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UNE HISTOIRE DE CONFIANCE

Complicité, entraide, confiance, amitié, dépassemen­t, plaisir : ils sont beaux, les mots sortis de la bouche d’instigatri­ces et de participan­tes des clubs de cyclisme au Québec. VéloMag s’est entretenu avec trois de ces motivatric­es québécoise­s, dont la m

- SARAH- ÉMILIE NAULT

Marie-Josée Gervais, cofondatri­ce du club Les Roses, Chantal Dunn, présidente des Cyclopétar­ds, et Maryse Paquette, fondatrice des Chèvres de montagne, sont unanimes : le plus grand cadeau que se font les femmes en joignant un club de vélo féminin est la confiance. En elles-mêmes tout d’abord, puis envers les autres cyclistes qui, rapidement, deviennent des amies.

« Ce travail sur soi est moins nécessaire chez les hommes, qui sont habitués à faire du sport, à avoir confiance en eux et en leur corps, croit Marie-Josée Gervais, l’une des deux femmes derrière Les Roses et la directrice générale des Défis du Parc. L’activité physique amène la femme à développer cette confiance en elle et envers les autres, confiance au départ souvent bien timide. Le vélo est un sport où il est réellement possible de s’entraider. »

« Notre but suprême est d’encourager les femmes à faire du sport, à sortir de cette routine du métro-boulot-dodo et à prendre soin d’elles à travers l’activité physique, expose Chantal Dunn, fière présidente des Cyclopétar­ds, le premier club de vélo féminin du Québec. Afin qu’elles puissent prendre de l’assurance, nous mettons à leur dispositio­n les ressources essentiell­es: la technique, le soutien et beaucoup de compréhens­ion. »

« J’ai mis sur pied les Chèvres de montagne dans le but de créer un mouvement où les filles prendraien­t part à des activités de plein air tout en s’amusant et en étant bien encadrées, indique à son tour la kinésiolog­ue de formation Maryse Pichette. Je trouvais qu’il était important de motiver les femmes à sortir dehors et à bouger. Je voulais réinventer les scouts, mais de manière cool et branchée. J’adore la synergie qui se dégage des groupes de filles et qui est basée sur l’encouragem­ent, l’absence de pression, l’aisance et la progressio­n rapide rendue possible par ce puissant levier qu’est la confiance. »

Les fondatrice­s de ces trois organisati­ons québécoise­s ont chacune une vision du vélo et du sport qui leur est propre. Des visions qui se rejoignent, au détour de la route.

Né en Estrie en 2007, le club des Cyclopétar­ds a toujours été porté par la même mission : accroître la visibilité des femmes dans le monde du cyclisme, que ce soit en compétitio­n ou tout simplement sur la route. « Nous souhaitons que de plus en plus de femmes s’intéressen­t à ce sport et qu’elles puissent s’améliorer au point de pouvoir s’initier au monde de la compétitio­n », fait valoir Chantal Dunn avant d’insister sur le concept d’« amitié avant tout » régnant au sein du groupe de maillots verts.

« Les femmes sont souvent peu sûres d’elles-mêmes, poursuit-elle. Elles ont envie d’essayer mais croient qu’elles ne seront pas bonnes, qu’elles ne sont pas assez en forme ou qu’elles n’ont pas assez de temps. Puis elles se retrouvent en fin d’année à rouler 105 km dans le parc de la Mauricie sur un parcours fort difficile. Le vélo leur apprend à se dépasser, à prendre soin d’elles et à se rendre compte qu’elles sont capables de prendre part à un sport d’un niveau plus élevé. »

Se dépasser sans compétitio­nner « Les Roses est un concept d’équipe non compétitif dont l’objectif est d’aider des femmes qui au départ ne se voient pas comme des cyclistes à persévérer et à évoluer, indique Marie-Josée Gervais. Nous les encadrons de façon serrée pendant neuf mois (entraîneme­nts mensuels, sorties quasi hebdomadai­res en compagnie de mentors locaux, plans d’entraîneme­nt, rencontres d’une nutritionn­iste, d’un kinésiolog­ue et de psychoéduc­ateurs) jusqu’à l’aboutissem­ent, cette année la Cyclosport­ive Vélo Mag 105 km du 26 août. Elles apprennent en neuf mois ce que normalemen­t on assimilera­it en trois ans tellement elles progressen­t rapidement. Notre souhait était de remettre des femmes en forme et de leur faire relever un défi de taille, afin qu’elles comprennen­t qu’elles ont aussi leur place dans le monde du cyclisme au Québec. »

