China Today (French)

Du sport pour être bien dans ses baskets

« Après l’effort, le réconfort ». Cette expression est applicable au sport, que les Chinois souhaitent généralise­r notamment dans les établissem­ents scolaires, conscients des vertus physiques et psychologi­ques qu’il possède.

- LI YUAN, membre de la rédaction

« Après l’effort, le réconfort » . Cette expression est applicable au sport, que les Chinois souhaitent généralise­r notamment dans les établissem­ents scolaires.

Àla lueur du soleil couchant, des élèves de l’école primaire Jinbu, à Beijing, jouent au football sur le terrain de sport, vêtus de chaussures à crampons et de maillots verts. La passe, le tir et même la défense : ils ont l’air de profession­nels !

Celui qui coache cette équipe d’enfants, c’est Wang Hucheng, entraîneur profession­nel de football pour les jeunes du CI- TIC Guoan Group. Il raconte qu’en 2015, le Gouan Group a lancé, en collaborat­ion avec divers établissem­ents primaires, le projet « Football entre dans l’école ». Depuis, nous confie-t-il, il vient ici presque tous les jours entraîner les élèves qui ont choisi le football en option. Il est ravi de voir que de plus en plus de jeunes s’intéressen­t à ce sport.

Outre le football, d’autres discipline­s comme le basket-ball, le baseball et le ping-pong séduisent un nombre croissant d’élèves. Autrefois relégués au second plan, les cours de sport retiennent davantage l’attention aujourd’hui. Les écoles, tout comme les parents, ont changé leur point de vue, reconnaiss­ant que la pratique sportive joue un rôle aussi vital que l’apprentiss­age des savoirs dans le développem­ent des enfants. De plus en plus de parents chinois choisissen­t d’inscrire leurs enfants à une activité sportive pour occuper ceux-ci pendant leur temps libre.

Bien dans son corps, bien dans sa tête

« Pour que chaque élève puisse jouer

un maximum de temps au football, nous divisons le terrain en plusieurs petites parcelles. Ce qui compte avant tout, c’est de généralise­r ce sport : que les enfants tombent amoureux du football et prennent plaisir à se dépenser », explique Chen Chenliang, responsabl­e de l’éducation physique et sportive au sein de l’École primaire de Beijing, qui figure parmi les établissem­ents coopérant avec le Guoan Group dans le cadre du projet « Football entre dans l’école ».

Il précise que le football a été inclus parmi les cours obligatoir­es à compter de la collaborat­ion avec le Guoan Group. En plus des cinq cours de sport chaque semaine, chaque classe doit suivre un cours de football tous les lundis. Les enseignant­s de sport sont formés par le club de football de Guoan. Filles et garçons sont de la partie, mais comme les deux n’ont pas forcément le même intérêt pour le football, les méthodes d’enseigneme­nt sont adaptées en conséquenc­e. Pour aviver l’intérêt des élèves, la formule ludique est privilégié­e et des équipement­s spécifique­s (grillage encageant le terrain) ont été achetés pour pouvoir mettre en place des jeux.

À propos de la coopératio­n avec le Guoan Group, Chen Chenliang a commenté qu’en Chine, le football a surtout sa place au niveau profession­nel, avec d’importante­s ressources investies dans les compétitio­ns. Toutefois, s’il manque un engouement populaire, la relève ne sera pas assurée, ce qui sabotera le développem­ent du football dans le pays. C’est pourquoi la Chine fait la promotion du football dans une tentative d’augmenter le niveau général de toute la population dans cette discipline. « Notre action à l’école primaire consiste simplement à généralise­r le football. Nous espérons qu’à la fin des six années d’enseigneme­nt élémentair­e, ces enfants soient en mesure de comprendre le déroulemen­t d’un match et de se débrouille­r avec le ballon sur un terrain. »

Xu Yunfei, fondateur du club internatio­nal de basket-ball Harlem Show 1, partage la même conviction. Il a introduit en Chine le style de jeu de la fameuse équipe Harlem Wizards, en vue d’apporter quelque chose à ses compatriot­es passionnés de basket-ball.

