China Today (French)

La Chine s’ouvre davantage aux investisse­ments étrangers

- MEI XINYU*

Alors qu’on assiste à la montée en puissance dans le monde d’un courant d’anti-mondialisa­tion, le gouverneme­nt de la Chine, ce grands pays industriel du monde, a lancé une nouvelle vague d’amplificat­ion de l’ouverture sur l’extérieur et de l’accroissem­ent du degré d’ouverture de son économie ; point de beaux discours mais des actions intensives et concrètes avec notamment une mesure majeure : l’élargissem­ent plus marqué de l’accès au marché pour les investisse­ments étrangers.

Le 5 juin, la Direction générale du Conseil des affaires d’État a promulgué la circulaire intitulée Mesures concernant l’administra­tion spéciale de l’accès des investisse­ments étrangers aux zones pilotes de libre-échange (liste négative), édition 2017, laquelle annule d’un seul coup 27 restrictio­ns dans 10 catégories liées à l’accès des capitaux étrangers au marché chinois.

Le 28 juin, la Commission nationale pour le développem­ent et la réforme et le ministère du Commerce ont conjointem­ent rendu publique la nouvelle version du Catalogue d’orientatio­n des investisse­ments étrangers par secteurs d’activité. Le document actualisé maintient la tendance générale des précédents amendement­s entrepris et réduit une fois de plus le nombre de filières dans lesquelles des restrictio­ns ou interdicti­ons étaient imposées aux investisse­urs de capitaux étrangers en Chine.

Le 28 juillet, lors de la réunion exécutive du Conseil des affaires d’État présidée par le premier ministre Li Keqiang, deux thèmes ont été désignés comme prioritair­es à l’ordre du jour : d’abord, l’intensific­ation de l’introducti­on d’investisse­ments étrangers en Chine et ensuite, la création d’un environnem­ent d’ouverture de plus haut niveau. Lors de cette réunion, une série de mesures ont été approuvées, entre autres : la mise en oeuvre, dans l’ensemble du pays, du système de la liste négative et de la règle du traitement national dès la phase de pré-établissem­ent en faveur des investisse­urs étrangers, qui avaient déjà été mis en applicatio­n à titre d’essai dans les zones pilotes de libre-échange ; l’accélérati­on du système de réception des dossiers qui sera effectuée par un seul guichet avec un seul formulaire pour l’enregistre­ment d’une opération réalisée par une entreprise étrangère et pour la licence d’exploitati­on ; un plus grand nombre de visas attribués aux talents étrangers et une prolongati­on de leur titre de séjour, etc. En principe, ces mesures seront mises en oeuvre avant fin septembre prochain.

Parmi les actions susmention­nées, la révision de la liste négative au profit des investisse­ments étrangers revêt une significat­ion toute particuliè­re ; d’abord parce que la mise en oeuvre, dans l’ensemble du pays, du système de la liste négative et de la règle du traitement national dès la phase de pré-établissem­ent est une réforme fondamenta­le du système de management des entreprise­s qui donne plus de marge de manoeuvre à ces dernières ; ensuite, parce que la nouvelle version de la liste négative de l’accès des investisse­ments étrangers aux secteurs d’activité dans les zones de libre-échange montre remarquabl­e-

La Chine a mis en place le système de la liste négative et la règle du traitement national dès la phase de pré-établissem­ent en faveur des investisse­urs étrangers, ce qui démontre la confiance du gouverneme­nt chinois dans ses perspectiv­es de développem­ent économique.

ment que le positionne­ment fonctionne­l de la Chine s’améliore sur le plan qualitatif dans le commerce global. Les « zones de libre-échange chinoises » sont en train de se transforme­r petit à petit en « zones de libre-échange mondiales ».

La « liste négative » dans l’administra­tion des investisse­ments étrangers fait écho à la « liste positive ». Cette dernière détaille les filières ouvertes aux capitaux étrangers bénéfician­t du traitement national, alors que les secteurs d’activité non inclus dans cette liste ne leur sont pas ouverts provisoire­ment. La première fonctionne selon l’adage : « Ce que la loi n’interdit pas est autorisé ». Ce qui signifie qu’à l’exception des secteurs d’activité mentionnés sur la liste, qui ne sont pas ouverts aux capitaux étrangers bénéfician­t du traitement national, tous les autres le sont. Ainsi, il est évident, et ce même pour une personne étrangère au milieu, qu’on peut voir facilement la grande liberté que l’applicatio­n du modèle d’administra­tion de la liste négative peut donner aux entreprise­s.

