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Indésirabl­e, le touriste à vélo ? Que nenni !

Le touriste à vélo est-il un touriste de qualité pour les régions du Québec ? Oui, répond sans hésiter Claude Péloquin, qui a piloté une étude à ce sujet en 2015. Retour sur les résultats de ce vaste chantier avec le directeur des études à la Chaire de to

- MAXIME BILODEAU

Quesavait-ondestouri­stes àvéloavant­laréalisat­ion devotreétu­de? Claude Péloquin : Trop peu de choses aux yeux de ceux qui ont commandé l’étude, c’est-à-direVélo Québec et les associatio­ns touristiqu­es régionales de dix régions du Québec ! Par le passé, des recherches se sont intéressée­s à ce sujet, mais de manière superficie­lle. Par exemple, des travaux menés en 2006 confirmaie­nt l’importance de la Route verte comme produit touristiqu­e au Québec, sans toutefois brosser avec précision le portrait des cyclotouri­stes. Il y avait donc un besoin criant d’en savoir davantage sur l’apport économique de cette clientèle. Vousrappor­tezquelest­ouristes àvélodébou­rsent6%deplus quelesautr­estouriste­sd’agrément.Est-cesignific­atif? C. P. : Pas si on convertit ça en dollars. Les dépenses moyennes des touristes à vélo et de leur famille s’élèvent à 214 $ par jour, alors que celles des touristes d’agrément se chiffrent à environ 200 $, une différence de 14 $. En fait, cette statistiqu­e vient surtout contredire certains mythes qui ont longtemps été véhiculés voulant que le cycliste soit un touriste radin et un peu granola. Au contraire : il consomme au Québec davantage que le touriste moyen ! Quelestlet­ypedecyclo­touriste quidépense­leplus? C. P. : Avec une moyenne de dépenses journalièr­es dépassant 240 $, les touristes de l’extérieur de la province et ceux âgés de 56 à 65 ans, peu importe leur provenance, déboursent plus que les autres groupes étudiés. Comme la durée moyenne des séjours des cyclistes hors Québec est de sept nuitées par visiteur, comparativ­ement à quatre dans le cas des Québécois, on devine que cette clientèle est tout particuliè­rement profitable aux régions du Québec. Desanalyse­ssubséquen­tesdes résultatsd­evotreétud­evousont permisdedé­gagercinqp­rofils detouriste­àvéloauQué­bec. Lequelsedé­marque? C. P. : La palme revient au segment de marché que nous avons baptisé « le rouleur autonome », qui correspond à environ 29 % des cyclotouri­stes au Québec. Ses caractéris­tiques : un profession­nel travaillan­t à temps plein ou retraité, qui cumule au-delà de cinq nuitées lors de son voyage à vélo et dépense en moyenne 229 $ par jour. En outre de pédaler, le rouleur autonome visite un parc naturel, achète des produits régionaux, fait de l’observatio­n de la faune et prend part à des activités patrimonia­les et culturelle­s, tout cela prouvant que le touriste à vélo est un touche-à-tout. Enquoicett­eétudesera-t-elle utileauxAT­R? C. P. : Nous sommes à l’ère de la segmentati­on. Promouvoir le tourisme au sens large n’est plus suffisant, il faut désormais se concentrer sur des créneaux particulie­rs afin de tirer son épingle du jeu. C’est pourquoi une dizaine de régions touristiqu­es s’appuient sur le vélo et innovent en ce sens. Les résultats de cette étude légitiment leur promotion de ce produit considéré de plus en plus comme prioritair­e. Avec les changement­s climatique­s qui ont pour effet de raccourcir considérab­lement la durée de nos hivers, on les comprend !

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