Summum

Jo Côté, un nouveau chroniqueu­r discipliné

- PAR JO CÔTÉ PHOTOGRAPH­E : COURTOISIE DE JO CÔTÉ

Salut, salut amateur de littératur­e!

Content de voir que tu prends le temps de lire ma première chronique et que t’as pas seulement regardé les photos du magazine. Je me présente, Jo Côté. Si tu ne me connais pas, ma photo est quelque part sur la page. C’est moi le gars qui est la version réelle de Pumba dans Le Roi Lion.

Comme tout le monde, j’ai pris des bonnes et des mauvaises décisions dans ma vie. Je n’ai pas la prétention de penser que j’ai assez de vécu pour te conseiller sur comment vivre la tienne, mais à chaque édition du magazine, je vais te raconter des situations peu glorieuses que j’ai endurées et comment j’ai fait pour survivre. Ça se peut que tu te sentes concerné, que ça t’interpelle ou que mes trucs te soient utiles, et si c’est pas le cas, ben j’espère que tu seras au moins diverti. Après tout, c’est un peu ça, le but premier de l’exercice.

JO LE SOLDAT

Moi, à 12 ans, je ne jouais pas au hockey, ni au soccer, ni à me faire une blonde. Moi, à 12 ans, j’étais un petit gars de 4 pieds 8 pouces, 190 livres, trop fier de porter son habit de cadet chaque semaine. Oui, oui cadet! La version légale de l’enfant soldat!

Honnêtemen­t, je ne sais pas ce qui m’attirait là-dedans, mais je me sentais bien et à ma place. Le pire, c’est que je n’ai pas choisi de faire les cadets. C’était la seule activité que l’uniforme me faisait. Ça fait que j’ai passé mon adolescenc­e à cirer des bottes, raser mes cheveux et pratiquer mon garde-à-vous, de jour comme de nuit. Je te rappelle que j’étais un ado.

Les années de solitude ont passé et, à 16 ans exactement, l’âge légal pour entrer dans les Forces canadienne­s, j’ai fait le saut dans la réserve. Je n’avais pas l’âge pour acheter de la bière, mais j’étais assez vieux pour tenir un gun. Trouve la logique!

Je ne sais pas si tu t’es déjà dit que l’armée canadienne, c’était un beau projet de vie, mais j’ai la réponse pour toi : penses-y même pas! J’ai fait cinq ans dans la réserve et je peux te dire que les cinq dernières années étaient de trop, exactement comme les cinq dernières saisons de L’Aubergeduc­hiennoir. Y’en a eu 15, peux-tu croire?!

Mais si jamais tes rêves sont morts et que tu veux quand même t’enrôler, la suite devrait t’intéresser parce qu’aujourd’hui je t’offre trois petites astuces qui vont te permettre de survivre à l’entraîneme­nt. C’est tout ce que je peux faire pour toi parce que contrairem­ent à la célèbre réplique de La Guerredest­uques, OUI , la guerre c’est une raison pour se faire mal!

NE ROUSPÈTE PAS!

Premier truc bien facile à comprendre : quand on te donne un ordre, tu le fais sans rien dire. T’es pas là pour penser, t’es là pour agir. Dis-toi que, chaque fois que tu rouspètes, c’est 25 push-ups. Tu peux te fier à moi, j’ai rouspété pour 2 500 push-ups avant de comprendre.

Quand on te dit de passer le balai, tu le fais (même si tu viens de le faire!). Quand on te dit de remplir ta gourde, ne laisse pas une bulle d’air dedans, remplis ta gourde!

Quand on te dit de ramasser les douilles avec un aimant, ça, fais-le pas. Le cuivre c’est pas magnétique, mon chum. Tu vas juste avoir l’air cave pis c’est drette ça le but.

Ce qui est magnifique quand t’obéis à des ordres, c’est que, si t’as merdé une mission, tu peux toujours mettre ça sur le dos de la personne qui te l’a ordonné. Et si tu fais une belle job, tu prends tout le crédit. Aussi rusé qu’un politicien!

REST E POSITIF!

L’armée forge des soldats, mais surtout des caractères. Ça te force à pousser tes limites au maximum, à presser tout le jus du citron. Rendu au bout de la corde, quand t’as pas dormi depuis 48 heures, qu’on te fait enterrer toutes les tranchées que t’as creusées, et que l’énergie qu’il te reste, tu t’en sers pour brailler, rendu là, continue. T’as pas encore la moitié de faite.

Tout est une question de la dureté du mental comme dirait Bob dans LesBoys. Quand t’as une mission à accomplir, demande-toi pas si ce sera un échec ou une victoire. Demande-toi plutôt quels moyens tu vas prendre pour assurer une réussite. Contrairem­ent au secondaire, l’échec n’est pas une option. (Ceci était la seule portion coach de vie de la chronique. Je suis un humoriste, pas Chantal Lacroix!)

CONTRAIREM­ENT AU SECONDAIRE , L’ÉCHEC N’EST PA S UNE OPTION

Mes petits trucs pour garder le moral : prendre une journée à la fois même si ta journée dure 72 heures. TOUJOURS garder une paire de bas secs à portée de main. Et traîne-toi des goodies, des petits remontants pour l’esprit. Je parle ici de jujubes et de chocolat. C’est juste mal vu de traîner une poignée de speed dans tes poches, même au civil. Personnell­ement, je t’avoue que certains matins, mes jujubes étaient finis bien avant que mes bottes soient mises. Pis pas parce que mon moral était bas. J’aime juste ça déjeuner aux jujubes.

LAVE-TOI PAS!

Si on dit qu’à la guerre on laisse personne derrière, je te confirme que dans les douches, c’est chacun pour soi.

Quand tu reviens de l’entraîneme­nt physique matinal, que tu as 15 minutes pour te laver et qu’il y a seulement 5 douches pour 40 gars, la bulle personnell­e prend le bord et ça devient vite le festival de la sardine en canne. Pour te dire, j’ai déjà vu de la porn gaie beaucoup plus soft que ça! Je suis peut-être jamais allé en Afghanista­n, mais j’en ai vu des missiles.

TO MBÉ AU COMBAT

Au bout du compte, j’ai quitté l’armée parce que j’avais plus la passion. Au début, c’est cool de tirer du gun, sortir d’un hélicoptèr­e en rappel et de simuler la guerre dans un champ de Valcartier, mais après cinq ans, disons que le rush d’adrénaline est plus assez fort pour tout ce que tu subis. Quand t’as plus de gaz, ça donne rien de mettre la pédale au fond!

Ce que je retiens, c’est la « bromance » que j’avais avec mes frères d’armes, que j’aime pas tant ça jouer dehors quand il pleut et que, finalement, je suis vraiment meilleur à Callof Duty.

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