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SOPHIE DUROCHER ET RICHARD MARTINEAU

SOPHIE DUROCHER ET RICHARD MARTINEAU

- PAR NATHACHA GILBERT PHOTOGRAPH­E : PATRICK SÉGUIN - WWW.PATRICKSEG­UIN.CA MAQUILLEUS­E/COIFFEUSE : SANA MRAD

Sophie Durocher et Richard Martineau forment un couple depuis plus d’une quinzaine d’années et, bien qu’ils soient bien présents dans l’univers médiatique québécois, on les voit rarement ensemble. Encore moins en train de donner des entrevues conjointes! Et c’est toute qu’une chance que l’on a eue chez SUMMUM ce mois-ci, car les deux chroniqueu­rs du Journal de Montréal ont accepté ma demande avec joie. Une belle rencontre, un beau moment divertissa­nt et de bien belles surprises!

ON A BEAU ÊTRE EN COUPLE, ON PENSE PAREIL SUR BEAUCOUP DE SUJETS, MAIS PAS SUR TOUT

Hyper contente, étais-je, quand j’ai vu que Sophie Durocher et Richard Martineau acceptaien­t ma demande d’entrevue. Super belle discussion avec des chroniqueu­rs qu’on lit souvent pour la forme, mais qu’on connaît très peu sur le fond.

Vous êtes l’un des couples, je pense, qui sème le plus la controvers­e au Québec, évidemment de par vos métiers. Pensez-vous que, peu importe ce que vous dites ou faites, ce sera sujet à controvers­e? S : Je pense qu’au début, ce n’était pas comme ça. Richard et moi, chacun de notre côté, on a écrit des textes qui ont beaucoup marqué l’imaginaire des gens; maintenant, même si on écrivait un article complet pour dire à quel point on aime regarder des vidéos de chats, ça créerait une controvers­e. Les gens ont tellement associé nos noms à des débats et à des questions délicates. Je vais parler pour moi là, on ne cherche pas à être rassembleu­rs. Je n’ai jamais été là pour être aimée. Mon chum m’aime pis mon fils m’aime pis je pense que mes parents m’aiment un peu. Je n’écris pas pour avoir des « likes ». Ça ne m’intéresse pas. R : C’est vrai qu’il y a beaucoup de gens qui travaillen­t avec moi pis qui disent : « Ah ben, finalement, j’avais beaucoup d’appréhensi­on. J’avais peur. Je pensais que tu chialais tout le temps. » Non, je suis assez facile à travailler. Écrire, c’est la pointe de l’iceberg. Si les gens pensent me connaître par les textes que j’écris ou par ce que je dis à la radio ou à la télé, eh bien, c’est 5 % de ce que je suis.

Les débats au sein de votre couple sont-ils aussi enflammés? R : Des fois, on bougonne pis on s’obstine. S : Toi, tu bougonnes pis moi, je m’obstine. R : On ne pense pas pareil; on a beau être en couple, on pense pareil sur beaucoup de sujets, mais pas sur tout. C’est sûr qu’on tient à nos opinions, mais je ne pense pas que Sophie, c’est une petite chose fragile. C’est un individu pis elle est capable d’en prendre. Et elle est capable d’en donner. S : Je suis capable de donner des coups, mais je suis capable d’en prendre aussi. Richard et moi, ça fait 16 ans qu’on est ensemble, ça va faire 17 ans en septembre… Wow! Ça va vite! Quand j’ai commencé à sortir avec Richard, les gens me percevaien­t comme étant quelqu’un peut-être de plus doux, et Richard comme plus quelqu’un d’opinion qui brassait la cage; et les gens, parfois, disent : « Ah ben là, tu penses telle chose parce que tu es avec Richard. » Ben c’est exactement le contraire. Je pensais ces choses-là avant et la raison pour laquelle je suis avec Richard, c’est parce qu’on pense pareil sur ces choses-là. C’est ça qui fait qu’on a été attirés l’un envers l’autre.

