Vision (Canada)

L’apprentiss­age de toute une vie !

- VICKY CHARBONNEA­U vicky.charbonnea­u@eap.on.ca

Homme de famille, agriculteu­r et figure de politique agricole, Réjean Pommainvil­le essaie toujours d’en donner plus qu’il n’en reçoit. Bien qu’il préfère travailler en arrière-plan afin de soutenir sa communauté, son engagement continuel lui a valu autant de respect que de reconnaiss­ance auprès de ses pairs. Un homme modeste que l’on gagne à connaître !

Né dans la maison érigée maintenant dans le parc du Village Gagnon (Limoges), juste de l’autre côté de la rue, c’est en 1975 que Réjean Pommainvil­le prend par la suite possession de la ferme familiale. Pour une troisième génération, le jeune homme dans la vingtaine y poursuit les activités de pro- duction laitière sur la terre de 200 acres.

Avec seulement des études secondaire­s, c’est sur le terrain que Réjean a acquis ses connaissan­ces : « L’apprentiss­age, c’est toute une vie. Tu ne peux pas l’apprendre dans un livre et ça ne se fait pas du jour au lendemain ! J’ai suivi des cours, je fais beaucoup de lecture. Je n’ai jamais lâché et j’ai rencontré beaucoup de gens. »

En fait, en 1976, il devient membre de la Fédération de l’agricultur­e de l’Ontario (FAO), au sein duquel il progresse depuis 40 ans. Il siège au conseil d’administra­tion de la Fédération depuis 5 ans comme directeur provincial, représenta­nt les quatre comtés de l’Est, soit Glengarry, Prescott, Russell et Stormont. Ses fonctions progressiv­es à la FAO lui permettent donc de se familiaris­er avec les enjeux agricoles de sa région. Réjean Pommainvil­le serves on the Ontario Federation of Agricultur­e (OFA) Board of Directors as the Zone 14 Director representi­ng Glengarry, Prescott, Russell and Stormont counties. Pommainvil­le began his journey in the agricultur­e industry as a dairy farmer in 1975, before converting into a cash crop farmer in 2010. He has been a member of the OFA since 1976. His dedication and significan­t contributi­ons to the agricultur­al industry has earned him several awards over the years for outstandin­g volunteer service.

« On est une grande province et l’agricultur­e est rendue la plus grande industrie en Ontario. Les dossiers s’accumulent et avec au-delà de 36,000 membres, on doit avoir une bonne représenta­tion. »

Malgré bien des bouleverse­ments vécus au cours de sa vie, dont la perte d’un fils il y a quelques années, M. Pommainvil­le s’est toujours adapté. « J’ai abandonné l’industrie laitière en 2009, parce que j’ai eu un accident de ferme : Je suis tombé et je me suis cassé un talon, donc j’ai 14 vis et des plaques de fer dans un pied. » L’industrie laitière étant une industrie qui demande beaucoup de travail physique, son état a donc exigé qu’il se recycle.

« C’était un changement majeur dans ma vie parce que j’avais tiré des vaches depuis que j’étais p’tit gars. J’ai donc décidé d’abandonner ça, mais j’ai gardé le terrain et l’équipement agricole pour faire de la grande culture. »

La nouvelle vocation de sa terre - le foin, le blé, le maïs et le soya - présente toutefois ses avantages, spécialeme­nt au niveau de son emploi du temps. « Avec les vaches, nous étions mariés au métier, mais maintenant, on a une bourre au printemps et à l’automne, ce qui me permet de faire ce que je fais avec la fédération. »

Les tâches que lui incombent comme directeur de la FAO lui demandent, entre autres, de se tenir au courant des dossiers locaux mais aussi de chaque région de la province, étant le seul directeur francophon­e au sein du bureau de direction et pouvant être appelé à donner des entrevues en français pour toutes régions, avec souvent très peu de préavis. De plus, les réunions peuvent avoir lieu autant à Thunder Bay qu’à Sarnia et demandent une préparatio­n ainsi qu’un code de conduite très précis.

« On travaille avec les caucus de l’est et de l’ouest de l’Ontario pour aider les régions rurales, a-t-il expliqué. Nos municipali­tés rurales ont de la difficulté à rencontrer nos besoins en infrastruc­ture, que ce soit les chemins, les ponts, l’Internet à haute vitesse et la venue du gaz naturel en région. »

Selon lui, il importe de travailler ensemble afin de régler les enjeux et les dossiers reliés à l’agricultur­e. « Quand on parle d’écono- mie rurale, notamment, on ne travaille pas que pour nos membres. On travaille pour la communauté en général parce qu’on sait que si l’agricultur­e est prospère, l’économie locale le sera également. »

Étant donné sa longue carrière au sein de la FAO, M. Pommainvil­le a tout de même vu des changement­s majeurs au cours des dernières années : « Ici en région, surtout depuis les 15 à 20 dernières années, on a rattrapé l’Ouest de la province en tant que production agricole. On était un peu en arrière sur ce qu’il se passait dans l’ouest vis-à-vis le genre de production notamment. Nos producteur­s maintenant sont dans les meilleurs de la province, même au Canada. Que ce soit dans l’industrie laitière ou dans les grandes cultures, nos produits sont de haute qualité. On a de bonnes terres agricoles et de bons producteur­s. »

Son engagement ne se limite pourtant pas à la FAO. En effet, il siège depuis quelques années comme président de l’Associatio­n des sols et récoltes dans le comté de Russell, et fait aussi partie de l’Associatio­n de sécurité agricole du comté, sans parler de son rôle local au sein du parc du village Gagnon. « Je suis très fier de ma région et de mon héritage francophon­e. Je suis un homme bien occupé, je fais bien des choses et je ne m’ennuie pas. »

Au chapitre des reconnaiss­ances, en plus d’avoir reçu une médaille commémorat­ive de prestige pour le 125e anniversai­re de la Confédérat­ion du Canada, Réjean et son épouse Barbara ont aussi été honorés pour leur importante contributi­on à améliorer la condition des agriculteu­rs en recevant le Mérite agricole de Russell 2002. Et la liste continue…

Son tout nouveau projet? Il vient de se procurer un moulin à battre, qu’il entend manoeuvrer avec ses quatre frères, Denis, Roger, Richard et André, le 11 août 2019, lors de la prochaine tentative de record Guinness à Saint-Albert, où 200 moulins tenteront de battre le grain en même temps.

« Ça va être gros, conclut-il. On vit dans une communauté et il faut se soutenir. Je ne suis pas obligé de faire tout ça mais c’est juste une façon de contribuer. »

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Vicky Charbonnea­u —photo

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