Féminisation sur fond de démocratisation
C’est une réalité : les femmes sont plus nombreuses qu’il y a quelques années à rouler en sentiers. Une hausse qui serait due entre autres à la démocratisation du sport.
Maintes fois durant l’été, Marie-France Tessier voit des passions naître sous ses yeux. « Souvent, ça commence avec le conjoint qui initie sa copine au vélo de montagne. Puis tous deux reviennent à quelques reprises, jusqu’au jour où la femme devient complètement autonome », raconte la responsable de l’expérience client à Vallée Bras-du-Nord, près de Québec.
Là-bas, comme ailleurs au Québec, on estime que les femmes représentent aujourd’hui une part grandissante de la clientèle de vélo de montagne. Selon Marie-France Tessier, cette féminisation du sport s’inscrit dans le contexte plus large de sa démocratisation. « Notre réseau de sentiers est plus fréquenté que jamais. La clientèle féminine suit un peu cette tendance », estime-t-elle.
Des statistiques colligées par la Fédération québécoise des sports cyclistes (FQSC) confirment d’ailleurs une progression de 20% du nombre de licences attribuées en 2016, tous sexes et secteurs (enduro, cross-country, etc.) confondus. Et, bon an mal an, les femmes représentent environ 20% des licenciés hors route. Pratique récréative D’après Fabien Blot, coordonnateur du secteur vélo de montagne de la FQSC, l’accroissement de la présence des femmes dans les sentiers s’observe surtout dans le cadre d’une pratique récréative et non compétitive. Par exemple, entre 2015 et 2016, les licenciées récréatives en vélo de montagne sont passées de 214 à 330, une augmentation de plus de 50%. « Ce sont toutes des cyclistes qui roulent en club et entre amis », précise-t-il.
L’avènement de groupes à forte teneur féminine n’est pas étranger à ce phénomène. Ici et là, des initiatives structurées, comme les Mudbunnies ou les Chèvres de montagne, rassemblent des cyclistes autour d’une passion: pédaler dans la bouette. À Vallée Bras-du-Nord, on jongle même avec l’idée d’organiser ponctuellement des rencontres sportives destinées aux cyclistes féminines – séances de yoga, nuitées en hébergement et prix réduits inclus !
Paradoxalement, la prise de possession des sentiers par les femmes est peut-être juste une preuve indirecte du statut « grand public » d’une activité longtemps considérée comme casse-cou. « La conception de sentiers accessibles a ouvert la porte à cette clientèle moins téméraire par nature », analyse Francis Tétrault, chargé de projet vélo de montagne chez Vélo Québec Association. Pour lui, le verdict est clair: « Maintenant, tout le monde connaît quelqu’un qui ride, et ce, peu importe le sexe. »