Échos vedettes

Destin tragique de star: Marilyn Monroe

NI PERSONNE N’AURAIT PU LA COMBLER

- PAR SABIN DESMEULES

ELLE INCARNE COMME PAS UNE LE RÊVE AMÉRICAIN! LA JEUNE FILLE PAUVRE ET PEU SÛRE D’ELLE LAISSE PLACE À L’ACTRICE AUX AMBITIONS ENCORE PLUS GRANDES QUE SON SEX-APPEAL. LE 4 AOÛT PROCHAIN, CELA FERA 55 ANS QU’ELLE A DISPARU. POURTANT, ELLE NOUS TROUBLE ENCORE AUJOURD’HUI. PLEINS FEUX SUR MARILYN MONROE...

Elle naît sous le nom de Norma Jeane Mortenson le 1er juin 1926, à Los Angeles. Sur son certificat de baptême, il est écrit Norma Jeane Baker. Elle ne connaît pas son père biologique. Quelques jours à peine après sa naissance, sa mère, Gladys, la place dans une famille d’accueil. La maman travaille la semaine et prend sa fille avec elle les week- ends. Puis, alors que Norma Jeane n’a que sept ans, Gladys, qui a aussi deux autres enfants — qui sont élevés par leur papa dans le Kentucky —, est internée en institut psychiatri­que. On croit qu’elle souffre de schizophré­nie paranoïde. La fillette est donc élevée dans des foyers d’accueil. «À mes débuts, je mentais à propos de mes parents. Je disais que ma mère était morte et que mon père vivait en Europe. Je mentais car je ne voulais pas que le monde entier sache que ma mère était internée dans un hôpital psychiatri­que et que je ne connaissai­s même pas mon père », admet- elle un jour en entrevue.

Norma Jeane est une enfant peu sûre d’elle. «Quand j’étais petite, personne ne m’a jamais dit que j’étais jolie. On devrait pourtant faire ce compliment à toutes les petites filles, même à celles qui ne le sont pas.»

Un jour, de passage à l’émission française

Apostrophe­s, un des ex- maris de Marilyn, Arthur Miller, parle d’elle. «Sa mère souffrait de maladies mentales. Elle était schizophrè­ne et paranoïaqu­e. Elle a été internée à plusieurs reprises pendant l’enfance de Marilyn. Quant à son père, il s’était éclipsé. Donc, elle a toujours été élevée par des étrangers qui étaient des fanatiques religieux. Et étant donné qu’elle n’était pas “légitime”, comme on dit, c’était elle qui en portait la responsabi­lité et qui devait supporter le péché... et elle se l’attribuait!» C’est ainsi qu’il explique son mal de vivre presque inné et son destin tragique. «Un jour, sa mère a essayé de la tuer en l’étouffant.» Toute sa vie, Marilyn a désiré être

aimée.aimée «Elle était un puits sans fond qu’on n’arrive pas à remplir.»

À 18 ans, durant la Seconde Guerre mondiale, e, au milieu des années 1940, elle inspecte des parachutes dans une usine pour 20 $ par semaine. Un photograph­e de l’armée s’y pointe pour un reportage sur l’effort de guerre des femmes. Il prend une série de clichés de Marilyn et cette dernière se retrouve en couverture du magazine Yank. Elle s’inscrit par la suite dans une agence et les contrats de mannequin s’enchaînent. En 1946, elle se teint en blond platine pour une pub de shampoing. La Marilyn Monroe que l’on connaît est née.

LES AMOURS DE SA VIE

«La carrière, c’est quelque chose d’extraordin­aire. Mais la nuit, quand tu as froid, tu ne peux pas te blottir contre elle.» Cette citation de Marilyn montre son grand besoin d’amour. Mais son premier mariage ne l’a pas comblée. Elle n’a que 16 ans lorsqu’elle épouse le 19 juin 1942 un gars de son coin, Jim Dougherty, qui a 21 ans. Elle désire de cette façon échapper aux familles d’accueil et obtenir une certaine stabilité. Son mari part pour la guerre deux ans plus tard et elle s’installe chez ses beaux- parents. Lorsque Jim revient, ils divorcent et Marilyn part pour Hollywood.

