L’arrivée des effets spéciaux
PAR JEAN-CHRISTOPHE NOËL – AHHH… LES EFFETS SPÉCIAUX AU CINÉMA. CONTRAIREMENT À LA CROYANCE POPULAIRE, CEUX-CI N’ONT PAS ÉTÉ CRÉÉS DANS LE BUT D’AMÉLIORER LA FACE À MR. BEAN AFIN DE RÉDUIRE LA NAUSÉE QUAND IL APPARAÎT À L’ÉCRAN. ILS N’ONT PAS ÉTÉ MIS DE L’AVANT POUR RENDRE LE FILM TITANIC AGRÉABLE; LA PREUVE, POUR CE FAIRE, ILS ONT EU RECOURS À NOTRE CÉLINE NATIONALE. ILS N’ONT PAS NON PLUS ÉTÉ INVENTÉS DANS L’OPTIQUE DE PEAUFINER LA QUALITÉ DE JEU DE LA DISTRIBUTION DE WATATATOW. IL EN AURAIT COÛTÉ BEAUCOUP TROP CHER DE POSTPRODUCTION ET, COMME NOUS LE SAVONS, LA PRODUCTION AVAIT DÉJÀ MIS TOUT SON BUDGET DANS LE GÉNÉRIQUE D’INTRODUCTION.
Le premier effet spécial, ou illusion visuelle pour la nommer ainsi, attribuable au 7e art aurait été observée en 1895 dans le film The Execution of Mary, Queen of Scots (à ne pas confondre avec The Excremention of Mary, Queen of Scats). William Heise et Alfred Clark, coréalisateurs, arrêtent alors la caméra et remplacent une actrice par un mannequin. Le subterfuge est si grand que les deux réalisateurs seront brûlés vifs au bûcher par l’état, accusés de sorcellerie et de magie noire.*
*Cette dernière phrase n’est qu’une élucubration de l’auteur de ce texte et n’est en aucun cas vraie.
Louis Lumière, ne voulant pas demeurer sur les lignes de côtés, a à son tour révolutionné le monde des effets spéciaux en 96 – 1896 si t’as de la misère à suivre – dans le film Demolition of a Wall. Louis, le plus ingénieux des deux frères et réalisateur du film, rembobine le film sans éteindre la lanterne. Le mur détruit se redresse sous les yeux de l’auditoire stupéfait, et la marche arrière voit le jour. La légende raconte que Donald Trump devient inévitablement fou de rage lorsqu’il visionne la scène dudit mur qui s’effondre puis, il offrirait un vibrant « standing ovation » lorsque celui-ci se reconstruit comme par magie…
Mais attention, qui dit « effets spéciaux » ne dit pas nécessairement « bon film ». Les FX ne sont en rien garants du succès d’un film et il faut savoir doser. « Un mauvais film ne
se fera jamais sauver par de bons effets spéciaux, mais un bon film avec des effets spéciaux médiocres peut par contre facilement faire décrocher le spectateur. Quand on s’aperçoit de la supercherie, on arrête d’y croire et l’oeil s’attarde aux problèmes techniques », de nous dire Pierre-luc Gosselin, membre de l’ingénieux duo d’humour audiovisuel Les Satiriques et sommité de chez nous dans la réalisation de FX. Au même titre que des effets spéciaux utilisés de façons judicieuses sur un film de qualité bonifient l’oeuvre en question : « Des films comme Life of Pi ou bien Ex Machina sont de bons exemples d’effets spéciaux au service de l’histoire. Ils peuvent rendre une petite histoire grandiose », d’ajouter Pierre-luc.
Avec l’accès aux technologies et à l’information, l’univers fascinant des effets spéciaux est abordable à quiconque s’y intéresse. « De nos jours, n’importe qui, sans même aller à une école spécialisée, peut apprendre à faire des FX. Les logiciels ne sont pas tant coûteux et il y a des milliers de tutoriels gratuits pour tous les niveaux », relate Pierre-luc. Cela dit, je ne laisserais pas quelqu’un m’opérer sous prétexte qu’il détient un scalpel et qu’il a regardé des vidéos de chirurgiens sur Youtube. Il ne faut donc pas minimiser l’impact du temps investi, des efforts consacrés à cet art et de la curiosité menant à se dépasser. « Il faut rester à l’affût des nouveautés. Pour chaque projet, je retourne étudier et j’apprends de nouvelles
techniques. C’est comme ça que je peux rester compétitif et pousser encore plus loin le médium », nuance sagement celui à qui l’on confie désormais une ou deux ouvertures de gala annuellement.
Quand j’étais jeune, ce n’était pas les modèles qui manquaient. Tu voulais jouer au hockey, tu t’identifiais à Wayne Gretzky; tu voulais faire des solos de guit’ puissants, tu t’identifiais à Kirk Hammett; tu voulais être différent, tu t’identifiais à Mado Lamotte. Mais qu’en est-il lorsque l’on se passionne de FX? Quels pas suivons-nous? « Patrick Boivin, du feu groupe Phylactère Cola. Cette émission de Télé-québec m’a donné la piqûre pour les FX ‘’made in’’ Québec. Youtube l’a même engagé pour créer du contenu exclusif. Dans le même genre, il y a Robert Rodriguez aux États-unis. On sent qu’il a du plaisir et de la passion. J’aime les créateurs qui ont la volonté de révolutionner leur art! », conclut Pierre-luc Gosselin.
Chose certaine, les effets spéciaux sont partout maintenant. Que ce soit dans la chevelure d’alex Perron, dans le sourire de Colette Provencher ou dans les lèvres d’anne-marie Losique, on ne peut y échapper. Il faut simplement savoir faire affaire avec les meilleurs du milieu afin de s’assurer de s’approcher le plus possible d’un semblant de réalisme pour ne pas tomber dans la caricature burlesque.