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Test à l’effort : 12 boissons dans les bidons

Les tests de goût à l’effort sont maintenant une tradition chez VéloMag ! Cette année, voici venu le tour des boissons pour sportifs. Notre nutritionn­iste a profité d’un camp d’entraîneme­nt en altitude en Équateur avec huit triathlète­s élites pour mettre

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Douze boissons ont fait le voyage jusqu’à Cuenca, à 2500 m d’altitude. À cette hauteur, les besoins en glucides augmentent de manière importante par rapport à ce qui est requis au niveau de la mer. Les diverses adaptation­s physiologi­ques à l’altitude demandent davantage d’énergie et exigent d’assurer une alimentati­on et une hydratatio­n rigoureuse­ment optimales lors des entraîneme­nts de haute intensité. Durant le camp, les athlètes faisaient deux ou trois entraîneme­nts quotidiens. Afin de limiter le mélange de saveurs et faciliter l’analyse des commentair­es, nous avons décidé sur place de goûter à une boisson par jour.

Parce qu’elles étaient les plus faciles à trouver dans les commerces (boutiques de plein air ou de sport, dépanneurs…), nous avons pris le parti de tester les marques suivantes : Advanced Fuel, Cytomax, EFS, eLoad, Gatorade, GU, GU Roctane, Louis Garneau LG1, Pro Circuit, Refresh, Skratch Labs et Vita Coco. Toutes sont des poudres à dissoudre dans de l’eau, à l’exception de Vita Coco, vendue liquide.

Le palmarès a été déterminé suivant des critères précis ainsi qu’en scrutant la liste des ingrédient­s et les valeurs nutritives. Quand nous avions une variété de saveurs d’une même marque, même si tous les goûts sont dans la nature, nous avons sélectionn­é celle qui semblait faire l’unanimité.

Les critères

(par ordre d’importance) • La sucrosité • La solubilité (facilité à dissoudre la poudre dans le liquide) • La texture (présence ou

non de grumeaux) • L’amertume • L’effet sur la production salivaire (épaississe­ment de la salive nul ou notable) • La digestibil­ité (absence ou présence de reflux gastriques, brûlures d’estomac, etc.)

Le podium se répartit entre Skratch Labs, GU Roctane et Louis Garneau LG1. Les athlètes ont particuliè­rement apprécié les deux premières boissons lors des entraîneme­nts de vélo et de piscine, et la troisième en course à pied. Dans le cas de GU Roctane, nous avons dilué la moitié de la dose recommandé­e (une cuillérée au lieu de deux), car elle était beaucoup trop sucrée.

En ce qui concerne les autres boissons, nous avons eu droit à quelques grimaces lorsque la dilution dans les bidons ne s’est pas avérée réussie, situation particuliè­rement fréquente quand la maltodextr­ine figurait en tête de liste des ingrédient­s.

Deux fabricants, Advanced Fuel et Cytomax, ajoutent des édulcorant­s, ce qui n’est pas nécessaire si la boisson contient déjà des glucides. Pourquoi rehausser davantage le goût sucré ?

Refresh a quant à elle une saveur agréable mais ne contient presque pas de sodium et comporte un ajout de probiotiqu­es. Il n’y a pas d’avantages à consommer de bonnes bactéries en cours d’effort : cela ne fait qu’augmenter inutilemen­t le nombre de particules dans le tube digestif !

L’eau de coco s’est révélée ne pas être un choix populaire dans le groupe d’athlètes, si ce n’est que certains préfèrent la boire bien froide après l’effort plutôt que pendant.

Côté ingrédient­s en disgrâce, l’amidon de maïs modifié, le colorant caramel et l’huile de coco font perdre des points, ces ingrédient­s n’étant pas de bons choix santé. Le Gatorade a écopé.

Pourquoi consommer des boissons pour sportifs ? Au cours de longs efforts d’endurance, les réserves énergétiqu­es stockées dans les muscles et le foie sous forme de glycogène s’épuisent. Des études soulignent que ces réserves se vident complèteme­nt en 2½ à 3 heures d’efforts à haute intensité. C’est la raison pour laquelle le corps a besoin d’un apport exogène d’énergie à intervalle­s réguliers. Puisque, pendant l’entraîneme­nt, il est essentiel de bien s’hydrater, on fait d’une pierre deux coups en buvant des boissons pour sportifs contenant à la fois des glucides et des électrolyt­es.

Une récente revue de littératur­e et prise de position, publiée en 2016, fait le point sur les recommanda­tions en glucides pendant l’effort. Elle recense de nombreuses études parues depuis les années 1990 préconisan­t un apport variant entre 30 g et 90 g par heure d’exercice d’intensité modérée à élevée. Les boissons pour sportifs testées contiennen­t de 18 g à 60 g de glucides, selon le format de bidon privilégié (500 ml ou 620 ml). L’écart est très large. La leçon à tirer est de souligner qu’après trois heures d’efforts soutenus, les boissons sont généraleme­nt insuffisan­tes à assurer le plein d’énergie. Il faut alors se tourner vers des aliments solides, telles des barres énergétiqu­es. Notons que deux fabricants in- diquent de mettre la poudre dans 350 ml d’eau, ce qui n’est pas du tout pratique à calculer, ce volume ne correspond­ant pas à celui des bidons.

Et les électrolyt­es ? Les boissons riches en sodium et en potassium aident au remplaceme­nt des électrolyt­es éliminés par la sueur. La plupart des compagnies ajoutent aussi du calcium et du magnésium dans le but de compenser les pertes, pourtant minimes, induites par la transpirat­ion. Le tableau ci-dessous donne un portrait général des pertes d’électrolyt­es par litre de sueur.

La transpirat­ion varie grandement d’une personne à l’autre, de même que la concentrat­ion en électrolyt­es, mais on peut tenir compte d’une moyenne de 1 L de nd sueur par heure d’effort. Comme on peut voir, c’est surtout du sodium qu’on perd dans la sueur, un peu de potassium et très peu des autres électrolyt­es. La croyance que les minéraux dont on enrichit les boissons contribuen­t à prévenir les crampes musculaire­s est fortement ancrée, mais leur efficacité reste à prouver, d’autant plus que les carences en calcium et en magnésium, à elles seules, ne peuvent occasionne­r de crampes musculaire­s. Il est sans doute préférable d’éviter de surcharger inutilemen­t l’estomac et l’intestin en période d’activité intensive.

Pendant l’effort, l’apport recommandé en sodium varie de 500 mg à 700 mg par litre d’eau ; ainsi, un bidon de 600 ml en contiendra­it de 300 mg à 420 mg. Au-delà de cette limite, le goût de sel devient persistant, surtout après plusieurs gorgées.

• • • Merci à tous les triathlète­s élites du club Tri-O-Lacs ainsi qu’aux nombreux athlètes d’endurance équatorien­s qui se sont joints à l’épreuve. Sans vous, ceci n’aurait pas été aussi efficace ni même possible !

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