La rencontre improbable entre cette actrice mythique et un joueur des Yankee’s de New York mène à l’union de deux icônes dans deux sphères qui passionnen­t l’Amérique. En 1954, elle dit oui à Joe DiMaggio. Ils passent leur lune de miel au Japon. Une foule de 4000 fans les attendent à l’aéroport. DiMaggio est déjà une star chez les Japonais, fervents de baseball. Mais c’est pour elle que les badauds et les journalist­es se pâment d’admiration. Fou de jalousie, l’Italien coupe court à la conférence de presse. Peu après leur divorce, Marilyn déclare: « J’espérais de lui l’amour, la chaleur humaine, l’affection et la compréhens­ion, mais tout ce que j’ai eu, c’est de la froideur et de l’indifféren­ce.»

La première fois qu’elle croise son troisième mari, l’auteur et dramaturge Arthur Miller, c’est lors d’une soirée chez le cinéaste Elia Kazan, à la fin des années 1940. Lorsqu’ils se revoient, au milieu des années 1950, c’est le coup de foudre. Au début de leur histoire, Arthur lui dit: «Tu es la femme la plus triste que j’ai jamais rencontrée.» Elle est charmée et lui répond: «Tu es le seul homme qui ne m’ait jamais dit cela!» Ils se marient le 29 juin 1956, lors d’une cérémonie secrète célébrée par un juge, à New York. Pour lui, elle se convertit au judaïsme et un mariage religieux a lieu quelques jours plus tard, le 1er juillet. La célébratio­n judaïque se fait en présence de la famille et des amis, à la maison de campagne de l’agent d’Arthur Miller, Kay Brown.

À deux reprises durant cette union, Marilyn tombe enceinte... mais fait deux fausses couches! Malgré tout, sa vie avec Arthur est l’une des belles périodes de sa vie. Elle dit à propos de lui: «Le cinéma, c’est mon métier, mais Arthur, c’est ma vie.» Puis elle se ravise après le divorce, qui est prononcé le 24 janvier 1961: «C’est un auteur extraordin­aire, un homme brillant. Mais je crois qu’il est meilleur écrivain que mari.» Cette annéelà sort le film Les désaxés, dont Miller signe le scénario précisémen­t pour elle, par amour, pour faire éclater son talent à elle. Et le désespoir que l’on perçoit dans certaines scènes n’est pas celui de son personnage, Roslyn Taber, mais bien celui de Marilyn.

Dans son autobiogra­phie Au fil du temps, l’auteur fait une magnifique descriptio­n de l’icône: «Elle était alors, pour moi, une sorte de lumière tourbillon­nante, tout à la fois un paradoxe et un mystère. Dure comme une fille des rues par moments, puis portée par une sensibilit­é lyrique

et poétique comme peu de gens en conservent après leur adolescenc­e. Parfois, elle semblait considérer tous les hommes comme des petits garçons, des enfants avec des besoins immédiats que la nature l’avait chargée de satisfaire. Mais dans le même temps, la partie adulte en elle se tenait à l’écart et observait le jeu. Les hommes n’étaient que désir impérieux et, en quelque sorte, sacré. Il lui arrivait de raconter comment, au cours d’une soirée, deux hommes l’avaient maintenue de force et avaient tenté, en vain, heureuseme­nt, de la violer. Mais la véracité du récit avait moins d’importance que la distance étrange avec laquelle elle le rapportait. En fin de compte, quelque chose de l’ordre du divin émergeait de cette désincarna­tion. Elle était complèteme­nt incapable de condamner, de juger, même des gens qui lui avaient fait du mal. Et être auprès d’elle, c’était être accepté.»

En 1961, l’apparition de Marilyn à une soirée en l’honneur de John F. Kennedy est suffisante pour qu’on leur prête une liaison. Elle attise le feu quelques semaines plus tard lorsqu’elle se rend au Madison Square Garden, à New York, à la soirée d’anniversai­re de Kennedy afin de

lui chanter son sulfureux Happy Birthday, Mister President.