Trouvez-vous que, parfois, les gens manquent de respect envers votre travail? R : Je peux comprendre que je puisse taper sur les nerfs des gens pis c’est correct. Moi aussi, il y a des commentate­urs que je ne peux pas sentir. Je suis très bien avec le fait qu’il y ait des gens qui ne m’aiment pas. Dans la vie, il y a des gens qui t’aiment, des gens qui ne t’aiment pas. […] Des insultes, je peux en recevoir. C’est quand ils insultent Sophie; là, ça me fait chier.

Vous avez maintenant une émission en duo, Devine qui vient souper? Comment c’est de travailler ensemble? R : J’étais très appréhensi­f au début. On s’en était parlé et je disais à Sophie : « D’un coup qu’on s’obstine… Des fois, tu vas trouver que je parle trop aux dépens de toi ou je vais trouver que tu parles trop aux dépens de moi… » Mais, finalement, ça va relativeme­nt bien. S : En fait, c’est très le fun. La personne qui a eu cette idée, c’est Mathieu Turbide, le grand patron de Qubradio justement. Mathieu est un ami à nous et il est venu souvent souper chez nous. On invite toujours plein de monde différent, des fois des gens qui ne se connaissen­t même pas. R : On aime ça faire des soupers pour matcher du monde qui ne se sont jamais vus. Un moment donné, on était dans un lancement pis il y avait Lucien Bouchard, l’ancien premier ministre du Québec. Je dis à Sophie : « Ce serait le fun que Lucien Bouchard vienne manger à la maison. » Elle dit : « Ben, va lui demander. » Je vais le voir : « Monsieur Bouchard, Richard Martineau, viendriez-vous souper à maison? » Il a dit oui! Il est venu souper avec Mathieu Bock-côté… Bref, Mathieu [Turbide] a proposé d’en faire un podcast et on a dit… OK!

On vous connaît de par vos opinions, mais moi je suis curieuse de savoir ce qui vous branche dans la vie de tous les jours. S : Regarde derrière nous. [NDRL : L’entrevue est faite en vidéo live] Tous ces livres-là, les deux bibliothèq­ues au complet ici, sont remplies de livres sur le cinéma. R : Je suis un fan fini de cinéma. Je me fais venir des films de partout dans le monde, d’angleterre, d’italie, du Japon, de partout. Et je regarde beaucoup des films genre danois en noir et blanc qui durent sept heures. Des affaires pétées, des films d’auteur très pointus. Tout le monde s’endormirai­t làdessus, mais j’adore ça. Ça me permet de relaxer. S : Moi, c’est la chanson. Je suis toujours en train de chanter des chansons même si je chante faux, au grand déplaisir de mon fils qui dit : « Maman, tais-toi. » (Rires) J’adore la chanson française, j’adore la chanson anglaise, j’adore Leonard Cohen, plein de choses. J’adore lire, voyager. Je parle quatre langues : français, anglais, espagnol, italien. R : Et un petit peu de japonais. […] Sinon, on adore aller au restaurant. J’aime manger, ça n’a pas d’allure.

Vous travaillez sur quoi, « on the side »? S : J’aimerais ça éventuelle­ment faire un essai sur le féminisme pour répondre aux féministes québécoise­s. Je trouve que c’est dérapage par-dessus dérapage et je ne me reconnais pas dans les jeunes féministes québécoise­s. R : Moi, j’avais un projet de livre dont j’avais parlé avec Ygreck, le caricaturi­ste du Journal de Québec. Je ne dirai pas sur quoi, mais ça tourne autour de la rectitude politique. Pour moi, c’est un cancer du cerveau, c’est rendu débile. Tu ne peux plus rien dire. Tu disais des controvers­es, plus tôt. Avant, il y avait des controvers­es, mais c’était de vraies controvers­es. Là tu dis : « C’était noir de monde » et tu passes pour un raciste et il y a une controvers­e. Tout le monde s’indigne, tout le monde se choque, pis on est dans l’indignatio­n pis on est choqués. Un moment donné, c’est fatigant tabarnouch­e. « Come on », prenez votre gaz égal. On peut-tu revenir à l’époque où on riait? Avant, tu avais une controvers­e par mois. Maintenant, tu as cinq controvers­es par jour...

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