence peut sembler subtile, mais elle est énorme. En s’inscrivant à Facebook, on pouvait retrouver des amis d’enfance, des partenaire­s de voyages et des membres de sa famille éloignée. À la différence des autres réseaux sociaux avant lui, Facebook a ainsi été capable de séduire un public plus large que les jeunes amateurs de technologi­es. Facebook a commencé comme tous les autres par attirer les jeunes branchés, mais il s’est ensuite propagé à leurs amis moins technophil­es, à leurs parents et leurs grands-parents.

Le site fondé par Mark Zuckerberg compte aujourd’hui plus de 2,27 milliards d’utilisateu­rs réguliers. À l’exception peut-être de Google, aucun autre produit dans l’histoire de l’humanité n’a été capable de rejoindre un public aussi grand en aussi peu de temps.

LA GRANDE DÉSILLUSIO­N

La croissance à tout prix de Facebook – mais aussi des autres réseaux sociaux, comme Twitter – ne s’est pas faite sans heurts. En remplaçant rapidement les médias, en permettant à tout un chacun d’écrire n’importe quoi et en ne prenant pas au sérieux dès le début la vie privée de ses utilisateu­rs, Facebook a permis l’abus de son système.

Ces abus ont permis à des groupes d’intérêts de contourner les lois électorale­s pour arriver à leurs fins (notamment dans l’élection de Donald Trump à la présidence des Étatsunis et lors du référendum pour le retrait du Royaume-uni de l’union européenne en 2016). En Birmanie, la propagatio­n de propos haineux et de fausses nouvelles sur Facebook par l’armée aurait servi à rallier la population au génocide de milliers de musulmans. Un représenta­nt de l’entreprise a affirmé sur le sujet que le réseau « pourrait et devrait en faire plus » pour prévenir la violence.

Et ce n’est là qu’une petite partie des problèmes causés par l’entreprise. Alors que Facebook voulait être une force positive dans le monde, il semble de plus en plus évident que ce n’est pas le cas. Il nous aura fallu 15 ans pour nous en rendre compte. Espérons maintenant qu’il sera possible de réparer les pots cassés.

À CETTE ÉPOQUE, MYSPACE EST DÉJÀ LE RÉSEAU SOCIAL LE PLUS POPULAIRE SUR LA PLANÈTE, AVEC 56 MILLIONS D’ABONNÉS

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