Un village et son épicerie
Le 7 septembre dernier, les employés et les anciens de l’épicerie Valu-Mart se sont réunis au parc Larocque d’Alfred pour célébrer les 55 ans d’existence de l’établissement.
« Le petit marché d’Alfred, c’est une histoire de famille et je voulais réunir les gens qui y ont travaillé, y travaillent encore et qui le visitent depuis 1960, a indiqué Louise Langevin, l’employée qui a eu l’idée du rassemblement. À Alfred, tout le monde se connaît et nous sommes fiers de notre épicerie et de son histoire. Quand tu viens ici, c’est comme faire ton épicerie à la maison avec des gens qui connaissent tes goûts, tes besoins et ta personnalité. »
Ce grand rassemblement sera le dernier chapitre d’un album souvenir qui sera publié d’ici les Fêtes, relatant l’histoire et les anecdotes qui ont marqué le commerce et sa communauté. Le projet est chapeauté par l’auteur et dramaturge Marc Scott, qui est aussi un fidèle client de l’épicerie.
« Il y a la compétition des grosses chaînes à Rockland et Hawkesbury et, envers et contre tous, cela fait 55 ans et l’équipe est toujours là, a-t-il dit. C’est quand même incroyable quand on y pense. »
Fondée en 1960 par Jean-Marc Lalonde, l’épicerie a évolué au fil des décennies, s’affiliant à de grandes bannières comme Métro, IGA, Loeb et maintenant Valu-Mart. Toujours au même emplacement au coeur du village, l’épicerie est un lieu de rencontre pour la communauté et plusieurs générations y ont travaillé.
« Moi, ça fait 47 ans que je travaille à l’épicerie et d’avoir un emploi valorisant, qui me permet de travailler sans voyager à Ottawa, est précieux, a indiqué l’employée Lise St-Jean. J’ai été caissière pendant 17 ans pour ensuite travailler dans le bureau d’administration. Dans un petit village comme Alfred, l’épicerie forme un tout avec l’école, les médecins et les autres commerces. Les plus anciens y travaillent parce qu’ils sont fiers de le faire jusqu’à la retraite, et il y aussi les jeunes qui viennent prendre de l’expérience ici pour ensuite continuer leurs études. C’est un tout et, surtout, les gens peuvent faire leurs achats chez eux, dans leur village, et avoir un service personnalisé. »
Ce service attentionné est la clé du succès selon Yves Larivière, qui travaille à l’épicerie depuis 35 ans.
« Nos clients, nous les connaissons par leurs noms et notre service est personnalisé car nous savons ce qu’ils veulent et pourquoi ils reviennent semaine après semaine, a-t-il précisé. Tu ne peux pas avoir ça dans une grande surface. Ici, les personnes âgées peuvent faire leurs achats sans avoir à faire de grands déplacements et, l’été, les gens des campings avoisinants sont des clients fidèles. »
Jean-Marc Lalonde a été le propriétaire de l’épicerie pendant une vingtaine d’années et Jean-Paul Joanisse, Yvano Crête et Gaëtan Lamarche se sont succédé à la tête de l’entreprise.
« Au début, c’était une cabane qui n’en avait pas l’air d’une et j’ai agrandi sept fois, a expliqué Jean-Marc Lalonde. C’était très familial et je dois mon succès à ma femme Gisèle, une femme extraordinaire qui travaillait toujours avec le sourire. Dans le temps, je montais à Montréal à 2 h du matin et je ramenais des caisses de fruits et de légumes frais. On ne fournissait pas et nous avons eu jusqu’à 42 employés. »
Aujourd’hui, c’est un jeune entrepreneur de 29 ans originaire d’Embrun, Karl Parent, qui continue la tradition dans le village. Lorsqu’il a acheté l’épicerie en mars 2012, il a décidé de relever le défi de conserver le caractère familial du commerce tout en l’optimisant pour les réalités du marché de 2015.
« J’ai ajouté de la variété avec de nouvelles tables de fruits et de légumes et un nouveau comptoir à viande, a-t-il précisé. Il y avait beaucoup d’espace perdu et j’ai aussi changé l’éclairage pour que ce soit mieux éclairé et plus économique en terme d’énergie et de coûts. J’ai allongé les heures d’ouverture pour que les résidents qui reviennent d’Ottawa et de Rockland puissent faire leur marché ici. Quand j’ai acheté, j’étais le petit jeune qui débarquait, mais j’ai une bonne relation avec les employés de longue date et nous travaillons ensemble pour que le commerce roule, que les clients y soient bien accueillis et que nous demeurions compétitifs. »