Et il est fort probable qu’elle a connu la passion dans les bras du frère de John, Robert. Une lettre confirmant cette aventure aurait été retrouvée. Signée par la soeur des deux politicien­s, Jean Kennedy Smith, et datant du début des années 1960, la présumée lettre dit: «Si je comprends bien, vous et Bobby êtes un nouveau couple! Nous pensons donc tous que vous devriez venir à la maison avec lui quand il sera de retour.»

LE DÉBUT DE LA FIN

Son personnage de sexe-symbole ne la comble pas, loin de là, et elle finit par s’en lasser. On ne sait trop si certaines déclaratio­ns faites à la presse sont cyniques ou juste lucides. «Des cheveux blonds, des seins... Voilà ce qui m’a fait faire mes débuts. Tout ce que j’avais, c’était ma chevelure et un corps qui attirait les hommes. Si j’ai pu continuer à exercer ce métier, c’est parce que j’ai eu la chance de rencontrer les hommes qu’il fallait.»

Alors que les studios continuent d’exploiter son charisme érotique, Marilyn désire passer à des rôles plus complexes et substantie­ls. En 1953, alors que Les hommes préfèrent les blondes cartonne, elle casse son contrat avec la Fox, part pour New York et crée sa propre maison de production. Afin d’être prise au sérieux, elle s’inscrit à l’Actors’ Studio de Lee et Paula Strasberg. «Marilyn a toujours voulu être actrice. Elle ne désirait pas être une star, explique le maître du jeu en entrevue. Même si elle est devenue l’une

des plus grandes stars de la planète, elle n’était jamais satisfaite.»

« Quand Marilyn était ici, au studio, elle s’asseyait toujours à la même place, tout au fond, au dernier rang.» Pour elle, la méthode Strasberg — moins de technique et plus d’incarnatio­n — est une révélation. Et elle noue des liens très solides avec les Strasberg. Ils deviennent une famille de substituti­on pour elle. Paula la suit sur ses tournages, la coache, calme ses angoisses.»

Après son divorce d’avec Arthur Miller, rien ne va plus. Elle se retrouve à la clinique psychiatri­que Payne Whitney, à New York, parce qu’elle consomme beaucoup de pilules et d’alcool et qu’elle est au plus bas. Elle représente un danger pour elle- même et elle est placée en cellule de sécurité. C’est le début de la fin.

Lorsqu’elle rédige son testament, le 14 janvier 1961, Marilyn songe-t- elle déjà à la mort?

Durant le tournage de Something’s Got to Give, en 1962, elle multiplie les retards et les absences. La Fox la vire et, dans les derniers mois de sa vie, elle se bat pour que son contrat ne soit pas résilié. Cinq jours avant sa mort, elle est réembauché­e. Le long métrage n’est jamais terminé et ne voit pas le jour.

La journée de son décès, le 4 août 1962, vers 16 h 30, elle est d’humeur sombre et fait venir chez elle son psychiatre, un des plus célèbres des États- Unis, le Dr Ralph Greenson. Quand il arrive, elle est hystérique. Il passe plus d’une heure à essayer de la calmer, sans trop de succès. À son départ, il demande à la gouvernant­e de passer la nuit avec sa patiente afin de veiller sur elle. À 20 h, elle lui fait savoir qu’elle va se coucher. Personne ne la revoit vivante. Quand le beau- frère de John F. Kennedy, l’acteur Peter Lawford, l’appelle à 20 h 30 pour l’inviter à manger, elle décline. Elle termine la conversati­on de façon troublante: «Dis au revoir au président.»

LE MYSTÈRE ENTOURANT SA MORT

C’est dans cette maison de Brentwood (à L. A.), acquise quelques mois plus tôt pour 199 000 $US, qu’elle est trouvée sans vie le 5 août 1962. Elle a 36 ans. «Mademoisel­le Monroe souffrait de troubles psychiatri­ques

depuis longtemps. Elle était la proie de peurs paniques et de fréquentes dépression­s. Ses sautes d’humeur étaient brutales et imprévisib­les», peuton lire sur le rapport d’autopsie. À l’époque, on ne s’explique pas ce mal qui l’habite, mais il s’agit de troubles bipolaires, selon la série documentai­re Hollywood Autopsy.

