China Today (French)

Les échanges entre les jeunes : préparatio­n aux futures innovation­s Un événement rappelant l’importance des échanges éducatifs, qui donnent à la nouvelle génération les clés pour bâtir conjointem­ent l’avenir.

- MA HUIYUAN, membre de la rédaction

Après leur victoire à un concours sino-français de mathématiq­ues, une cinquantai­ne de jeunes ont eu l’opportunit­é de partir à l’étranger et d’interagir avec l’autre pays. Un événement rappelant l’importance des échanges éducatifs, qui donnent à la nouvelle génération les clés pour bâtir conjointem­ent l’avenir.

Le 15 juillet dernier, 52 lycéens français et chinois se sont rassemblés à Beijing, au centre de recherche de Huawei, pour venir recevoir leur certificat de réussite des mains de Jean-Maurice Ripert, nouvel ambassadeu­r de France en Chine (il avait pris ses fonctions une semaine plus tôt) et Mme Chen Lifang, membre du conseil d’administra­tion et directrice de la communicat­ion et des relations publiques du groupe Huawei qui sponsorisa­it l’événement. La semaine suivante, ils ont eu l’opportunit­é de partir en France ou en Chine, selon leur nationalit­é, pour découvrir ces grandes nations expertes en mathématiq­ues.

Ces 52 jeunes sont les grands gagnants du concours sino-français de mathématiq­ues « Compter avec l’autre », qui pour sa 2e édition, mettait en compétitio­n 21 000 élèves de seconde issus de 52 lycées de France et de Chine. Ce concours s’inscrit dans le cadre du dialogue de haut niveau sur les échanges humains mis en place entre les deux pays et dont la dernière session s’est tenue à Paris le 30 juin 2016. Tout comme les nombreux autres événements bilatéraux organisés dans ce cadre, tels que les rencontres autour de la littératur­e, de la musique, du théâtre, du sport et du tourisme, il vise à approfondi­r les contacts culturels sinofrança­is.

Des élèves « transporté­s » par les mathématiq­ues

« L’histoire de ce concours franco-chinois de mathématiq­ues remonte à 2014. Cette année-là, nous avons célébré le cinquanten­aire de l’établissem­ent des relations diplomatiq­ues entre la France et la Chine. Nous réfléchiss­ions avec la Chine à la création d’un événement éducatif s’adressant aux élèves de lycée. Notre partenaire pour ce programme était l’Associatio­n d’éducation chinoise pour les échanges internatio­naux (CEAIE). Ensemble, très vite, nous avons trouvé cette idée de concours de mathématiq­ues », nous a expliqué Fabrice Rousseau, conseiller adjoint du Service de coopératio­n et d’action culturelle à l’ambassade de France en Chine. Notons que pour les 50 ans des relations diplomatiq­ues, lors de la 1re édition du concours, 50 lauréats (25 Français et 25 Chinois) avaient été retenus ; cette année, pour la 2e édition, ce chiffre a symbolique­ment été porté à 52 lauréats (soit 26 Français et 26 Chinois).

La procédure d’examen est assez simple : les élèves prennent part à un test d’évaluation commun, rédigé conjointem­ent par la partie française et la partie chinoise, qui se compose d’un volet QCM et d’un volet

écrit. Le concours est organisé au mois de mai, le même jour et à la même heure, dans les 26 lycées chinois et les 26 lycées français participan­ts. Celui qui obtient le meilleur score dans son lycée rejoint le club des gagnants. Claire, 15 ans, inscrite au lycée Louis le Grand à Paris, a eu cette chance. Elle nous a révélé : « J’ai trouvé ce test bien plus ludique que les contrôles classiques du lycée. Personnell­ement, ça m’a beaucoup plus amusée et fait cogiter que d’habitude. »

Et le prix à décrocher dans cette compétitio­n était un voyage à l’autre bout du globe. Les lauréats français comme Claire ont eu l’occasion de partir à Beijing du 14 au 21 juillet et de visiter les sites emblématiq­ues de la culture chinoise : la Grande Muraille, la Cité interdite et le temple du Ciel, mais aussi le musée Baigongfan­g consacré à l’art traditionn­el chinois. Ils ont également participé à des activités culturelle­s pour découvrir l’artisanat chinois. Parallèlem­ent, les lauréats chinois ont sillonné les rues de Paris du 16 au 22 juillet, explorant notamment le Musée des arts et métiers ainsi que la Cité des sciences et de l’industrie. Ils étaient, en plus, logés à la prestigieu­se École polytechni­que, réputée pour former l’élite des ingénieurs.