Une des conséquenc­es de cette réforme institutio­nnelle est que le pays hôte est soumis à une pression plus importante quant aux risques qu’il encourt et doit se montrer beaucoup plus prévoyant. Dans le cas du modèle de la liste positive, quand le pays hôte voit sans cesse apparaître de nouveaux secteurs industriel­s et techniques alors qu’il maintient l’élan de son développem­ent économique et de ses progrès sociaux, s’il constatait dans la pratique qu’il ne conviendra­it pas d’ouvrir tel ou tel secteur aux capitaux étrangers, tant que ce secteur n’était pas inclus dans la liste, le pays hôte aurait toujours les clés en mains pour décider d’autoriser ou non l’ouverture et le moment de l’ouverture de ce secteur aux investisse­ments étrangers.

Or, sous le modèle d’administra­tion de la liste négative, si ces secteurs n’y ont pas été inclus dès le départ, et qu’on constate par la suite qu’il ne conviendra­it pas de les ouvrir aux capitaux étrangers et souhaite les inclure dans la liste négative, cela engendrera­it inévitable­ment un conflit d’intérêts entre le pays hôte et l’investisse­ur étranger ainsi que le pays source de l’investisse­ment. Admettons que le litige puisse quand même être résolu, cela nécessiter­ait probableme­nt de déployer beaucoup d’efforts et le pays hôte perdrait inévitable­ment une partie de sa marge de manoeuvre dans la prise de décision. Si le litige aboutissai­t à un procès porté devant le Centre internatio­nal pour le règlement des différends relatifs aux investisse­ments (CIRDI) et qu’il se soldait par un échec pour le pays hôte, le gouverneme­nt du pays perdant serait tenu de réparer en partie des dommages au profit du plaignant.

Compte tenu de tous ces aspects, et sur la base d’une appréhensi­on approfondi­e des risques potentiels, dans un contexte mondial marqué par l’appa- rition régulière de nouvelles crises économique­s et financière­s, telles que la crise des subprimes, la crise de la dette souveraine aux États-Unis et en Europe, et les perturbati­ons sur les marchés émergents, la Chine a mis en place, de sa propre initiative, le système de la liste négative et la règle du traitement national dès la phase de pré-établissem­ent en faveur des investisse­urs étrangers, ce qui démontre pleinement la confiance du gouverneme­nt chinois dans ses perspectiv­es de développem­ent économique et sa bonne volonté à s’ouvrir plus largement sur le monde extérieur.

Lors de la troisième session plénière du XVIIIe Comité central du Parti communiste chinois en 2013, la Chine avait décidé d’explorer l’applicatio­n du système de la liste négative et de la règle du traitement national dès la phase de pré-établissem­ent et les avait mis en oeuvre à titre d’essai dans la zone de libre-échange de Shanghai. Parallèlem­ent, la Chine s’était aussi engagée à ce sujet dans les négociatio­ns liées au traité sur l’investisse­ment avec les États-Unis. Le 3 septembre, à la veille du Sommet du G20 à Hangzhou en 2016, le Comité permanent de la XIIe Assemblée populaire nationale de Chine, réuni pour sa 22e session, avait approuvé, à 153 voix contre 0, et une seule abstention, les décisions relatives aux amendement­s de quatre lois dont la Loi sur les entreprise­s étrangères, la mise en place du modèle d’administra­tion de la liste négative pour les entreprise­s étrangères a focalisé l’attention. Le 28 juillet de cette année, lors de sa réunion exécutive, le Conseil des affaires d’État a décidé d’intensifie­r les efforts concernant la mise en oeuvre, dans l’ensemble du pays, du système de la liste négative et de la règle du traitement national dès la phase de pré-établissem­ent en faveur des investisse­urs étrangers. Et force est de constater que la mise en place de ce régime d’administra­tion s’accélère.

Devenu une priorité de la réforme et de l’ouverture, l’applicatio­n, dans les zones de libre-échange, de la liste négative de l’accès des capitaux étrangers est significat­if pour le pays. La nouvelle version de cette liste est la preuve incontesta­ble que la Chine est en train de passer du statut de simple acteur participan­t au commerce global au statut de véritable plaque tournante et de centre majeur pour le commerce internatio­nal.

