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Bond : la saga au permis d’être intuable

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Par Patrick Marleau - Au printemps 2020, le comédien Da niel Craig, qui incarne le célèbre agent secret britanniqu­e depuis 2006, tirera vraisembla­blement sa révérence avec la sortie du 25e film de la série, Mourir peut attendre. Retour sur un phénomène culturel qui perdure depuis près de 60 ans et qui se hisse au 4e rang des franchises les plus lucratives de l’histoire cinématogr­aphique après Ma rvel, Star Wars et Ha rry Potter.

La naissance du parfait héros pour la Guerre froide

C’est à Ian Fleming, un ancien officier du renseignem­ent naval britanniqu­e, que l’on doit James Bond. L’auteur baptise son personnage en l’honneur d’un ornitholog­ue américain dont il détenait un exemplaire du guide sur les oiseaux exotiques - l’une de ses grandes passions. Son premier roman, Casino Royale, est publié en 1953 et il obtient un énorme succès dès sa sortie. Décédé subitement d’un malaise cardiaque en 1964, Fleming écrira en tout 12 romans et 2 recueils de nouvelles avant que d’autres auteurs poursuiven­t son oeuvre.

Le premier James Bond est Américain

Non, ce n’est pas Sean Connery qui incarne pour la première fois James Bond. L’honneur revient à un comédien américain, Barry Nelson, le temps d’un téléfilm tiré de Casino Royale diffusé sur

la chaîne CBS en 1954.

Les droits des autres romans sont ensuite vendus aux producteur­s Harry Saltzman et Albert R. « Cubby » Broccoli. Après que Patrick McGoohan (futur créateur et vedette de la série culte The Prisoner) eut décliné le rôle, Broccoli l’offre à Connery, un acteur de 31 ans connu pour de petits rôles secondaire­s. Fleming n’est pas du tout convaincu par son côté rustre, mais surtout par son origine écossaise alors que le personnage est très « british » - le choix de l’auteur est d’ailleurs David Niven, qui incarne à la perfection ces traits. Les producteur­s sont quant à eux séduits par le charisme de Connery et leur flair leur donne raison. La série remporte rapidement un

succès planétaire, surtout grâce à Goldfinger (1964) et Thunderbal­l (1965) qui feront de l’acteur une vedette mondiale. Enchaînant les tournages à un rythme effréné, l’interprète de Bond annonce lors du tournage du cinquième film, You Only Live Twice, qu’il désire

passer le flambeau.

Son successeur connaît moins de succès; le mannequin australien George Lazenby ne tourne qu’un film, On Her Majesty’s Secret Service. Après que la production ait offert la lune à Connery pour un retour le temps d’un film, le suave Roger Moore stabilise la franchise pendant plus d’une décennie. Il devient même le James Bond pour une nouvelle génération avec une série de films plus légers qui exploite les modes du moment comme la blaxploita­tion, les arts martiaux et même la science-fiction avec Moonraker.

Son remplaçant, le taciturne Timothy Dalton, tentera d’injecter plus de réalisme au rôle, mais les deux production­s le mettant en vedette ne connaissen­t pas le succès escompté. La franchise est dormante quelques années avant de bien être relancée en 1995 avec GoldenEye, présentant Pierce Brosnan dans le rôle de Bond. Douce revanche pour le comédien irlandais qui devait incarner l’agent 007 dans The Living Daylights, premier film après l’ère Moore, sorti en 1987. Alors qu’il était sous contrat pour la série télé Remington Steele, la production ne voulait pas le libérer pour le tournage. Après quatre films, on décide toutefois de repartir à zéro malgré la popularité de Brosnan. Il faut dire qu’au début des années 2000, un nouveau joueur dans le créneau des films d’action vient d’y laisser

sa marque : Jason Bourne.

La controvers­e Da niel Craig

Voulant revitalise­r le personnage et donner aux films un ton plus réaliste, on choisit un acteur qui évoque Sean Connery, mais surtout, qui tranche avec le visuel des Bond précédents. En effet, Daniel Craig est blond et il a les yeux bleus. Sacrilège! Il n’en faut pas plus pour que certains fans dénoncent ce choix de casting audacieux. On assiste même à des pétitions en ligne demandant son congédieme­nt! Finalement, Craig confond les sceptiques et il livre avec son Casino Royale, dont les producteur­s ont enfin pu racheter les droits après tant d’années, l’un des meilleurs James Bond depuis les débuts de la série en 1962. Skyfall, sorti en 2012, est la consécrati­on pour Craig alors que le film deviendra le plus populaire de la franchise depuis

Thunderbal­l!

Les « Bond girls »

Au- delà des comédiens, une grande partie du succès des films James Bond est dû aux séduisante­s « Bond girls » . Depuis que la première, Ursula Andress, nous a séduits avec son bikini en sortant de la mer caribéenne dans Dr. No, elles font figure de fantasmes masculins. Mais, ces personnage­s sont majoritair­ement des femmes-objets desquelles s’éprend Bond. Et, pendant plusieurs années, elles portent des noms à connotatio­ns sexuelles comme Honey Ryder, Holly Goodhead, Plenty O’Toole

ou encore Pussy Galore.

À partir de GoldenEye, on aborde dorénavant l’attitude macho de Bond alors que la secrétaire Miss Moneypenny ose le remettre à sa place suite à ses avances. On fait même de M (son patron), une

femme! Est-ce que ces changement­s sont dus à l’arrivée de Barbara Broccoli (la fille d’Albert) à la tête de la maison de production? Présenteme­nt, sous l’ère Craig, on change tranquille­ment la dynamique du personnage alors que son Bond tombe réellement en amour avec ses partenaire­s. Et, dans le cas de Quantum Of Solace, il ne couche même pas avec celle-ci, une première dans

l’histoire de la série!

Les gadgets

Enfin, l’un des aspects qui plaisent énormément aux fans de la série - outre les voitures! -, ce sont les gadgets. Bien qu’il y ait souvent eu surenchère en termes d’applicatio­n technologi­que aux armes secrètes de l’agent secret, il faut reconnaîtr­e que certaines de ses inventions se sont démontrées plutôt justes. En voici quelques exemples : le GPS ( Goldfinger), le jet pack et l’appareil photo résistant à l’eau ( Thunderbal­l), la montre intelligen­te ( Octopussy), la voiture qui circule sans conducteur ( Tomorrow Never Dies) et la caméra intégrée au cellulaire ( Casino Royale).

Le futur de James Bond

Étant une création d’une époque révolue, beaucoup se demandent si James Bond peut survivre dans le contexte culturel d’aujourd’hui et avancent qu’il est peut-être temps de le réinventer. Quoi que les producteur­s décident de faire, il est assuré que le plus célèbre des agents secrets vivra de nouvelles aventures pendant encore un bon bout de temps. Après tout, James Bond a toujours su se réinventer à travers le temps et les modes. Surtout, il rapporte trop d’argent pour le placer

à la retraite!

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