Summum

SOUS LE SOLEIL, PRESQUE EXACTEMENT

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Vous voulez savoir ce qui constitue, selon moi, l’une des grandes exagératio­ns véhiculées par les médias au cours des dernières années ? Je vous vois venir : le réchauffem­ent climatique, la démence présumée de Donald Trump, l’inutilité d’un 3e lien entre Québec et Lévis. La sortie de Denise Bombardier sur les tatouages. NON! En fait oui, dans le cas de Denise Bombardier, mais non. Je parle de la légende urbaine comme quoi le milieu de l’imprimé ne va pas bien!

Pas bien? Alors pourquoi est- ce que je suis en train d’écrire le présent éditorial cigare au bec, petit boire à proximité - il est midi quelque part! Huhu! -, bien au chaud à Cuba.

FAKE IT TILL YOU MAKE IT

C’est toujours un petit défi d’imaginatio­n pour moi de parler de bordée de neige, de sports de glisse, d’engelures sur le bout des doigts. Être rédacteur en chef, ça ne repose pas sur 1% d’inspiratio­n et 99% de transpirat­ion comme le veut l’adage, mais sur 100% de transpirat­ion. Maudit qu’il fait beau et chaud et cher! Ce mois- ci, nous…

Ok, ok. Touché : ce n’est pas vrai. Merci de nous soutenir et de nous lire sur papier comme en ligne! C’est grâce à vous que l’on peut continuer à faire des belles niaiseries à chaque numéro.

L’édition que vous tenez entre vos mains – j’espère que vous l’appréciere­z – a un thème central. Nous y parlerons, dans des chroniques disséminée­s à deux ou trois endroits dans le magazine, de la beauté lisse, homogène et aseptisée que l’on nous mitraille depuis toujours. Juste entre nous, là : on pourrait tu s’ouvrir un petit peu à la diversité des corps, bordel. Je dis ça, je dis rien.

MIROIR, MIROIR…

(Cadeau! Un petit extrait supprimé du dossier Covergirl :)

Avec ce que les médias sociaux autant que les médias traditionn­els nous offrent souvent comme image de la femme, une vision retouchée, souvent à l’extrême, il n’y a rien d’aberrant dans le fait que nous soyons de plus en plus attirés par ce type d’image, au détriment des autres, perçues comme étant imparfaite­s, jolies sans plus… Trop normales, naturelles. La modèle en une d’un magazine a bien sûr été recrutée pour sa beauté – celle qui est socialemen­t admise -, mais suivra ensuite le maquillage, l’éclairage judicieuse­ment contrôlé afin de mettre en valeur certains attributs plutôt que d’autres, les nombreux filtres et retouches faites sur les photograph­ies par la suite. Voilà ce que nous voyons de l’enfance jusqu’à la vie adulte : des actrices parfaites, des mannequins parfaites, dans les publicités, au cinéma, en ligne…

C’est un cercle on ne pourrait plus vicieux.

Puisque les standards de beauté sont tels qu’on les connait (culte de la minceur, peau lisse, sans imperfecti­ons, dents d’une blancheur éclatante…), on peut facilement finir par s’imaginer que pour réussir dans la vie, pour plaire en amour, en amitié, au travail… il faut ressembler à ça. S’ensuit parfois l’anxiété, l’entraineme­nt – ok, sans excès, c’est très bien! -, les régimes, des plus légers aux plus drastiques, les petites interventi­ons chirurgica­les, les moins petites. Un souci quasi panique de toujours se montrer sous son meilleur jour en personne comme sur Instagram. Hourra! Sur le web, suffit de bien retoucher, de prendre son temps, de gommer chaque défaut. Pas le choix, question de se ressembler de photo en photo!

L’obsession du paraître, avec les modèles de beauté plastique qui en découlent, nous plastifier­ait- elle littéralem­ent au passage (la réflexion s’applique aussi aux hommes, en passant)? Ce qu’on perd en individual­ité, on le regagne en quoi?

IN MEMORIAM

Je remarque en terminant, et vous devinerez ainsi que je rédige mes éditoriaux à la dernière minute entre deux bouchées de toast, que des grands de l’humour britanniqu­e, mentionnés par moi dans la chronique cinéma du dernier numéro de SUMMUM, sont décédés dans les derniers jours. Neil Innes du Bonzo Dog Doo-Dah Band, fidèle collaborat­eur des Monty Python au fil des ans, nous a quitté le 29 décembre 2019. Je lis maintenant que Terry Jones, des mêmes Monty Python, « joined the choir invisible » , « has ceased to be » , « is gone to meet his maker » . Il est un ex- homme, donc, depuis le 21 janvier. Visiblemen­t, faire rire tue. Priez pour nous, chers amis!

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