Vision (Canada)

Il y a 20 ans… le verglas

Voilà 20 ans, le temps s’arrêtait sur une bonne partie de l’Ontario et du Québec, du fait de la crise du verglas avec son lot de foyers plongés dans le noir, sans eau ni électricit­é, et son cortège de poteaux brisés et d’arbres déracinés.

- FRÉDÉRIC HOUNTONDJI frederic.hountondji@eap.on.ca

Voilà 20 ans, le temps s’arrêtait sur une bonne partie de l’Ontario et du Québec, du fait de la crise du verglas avec son lot de foyers plongés dans le noir, sans eau ni électricit­é, et son cortège de poteaux brisés, d’arbres déracinés, de branches cassées et de chaussées impraticab­les.

Une région bouleversé­e titrait tout simplement Le Carillon il y a 20 ans. La manchette était surmontée de clichés de poteaux cédant sous le poids de la glace avec des fils traînant par terre, de véhicules de l’armée et de soldats prêts à toute éventualit­é. Une des photos est celle du premier ministre de l’Ontario, Mike Harris, l’air abasourdi par la scène qui s’offre à lui.

Rien n’a échappé à l’époque à la curiosité de nos journalist­es déployés dans toutes les principale­s régions de l’Ontario et du Québec touchées par le sinistre. Nous vous proposons un retour sur ces jours sombres où la glace avait pris le contrôle de la région.

Des foyers dans le noir

Plus de 5000 poteaux étaient tombés dans l’Est ontarien et la situation demeurait plus grave dans les zones rurales. Embrun, Russell et Limoges ont dû attendre plus d’une semaine avant d’être rebranchés. Quant aux résidents de Saint-Eugène, Sainte-Anne-de-Prescott, Fournier, Riceville, Dalkeith, Glen Robertson, Dunvegan, Glen Sanfield, Maxville, North Lancaster, Apple Hill et Green Valley, ils ont dû attendre deux bonnes semaines avant de retrouver le courant.

La situation n’était pas meilleure à South Lancaster, Moose Creek, Martintown, SaintIsido­re, Casselman, Lefaivre, Chute-àBlondeau, Monkland, Greenfield et Curry Hill, où l’on a vécu également des jours dans le noir. Parmi les plus chanceux figuraient les résidents de Bourget, Hammond, SaintPasca­l-Baylon, Saint-Bernardin, Treadwell. L’attente n’avait pas été si longue pour eux avant d’avoir de l’électricit­é dans les foyers.

Hydro au front

« La Ville de Hawkesbury a presque complèteme­nt évité les conséquenc­es de la tempête de verglas qui s’est abattue sur la région la semaine dernière, principale­ment grâce au fait qu’elle est alimentée en électricit­é par deux sources principale­s », écrivions-nous dans Le Carillon du mercredi 14 janvier 1998.

Il n’a pas manqué de saluer la bonne collaborat­ion des grandes industries qui ont accepté de fermer leurs portes le temps de la crise. Le fournisseu­r d’électricit­é avait toutefois admis que « si jamais il y avait une autre tempête de verglas, les conséquenc­es seraient certaineme­nt astronomiq­ues. »

Le sort des agriculteu­rs

Les agriculteu­rs, surtout les producteur­s laitiers, avaient payé un lourd tribut durant la crise du verglas dans la région. Plusieurs ne possédaien­t pas de génératric­es et avaient de la difficulté à faire la traite des vaches.

« On partage une génératric­e pour cinq fermes. Ce n’est pas assez, les traites se font seulement aux 15 ou 18 heures, se plaignait Jean Brabant de la septième concession de Caledonia. Ce n’est pas bon pour le pis des vaches. Il y a danger de mammites. On ne peut pas nettoyer convenable­ment les appareils.

Du côté d’Embrun, une bénévole a tout de même réussi à limiter les dégâts pour les agriculteu­rs. Elle les a aidés « à mettre la main sur un bon nombre de génératric­es pour les dépanner ».

Le numéro du journal Le Reflet, publié le 11 février 1998, rapportait l’histoire Lucie Lapointe, de Lapointe Developmen­ts. Lorsque celle-ci a réalisé que la municipali­té n’était pas assez équipée en génératric­es, elle a passé un coup de fil à sa tante demeurant en Pennsylvan­ie. Celle-ci a réussi à trouver un contact dans l’état de l’Iowa ayant plusieurs dizaines de génératric­es en stock.

Élan de solidarité

À ce déchaîneme­nt du froid, les population­s ont opposé une solidarité sans faille. Le député provincial Jean-Marc Lalonde a mené des démarches pour trouver 7000 cordes de bois en provenance de Thurso et les moyens pour les transporte­r. Il a rencontré les maires de Hull et d’Aylmer qui ont proposé de faire une collecte de bois de chauffage, un don des citoyens de l’Outaouais québécois.

Son homologue du fédéral, Don Boudria, a vu sa maison de Sarsfield prise au piège de la noirceur durant près d’une semaine. Il a tenu lui aussi à souligner la chaîne de solidarité que la crise a suscitée, sans oublier les 650 soldats dépêchés dans l’Est ontarien.

« Le sinistre que l’on connaît en ce moment est certaineme­nt un des plus grands vécus au Canada. À preuve, c’est le plus grand déploiemen­t de l’armée canadienne en temps de paix.», avait-il souligné. Les soldats étaient à la dispositio­n des autorités civiles et d’Hydro.

Les pompiers avaient été eux aussi à l’avant-plan dans cet élan de solidarité. Ceux de Saint-Isidore, par exemple, avaient demandé l’aide du Service de Hawkesbury parce qu’ils étaient exténués.

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—submitted photo Twenty years ago, during the ice storm of 1998, homes plunged into the dark, without water or electricit­y, poles had fallen, trees had uprooted trees and streets were isolated. Above, is a street in Clarence-Rockland, completely iced over.

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