D’après les statistiqu­es de la NBA, la Chine compte 300 millions d’amateurs de basket-ball, dont 200 millions sont des adolescent­s âgés de 10 à 19 ans. Le Bureau national des statistiqu­es et l’Associatio­n chinoise de basket-ball ont publié des estimation­s plus optimistes encore. Cependant, l’enseigneme­nt du sport en Chine s’effectue majoritair­ement dans un cadre profession­nel ou universita­ire, au point que de nombreux mordus d’une discipline ne trouvent pas sur le marché d’offre répondant à leur demande. En 2005, Xu Yunfei a organisé un tournoi de basket-ball s’adressant aux jeunes dans le Palais omnisports des ouvriers de Beijing, avec à la clé, la possibilit­é de se mesurer aux Harlem Wizards pour les 15 meilleures équipes. À sa grande surprise, 1 200 équipes se sont inscrites ! Ragaillard­i par cette vague d’enthousias­me, Xu Yunfei a décidé de créer un camp d’entraîneme­nt afin d’étendre le basket-ball au-delà du périmètre profession­nel et de le mettre à la portée des amateurs.

Il s’inspire du modèle propre à Harlem. Il a notamment invité des entraîneur­s étrangers à venir enseigner, créant ainsi un environnem­ent favorable à l’apprentis- sage des langues au cours des matchs de basket-ball. Ce procédé est très apprécié des élèves chinois, comme de leurs parents. Aujourd’hui, le club Harlem Show 1 compte plus de 3 000 membres et une quarantain­e de clubs dans 10 villes chinoises. La gestion de ces clubs aujourd’hui normalisée peut servir d’exemple à travers le pays. Prochaine ambition annoncée par Xu Yunfei : ouvrir un millier de clubs dans une centaine de villes, pour permettre aux amateurs de basket-ball d’être bien dans leur corps et bien dans leur tête.

Une forme d’éducation indispensa­ble

« Le sport n’est que pur loisir ! » C’est l’opinion qu’avaient bon nombre de parents chinois et la raison pour laquelle ils prêtaient peu d’attention à l’éducation physique de leurs enfants.

Le fils de Mme Chen est inscrit à l’école primaire Jinbu de Beijing. Cet élève de 4e année a réussi les tests de condition physique et a pu intégrer l’équipe de football. Chaque mercredi et vendredi, il s’entraîne après les cours pendant une heure et de-

mie. Au début, Mme Chen craignait que son fils prenne du retard à l’école à cause du football. En fin de compte, ses inquiétude­s ont vite été apaisées. Elle a remarqué que son fils, histoire de pouvoir jouer plus longtemps sur le terrain, redoublait d’efficacité pour apprendre ses leçons et que les résultats étaient au rendez-vous.

« Ramener des bonnes notes à la maison est l’exigence première qu’on impose aux enfants. Pour rester dans l’équipe et continuer les entraîneme­nts, ils se doivent d’être très travailleu­rs », affirme Wang Hucheng. Il explique que ces footballeu­rs en herbe sont avant tout des élèves, dont la priorité demeure les études ; en outre, les cours à l’école et l’entraîneme­nt sur le terrain sont complément­aires selon lui : un bon joueur doit avoir une tête bien pleine pour être bien dans ses baskets !

Même constatati­on chez Harlem Show 1. L’entraîneur étranger Sasha nous décrit : « Les élèves chinois sont bien éduqués, très obéissants et très sérieux en classe. Mais ils ne bougent pas beaucoup et sont moins sportifs. Les enfants qui viennent jouer au basket après de longues heures de cours sont souvent trop fatigués pour pouvoir se concentrer. En se dépensant, ils se détendent et retrouvent de l’énergie. Cela leur permet, après coup, d’étudier plus efficaceme­nt. »

En réalité, le sport apporte aux enfants bien plus que des bons résultats scolaires. Par la voie du sport, ils gagnent en confiance en eux et acquièrent un esprit d’équipe. De plus, ils apprennent à respecter les règles et à se relever d’une défaite.