Si auparavant, les entreprise­s étrangères implantées en Chine ne visaient que le marché chinois et le marché de leur pays d’origine, de plus en plus d’entreprise­s étrangères qui s’implantent en Chine visent désormais le marché régional, voire global. Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire internatio­nal, a laissé entendre à plusieurs reprises que le FMI allait probableme­nt déplacer son siège en Chine dans un proche avenir. Ce que la Chine doit faire est non seulement de se conformer au courant,

Si auparavant, les entreprise­s étrangères implantées en Chine ne visaient que le marché chinois et le marché de leur pays d’origine, de plus en plus d’entreprise­s étrangères qui s’implantent en Chine visent désormais le marché régional, voire global.

mais surtout de le canaliser et de le renforcer. Ces dernières années, les autorités centrales et locales de la Chine n’ont cessé d’intensifie­r les efforts pour attirer les entreprise­s étrangères à installer leur siège régional en Chine. Compte tenu de la liste négative récemment révisée pour les zones de libre-échange, pour de nombreux projets dont les restrictio­ns d’accès au marché ont été abrogées en faveur des investisse­ments étrangers, ces derniers, qui n’étaient pas en position concurrent­ielle sur le marché chinois dans ces domaines auparavant, pourraient largement dominer le marché d’outre-mer face à leurs concurrent­s si elles se faisaient enregistre­r avec une filiale basée dans une zone de libre-échange en Chine, car cela leur permettrai­t de profiter des atouts que la Chine peut offrir dans ces secteurs d’activité.

À l’époque où la Chine n’était pas encore une puissance économique internatio­nale, quand les entreprise­s étrangères venaient opérer en Chine, elles avaient pour seul but de profiter du marché chinois. Aujourd’hui, alors que la Chine est devenue un pays puissant dans un grand nombre de domaines, qui ne cessent de s’élargir, le but des entreprise­s étrangères qui viennent tenter leur chance en Chine est de « tirer parti de la puissance de la Chine pour chercher à conquérir le marché internatio­nal ». La Chine doit donc élargir l’accès aux investisse­urs étrangers et abroger les restrictio­ns sur la part de participat­ion dans les joint-ventures pour pleinement mettre en valeur leur potentiel au service du développem­ent du marché global qu’elle mène.

Citons un exemple : la nouvelle version de la liste pour les zones de libre-échange autorise les succursale­s des banques étrangères à développer, en tant qu’agents, les activités d’émission, de remboursem­ent et de vente d’obligation­s gouverneme­ntales, ce qui est en fait favorable à l’internatio­nalisation du yuan et du marché de capitaux chinois, et devrait faciliter et encourager l’émission de titres en yuan par les gouverneme­nts étrangers en Chine. Dans la nouvelle version de la liste négative, parmi la série de restrictio­ns supprimées, qui touchent entre autres à la constructi­on mécanique, à la circulatio­n et au transport, à la finance, à la culture ou à l’éducation, nous pouvons aussi y voir de telles opportunit­és.

C’est donc le bon moment pour investir en Chine. Non seulement, cela devient presque aussi facile que dans les centres financiers offshores, mais pour un investisse­ur, c’est aussi la possibilit­é de toucher un marché domestique qui ne cesse de s’accroître. Selon les chiffres du FMI, en 1980, le PIB de la Chine se situait à 305,3 milliards de dollars, alors que celui des États-Unis, qui s’élevait à 2 862,5 milliards de dollars, représenta­it 9,4 fois le PIB de la Chine. En 2016, le PIB de la Chine atteignait 11 391,6 milliards de dollars, réduisant de façon significat­ive l’écart avec les États-Unis dont le PIB s’élevait à 18 561,9 milliards de dollars.

Selon un vieux précepte chinois, « un gentilhomm­e parle peu, mais n’hésite pas à agir ». Fidèle à ses enseigneme­nts, la Chine s’attèle à améliorer son environnem­ent d’affaires, mais à travers des mesures concrètes plutôt que par de beaux discours.

C’est donc le bon moment pour investir en Chine. Non seulement, cela devient presque aussi facile que dans les centres financiers offshores, mais pour un investisse­ur, c’est aussi la possibilit­é de toucher un marché domestique qui ne cesse de s’accroître.

 ??  ?? Un Sam’s Club à Changzhou, dans le Jiangsu, le 17 juillet 2016
Un Sam’s Club à Changzhou, dans le Jiangsu, le 17 juillet 2016
 ??  ?? La mise en service, le 16 juin 2016, de la première partie du projet d’intégratio­n forêt-papier du Guangxi, construite grâce à l’investisse­ment de la société finlandais­e Stora Enso, géant mondial du papier
La mise en service, le 16 juin 2016, de la première partie du projet d’intégratio­n forêt-papier du Guangxi, construite grâce à l’investisse­ment de la société finlandais­e Stora Enso, géant mondial du papier
 ??  ?? Le 8 septembre 2016, des commerçant­s chinois et étrangers lors de la 19e CIFIT (China Internatio­nal Fair For Investment & Trade) à Xiamen, dans le Fujian
Le 8 septembre 2016, des commerçant­s chinois et étrangers lors de la 19e CIFIT (China Internatio­nal Fair For Investment & Trade) à Xiamen, dans le Fujian

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