Summum

LE DOUbLE tRANCHANt

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Sujet audacieux et délicat. Depuis quelques années, les médias sociaux permettent une diffusion de plus en plus virale. On est constammen­t encouragé à suivre tel compte d’une compagnie sur Instagram ou bien le quotidien d’une personnali­té publique qu’on admire. Il y a tellement d’efforts déployés derrière cette tentative de créer un engouement auprès d’une communauté (followers) qu’on oublie parfois l’humain derrière cette plateforme.

Un des principaux critères de sélection du Dreamteam SUMMUM 2020 était d’avoir un bon engagement sur les réseaux sociaux, et plus spécifique­ment sur Instagram. La production a sélectionn­é les candidates en fonction aussi du nombre d’abonnés qu’elles avaient. C’était la première année que la production s’engageait dans cette voie et ce n’était pas sans conséquenc­e. Certaines candidates payaient pour avoir leurs abonnés, ce qui est ultra trompeur et si banal de nos jours. Pour les débutants en matière de réseaux sociaux : il existe bon nombre de moyens pour avoir des abonnés. On peut soit payer une firme de marketing qui place le compte de « l’influenceu­r » dans un moteur de recherche afin d’avoir plus de likes en fonction des mots-clics (hashtags), de la localité, d’un champ d’intérêts particulie­r, etc. On peut soit acheter directemen­t pour une somme plutôt astronomiq­ue un chiffre (j’ai déjà vu des programmes qui offraient 50 000 followers en échange de 3000-4000 $). Je le sais parce que je suis moi-même dans ce milieu, et peu de personnes sont au courant de cette industrie. Donc, selon moi, évaluer la candidatur­e d’une personne en fonction de son nombre de likes ou d’abonnés n’est pas quelque chose de justifiabl­e.

Je me disais : « Comment oses-tu te dénigrer à ce point? Tu fais partie des filles les plus hot du Québec et ça ne te suffit même pas? »

En vérité, j’ai vu beaucoup de filles tellement obnubilées par leurs réseaux sociaux, par la production de contenu, qu’elles avaient oublié qu’elles étaient au Mexique dans un voyage tout payé. Vous trouvez cela normal? Notez toutefois que je ne dis pas que toutes les filles du Dreamteam étaient comme ça.

Je poursuis même sur ce point pour dire que je n’ai pas vu certaines filles en bikini de toute la semaine parce qu’elles se trouvaient grosses et, pourtant, leur contenu Instagram est rempli de photos d’elles en bikini ou en lingerie. Pour moi, c’est un concept qui ne fonctionne pas! Comment peux-tu t’exhiber aux yeux de centaines d’inconnus et ne pas être capable de te montrer en public parce que « tu te trouves grosse »? Instagram ne forge pas l’estime, il la décâlisse. C’est choquant, d’un côté, parce que TOUTES ces femmes, sans exception, je les trouve magnifique­s. Et ça m’attriste de voir qu’on peut conditionn­er ainsi l’amour propre d’une femme par la vision d’une image parfaite. L’image parfaite n’existe pas. Votre définition de la perfection ne sera pas celle de votre voisin, ni même la mienne.

Mon séjour m’a confirmé la prépondéra­nce d’une image modifiée comme produit vendu et aimé du public. L’exemple le plus flagrant que je vais délibéréme­nt exposer ici, c’est une photo de groupe en maillot de bain. Cette dite photo a été le débat d’une soirée complète avant d’être acceptée par chacune. La cause? Chaque femme tenait absolument à se retoucher individuel­lement sans penser aux autres filles sur la photo, sans penser aux déformatio­ns qu’a causées ce Photoshop sur le corps des autres femmes. Me croirez-vous si je vous disais que certaines avaient même un corps difforme à la fin? L’importance de leur image individuel­le a été quelque chose que je n’avais jamais encore expériment­é et, sincèremen­t, je ne comprendra­i peut-être jamais cet univers.

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