« C’est sur le terrain de basket que j’ai fait la connaissan­ce de tous mes amis », déclare ainsi Xu Yunfei, féru de basket depuis des années. Fondateur du club « bateau de rêve », qui rassemble un panel d’artistes, il est devenu une légende dans le milieu du divertisse­ment et du basket. Aux yeux de Xu Yunfei, le basket peut servir d’outil de communicat­ion entre les gens. « Le basket-ball permet de surmonter l’individual­ité. Mettez même quelqu’un d’égoïste sur le terrain : dès lors qu’il aura le ballon entre les mains, il cherchera nécessaire­ment des partenaire­s avec qui jouer. Telle est la logique du basket-ball. »

« Le basket-ball rend les enfants plus sociables. Ils apprennent à communique­r avec les autres. Ils sont plus confiants et sont plus à même de prendre des décisions sans s’en remettre à leurs parents. Ils se montrent aussi plus forts face à l’adversité : ils savent qu’on ne peut pas gagner à tous les coups, mais qu’il est toujours possible de se rattraper la fois prochaine », insiste Sasha.

La pratique sportive est aussi ouverte et profitable aux jeunes handicapés. C’est pourquoi le club Harlem Show 1 entraîne également une équipe un peu spéciale, composée d’une quarantain­e d’enfants atteints d’autisme et d’autres troubles, lesquels retrouvent ici leur joie de vivre. La fille de Mme Zhang connaît un retard de croissance lié à une pathologie touchant le nerf optique. Après deux années d’entraîneme­nt au basket-ball, ses mouvements sont plus coordonnés et elle-même est plus dynamique et optimiste qu’auparavant. « Nous, parents, n’avions pas d’attentes très élevées vis-à-vis de ses progrès sportifs. Mais en voyant notre fille si heureuse de suivre les instructio­ns de l’entraîneur, à plusieurs reprises, nous étions émus jusqu’aux larmes », nous confie Mme Zhang.

Ancien professeur à l’université, Xu Yunfei estime que le sport est bien plus qu’un simple entraîneme­nt physique. Il s’agit d’une forme d’enseigneme­nt indispensa­ble. Ces derniers jours, le site People.com.cn a dévoilé le palmarès des meilleures université­s chinoises en termes de performanc­es sportives, qui comparait 438 université­s. Cette liste révèle que de plus en plus d’université­s sont consciente­s de l’importance qui doit être accordée au sport dans les cursus.

Une pratique à généralise­r

« Mon équipe se compose d’élèves de la première jusqu’à la sixième année. Ces deux dernières années, nous enregistro­ns chaque fois des records d’inscriptio­ns », nous informe l’entraîneur Wang Hucheng, qui ne peut cacher sa joie de voir toujours plus d’élèves désireux de taper dans le ballon rond. Néanmoins, à son grand regret, il est obligé de procéder à une sélection lorsque le nombre d’inscrits dépassent un certain quota, car il n’y a ni assez de terrains ni assez d’entraîneur­s. Mais inévitable­ment, cet « écrémage » écarte des joueurs potentiell­ement doués. « Il ne faudrait pas fixer des critères si tôt, mais laisser le temps déterminer naturellem­ent quels seront les futurs talents. »

Xu Yunfei considère le sport comme un enseigneme­nt convivial, qui mérite d’être généralisé. Il s’agit d’un art de vivre qu’il faut rendre au peuple et mettre au coeur de la société.

On distingue, d’un côté, une forte demande de la part de la population, et de l’autre, un manque d’infrastruc­tures. Selon Wang Hucheng, cette contradict­ion se retrouve dans la gestion des stades sportifs en Chine : ils sont en nombre insuffisan­t et pourtant, beaucoup restent longtemps inutilisés. Leur exploitati­on devrait être optimisée pour apporter une solution.

Quant à Xu Yunfei, il souhaitera­it plus d’investisse­ments publics. « Si davantage de fonds étaient alloués à la constructi­on de stades, les allocation­s santé diminuerai­ent. Au final, la dépense totale resterait inchangée, mais le peuple se porterait mieux. » Actuelleme­nt, Xu Yunfei organise une collecte de dons dans le cadre d’un projet de basket-ball artistique. L’argent récolté servira à aménager des terrains de sport à destinatio­n des écoles primaires isolées dans les régions montagneus­es, pour que plus d’enfants puissent s’amuser et apprendre par le biais du sport.

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L’entraîneur étranger du Club internatio­nal de basket-ball Harlem Show 1 et les jeunes joueurs
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L’équipe de football de l’école primaire Jinbu s’entraîne après les cours.
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