Officielle­ment, elle s’est suicidée avec un mélange de barbituriq­ues, du Nembutal, et de Dom Perignon. Mais comme les témoins offrent des versions contradict­oires et que les résultats de l’autopsie s’avèrent incomplets, plusieurs croient à un meurtre. Encore aujourd’hui, 55 ans après sa mort, on se questionne sur ce qui est réellement arrivé à l’actrice mythique. Les partisans de l’assassinat croient qu’elle aurait été tuée par l’entourage des Kennedy. Pourquoi? D’abord parce que le rapport du coroner ne conclut pas officielle­ment à un suicide, mais il indique plutôt un «possible suicide». Il n’y est pas prouvé que les doses de pilules qu’elle a ingurgitée­s sont suffisante­s pour mettre fin à ses jours. Et le petit livre rouge, une sorte de journal intime, dans lequel elle note tout à propos de ses relations avec les Kennedy, est introuvabl­e sur la scène du drame. Aussi, le corps de Marilyn a été bougé. Il y a une petite ecchymose sur la fesse gauche, ce qui laisse croire qu’elle aurait reçu une injection.

À sa mort, elle ne laisse que 93 000 $ US. C’est à Lee et Paula Strasberg qu’elle lègue une grande partie de ses avoirs.

Certains de ses biens sont consignés dans un entrepôt de New York pendant 40 ans. Ils sont mis aux enchères chez Julien’s Auctions, à Los Angeles, en juin 2005.

Elle est inhumée le 8 août 1962, à Los Angeles, emportant avec elle ses secrets... et laissant derrière elle un mythe!!!

 ??  ?? Une troublante photo de l’actrice sortant de l’hôpital, en 1954. C’est dans cette chambre de sa résidence de L. A. qu’elle est retrouvée morte.
Une troublante photo de l’actrice sortant de l’hôpital, en 1954. C’est dans cette chambre de sa résidence de L. A. qu’elle est retrouvée morte.
 ??  ?? Marilyn s’est beaucoup investie pour devenir une meilleure actrice. Ici, elle lit un livre sur le jeu d’acteur.
Marilyn s’est beaucoup investie pour devenir une meilleure actrice. Ici, elle lit un livre sur le jeu d’acteur.
 ??  ?? Que s’est- il passé dans la nuit du 4 au 5 août 1962? On la retrouve sans vie dans sa chambre le 5 et le coroner conclut à un suicide.
Que s’est- il passé dans la nuit du 4 au 5 août 1962? On la retrouve sans vie dans sa chambre le 5 et le coroner conclut à un suicide.
 ??  ?? En 1961, sur le plateau des Désaxés, Marilyn semble pensive.
En 1961, sur le plateau des Désaxés, Marilyn semble pensive.
 ??  ?? Elle se fait accompagne­r par Paula Strasberg sur ses tournages, afin de se faire rassurer.
Elle se fait accompagne­r par Paula Strasberg sur ses tournages, afin de se faire rassurer.
 ??  ?? La jeune Norma Jeane avec sa mère, Gladys. Marilyn dans une scène de son premier film, Love Happy. Elle y partage la vedette avec les Frères Marx.
La jeune Norma Jeane avec sa mère, Gladys. Marilyn dans une scène de son premier film, Love Happy. Elle y partage la vedette avec les Frères Marx.
 ??  ?? Tout juste après son mariage avec Joe DiMaggio, en 1954. Avec son troisième et dernier mari, Arthur Miller.
Tout juste après son mariage avec Joe DiMaggio, en 1954. Avec son troisième et dernier mari, Arthur Miller.
 ??  ?? Elle se marie avec Jim Dougherty en 1942, alors qu’elle n’a que 16 ans.
Elle se marie avec Jim Dougherty en 1942, alors qu’elle n’a que 16 ans.
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