Summum

Alex Roof signe des autographe­s

- PAR ALEX ROOF PHOTOGRAPH­E : FRANCA PERROTTO - WWW.FRANCAPERR­OTTO.COM REMERCIEME­NTS TATOUAGE MARTY’S SHOP 6050, BOUL. MÉTROPOLIT­AIN EST, MONTRÉAL FACEBOOK @MARTYSHOPM­ONTREAL

UN TATTOO C’EST COMME L’HERPÈS

C’EST TRÈS DIFFICILE S’EN DÉBARRASSE­R

Jamais j’aurais cru qu’un jour on m’aurait demandé un autographe. Et si j’y avais cru, jamais j’aurais pu imaginer tous les endroits où j’ai pu signer des autographe­s jusqu’à maintenant dans ma jeune carrière d’humoriste.

La première fois qu’on m’a demandé un autographe, c’était après un spectacle. Sur le coup, je pensais que la personne voulait me niaiser. Dans ma tête, un autographe a une valeur que lorsque t’es une vraie star comme Eminem, Bon Jovi ou Jérémy Gabriel. Je ne me considérai­s pas à leur niveau de popularité à l’époque, et ce, même aujourd’hui. Quoique moi aussi, j’ai déjà fait le Rockfest…! Soyons honnête : tu ne demandes pas un autographe à ton plombier, même si y’a câlissemen­t bien débouché ta toilette!

Mais il faut croire que mes fans me valorisent à ce point et je l’apprécie beaucoup. Il existe plein d’endroits où l’on peut signer un autographe. Je me souviens de la première fois qu’un fan m’a demandé d’autographi­er son iphone. Mon premier réflexe a été de lui dire : « Si j’écris au stylo-feutre à l’endos de ton téléphone, tu ne pourras pas le revendre aussi cher que tu le veux… Tu vas devoir le revendre au prix que l’enfant qui l’a fait a été payé pour le fabriquer. » Qui veut que la valeur de revente de son iphone soit de 2 $? À ma grande surprise, il m’a répondu : « Au contraire, t’es Alex Roof! Je vais pouvoir le revendre encore plus cher! »

J’apprenais donc que l’encre de mon stylo avait une valeur : depuis ce jour, je fais attention à ce que je fais avec tous mes fluides. Je me protège lors de mes relations sexuelles en tournée pour ne pas avoir autant de pensions alimentair­es à payer que Patrick Huard dans Starbuck.

La saga des autographe­s a par la suite continué et dépassé les limites que je croyais. J’ai commencé à signer des seins de filles, ce qui est très plaisant, et des fesses de gars, ce qui l’est moins… Une fois, après un spectacle, un gars m’a demandé de signer sa jambe. Alors que je m’apprêtais à me pencher, il a enlevé sa jambe pour la mettre sur la table! Le gars se tenait sur une jambe, le moignon à l’air, alors qu’il venait de « dropper » sa jambe en plastique su’a table! Une chance que lorsque je signe des faux seins, les filles n’enlèvent pas leur silicone.

Parlant de moignon, j’ai déjà signé un gars qui lui manquait la moitié du doigt. Je n’ai pas pu m’empêcher de lui dire : « Tu dois avoir doigté ta blonde trop fort! » J’ai vu dans sa face que c’était la 100e fois qu’il entendait cette blague un peu facile, alors pour faire honneur à mon métier d’humoriste, j’ai renchéri avec : « Mais non j’niaise, j’connais ta blonde, et elle est trop ‘’slaque’’ pour que quelque chose reste pris à l’intérieur d’elle! »

Alors que je croyais avoir tout vu et tout signé, c’est dans un bar de Saint-jérôme à grands coups de pichets d’bière flatte qu’un gars a sorti sa queue devant moi pour que je la signe. Aucuns préliminai­res, aucune présentati­on, aucun « Bonjour, moi c’est Éric Salvail ». Rien! Une chose est sûre, ça surprend. Une seconde je jasais à deux amis et la seconde d’après, je devais me pencher et m’occuper d’un pénis sans préavis. On aurait dit une mauvaise scène de film porno. C’est là que je me suis dit qu’il était peut-être policier. Sortir sa matraque sans préavis pour agresser des gens qui n’ont rien fait de mal, il y a juste un policier pour faire ça!

Le gars m’a dit : « Peux-tu signer ma queue? Je trippe sur tes vidéos! » Alors je lui ai répondu : « Écoute, c’est trop petit. Je peux juste y mettre mes initiales. Si tu veux mon nom au complet, il va falloir que tu sois bandé… donc on va se contenter de mes initiales! »

Le seul hic : je n’avais aucun marqueur à ma dispositio­n. Seulement un stylo Bic. Et je ne sais pas si vous avez déjà écrit avec un crayon Bic sur de la peau de pénis, mais ça écrit très mal et les risques de circoncisi­on accidentel­le sont très grands.

Je tiens à préciser que c’est totalement vrai. Si je pouvais inventer une anecdote, je choisirais quelque chose de pas mal plus glamour : je ne serais pas en train de signer un pénis à Saint-jérôme… je serais en train de signer un pénis à Dubaï!

Parlant de glamour, j’ai déjà signé les fesses d’une fille à Val-d’or qui s’est fait tatouer ma signature après le show. Le genre de tattoo qui a lieu à minuit dans un appartemen­t un peu insalubre avec du monde aussi à jeun qu’éric Lapointe un p’tit lundi matin de novembre. Vous avez compris : très défoncé. Alors que le gars tatouait ma signature sur la fesse de la fille, j’ai vu qu’elle avait deux grosses lettres tatouées sur sa fesse droite. Après lui avoir demandé ce que signifiaie­nt ces lettres, elle me répondit : « C’est les initiales à mon chum! », suivi de : « Donc ça reste entre nous tout ça OK? » Euh… OK ma belle, je sais pas à quel point t’es saoule, mais t’es en train de te faire tatouer ma signature sur ton autre fesse. Un tattoo, c’est comme l’herpès : c’est très difficile s’en débarrasse­r. La seule différence, c’est que sur l’herpès, c’est pas écrit le nom du gars avec qui ta blonde t’a trompé.

Ce qui me fait rire, c’est que cette fille a mon nom et celui de son chum tatoués sur ses fesses. Le plus drôle dans tout ça, c’est qu’aujourd’hui, il n’y a aucune de ces personnes qui sont encore dans sa vie!

Car oui, ce genre d’autographe, c’est pour la vie.

P.S. Si vous lisez ceci, c’est qu’ils ont renouvelé mon contrat chez SUMMUM. Je pourrai donc les insulter pendant encore un an dans mes chroniques.

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