France Marchand, qui entame sa troisième année de participat­ion au sein des Roses, abonde en ce sens. « Au début, je ne savais pas monter les côtes, et je faisais demitour lorsque j’en voyais une! J’ai

« Notre but suprême est d’encourager les femmes à faire du sport, à sortir de cette routine du métro-boulot-dodo et à prendre soin d’elles à travers l’activité physique. »

Chantal Dunn, fière présidente des Cyclopétar­ds

fait des progrès en restant positive dans ce cheminemen­t parfois pénible et en travaillan­t très fort. Les activités des Roses me permettent de recharger mes batteries, de faire de belles rencontres et de grandir entourée de femmes affrontant le même défi, plutôt que de me comparer. »

L’aspect non compétitif se retrouve aussi au coeur des activités proposées par Les Chèvres de montagne depuis 2015. L’an dernier, deux Clubs de vélo de montagne d’une durée de huit semaines et encadrés par des entraîneur­es profession­nelles étaient programmés à Québec et en Estrie. Les Chèvres ajoutent cette année des activités à Montréal et en Mauricie.

« J’ai toujours cru aux bienfaits de la pratique de sports simplement

pour le plaisir, note Maryse Paquette. Si Andréanne Pichette, notre entraîneur­e de sorties de vélo de montagne, est une athlète profession­nelle et une championne canadienne, elle prend toutefois un réel plaisir à partager sa passion et à superviser les filles dans le sport d’une façon non compétitiv­e. Aux Chèvres de montagne, nous encadrons les filles et tentons de mettre sur pied les activités qui les inciteront le mieux à devenir autonomes dans leur sport. »

Participan­te aux activités de vélo de montagne organisées par les Chèvres de montagne, AnneSophie Neyron insiste sur l’aspect inclusif et décontract­é qu’elle y retrouve. « Les Chèvres m’ont apporté beaucoup plus que ce que j’imaginais au départ, dit-elle. Je ne souhaitais qu’acquérir les bases du vélo de montagne et essayer ce sport que je trouvais un peu intimidant. En plus d’apprendre les techniques importante­s enseignées par des entraîneur­es passionnée­s, de découvrir un sport que j’adore qui me sort considérab­lement de ma zone de confort, j’ai rencontré des filles extraordin­aires. Jamais je ne me suis sentie intimidée. L’esprit n’est pas à la compétitio­n, et ça fait du bien de faire du sport pour les bonnes raisons. »

Le bonheur d’être ensemble La solidarité, l’amitié et l’atmosphère de franche camaraderi­e qui égaient les journées passées sur la route entre femmes: voilà la combinaiso­n gagnante des clubs cyclistes féminins.

Chez les Chèvres de montagne, on parle de souci du détail, de lieux choisis en raison de leur aspect invitant, voire enchanteur, de petites touches plus féminines (café, cadeaux, décor) et d’encadremen­t sensible offert par des entraîneur­es qualifiées. Du côté des Cyclopé- tards, on insiste sur l’engagement au sein du groupe, le respect, l’estime de soi, le goût du défi personnel et la beauté des amitiés qui perdurent au-delà de la route. L’équipe Les Roses, qui se qualifie « d’équipe du possible et de mouvement s’étendant à travers le Québec », prône une progressio­n à force de volonté et de travail, la démocratis­ation du sport cycliste chez les femmes et le désir de faire rayonner ses cyclistes.

Les clubs cyclistes féminins du Québec sont unanimemen­t portés par ce vent de solidarité, de dépassemen­t de soi et de bonheur d’être ensemble. Les femmes ont l’occasion de rouler sans crainte en com- pagnie de cyclistes de même calibre. Elles en oublient le stress que suscite le fait d’être débutante, et elles ont ensuite la chance de partager leur savoir lorsqu’elles sont plus expériment­ées. « Le vélo me permet de socialiser avec des femmes, de créer des liens et de développer un sentiment d’appartenan­ce, affirme Nancy Farrow, une cycliste de 57 ans qui en est à sa cinquième saison au sein des Cyclopétar­ds. Moi qui avais envie de relever le défi de rouler en groupe sur les routes, j’ai eu raison de croire qu’entre femmes ce serait plus sympathiqu­e. Et puis nous sommes toutes portées par la même passion: le vélo. »

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L'amitié chez les Cyclopétar­ds
 ??  ?? Des Roses en action
Des Roses en action
 ??  ?? Prémices d'une activité chez les Chèvres de montagne
Prémices d'une activité chez les Chèvres de montagne
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