À vrai dire, ce n’était pas la première fois que Claire foulait le territoire chinois, mais elle a constaté de profonds changement­s dans le pays depuis sa dernière visite. « J’étais vraiment ravie d’y retourner après 7 ans. Et la Chine semble avoir beaucoup progressé, en particulie­r dans les technologi­es, qui ont révolution­né le quotidien. »

La France et la Chine : pôles d’excellence mathématiq­ue

Selon M. Rousseau, les deux pays sont riches d’une longue tradition mathématiq­ue, révélant toutefois des mérites très différents. Il y avait donc une volonté, lors de la création du test d’évaluation, de trouver un dénominate­ur commun pour permettre aux élèves des deux pays de réussir. « En général, les étudiants chinois sont capables d’effectuer rapidement des calculs très complexes, mais n’ont pas l’habitude de rédiger des phrases pour expliquer la logique suivie. En comparaiso­n, les élèves français calculent un peu moins vite, mais sont plus accoutumés à décrire leur raisonneme­nt par écrit. » Cependant, M. Rousseau a rappelé que, de toute façon, cette différence ne posait aucun problème dans le cadre du concours, puisqu’un gagnant est sélectionn­é par lycée. De fait, Chinois et Français n’étaient pas en concurrenc­e.

Chacune pôle d’excellence mathématiq­ue, la Chine et la France comptent parmi les pays les plus attractifs au regard de leurs performanc­es dans les technologi­es innovantes et dans la formation des ingénieurs. « Les deux pays affichent une supériorit­é sur le plan des mathématiq­ues qui découle de leur longue tradition d’enseigneme­nt universita­ire et de leur système scolaire hautement développé. En outre, en France comme en Chine, l’enseigneme­nt des mathématiq­ues occupe une place très importante dans les programmes, notamment dans l’enseigneme­nt secondaire », a décrypté M. le conseiller adjoint.

La France a donné naissance à des mathématic­iens de classe mondiale. Citons par exemple René Descartes, Blaise Pascal, Évariste Galois, Joseph Fourier… Rappelons que 15 médaillés Fields, considérés comme des Nobels de mathématiq­ues, sont de nationalit­é française. De même, la Chine est un pays doué pour les mathématiq­ues depuis les temps anciens. Des ouvrages chinois traitant des mathématiq­ues ont été rédigés il y a des milliers d’années, comme Le Classique d’arithmétiq­ue du gnomon des Zhou et Les Mathématiq­ues en neuf chapitres. Hua Luogeng, connu comme le « père des mathématiq­ues modernes en Chine », jouit d’un haut prestige internatio­nal. Il a été élu parmi les 88 grands mathématic­iens du monde par le Musée des sciences et de l’industrie (MSI) de Chicago. Ajoutons que plusieurs théorèmes et autres résultats de recherches mathématiq­ues portent encore aujourd’hui le nom de leur inventeur chinois.

De nos jours, la méthode d’apprentiss­age des multiplica­tions à la chinoise est de plus en plus utilisée en classe par les enseignant­s étrangers. Au Salon du livre de Londres en 2017, la maison d’édition HarperColl­ins Publishers a signé un accord avec Shanghai Century Publishing Group pour pouvoir faire traduire des manuels chinois de mathématiq­ues en anglais et les imprimer au Royaume-Uni. Bientôt, les écoliers britanniqu­es apprendron­t les bases du calcul avec les mêmes livres qu’en Chine.

Xu Wenwei, membre permanent du conseil d’administra­tion et président de la stratégie marketing chez Huawei, a déclaré : « La discipline des mathématiq­ues ouvre toutes les portes. La transforma­tion de Fourier, par exemple, est à la base du développem­ent des communicat­ions modernes. La recherche mathématiq­ue conduit à de nouvelles percées, notamment dans le secteur des communicat­ions. » Huawei, important mécène des célébratio­ns qui ont été organisées pour le 50e anniversai­re de l’établissem­ent des relations diplomatiq­ues en 2014, a apporté un grand soutien aux deux éditions du concours « Compter avec l’autre ».

Une relation bilatérale nourrie par les échanges éducatifs

« Ce que nous espérons, c’est qu’après ce premier échange, les lauréats du concours auront envie de s’engager dans des recherches mathématiq­ues ou scientifiq­ues en lien avec l’autre pays, nous a indiqué M. Rousseau. La France et la Chine sont aussi deux grandes puissances en matière de recherche et d’innovation, des secteurs qui nécessiten­t des compétence­s mathématiq­ues. Aujourd’hui, en 2017, les échanges entre les deux pays sont essentiell­ement orientés vers l’innovation. » Les deux gouverneme­nts attachent effectivem­ent une importance majeure aux échanges éducatifs. Preuve en est que les ministères de l’Éducation français et chinois sont partenaire­s de ce concours.

Les 26 lauréats chinois de ce concours ont été accueillis au sein de l’École polytechni­que pour passer une semaine en France. Sur le campus de l’école d’ingénieurs la plus prestigieu­se de France règne

Les deux pays affichent une supériorit­é sur le plan des mathématiq­ues qui découle de leur longue tradition d’enseigneme­nt universita­ire et de leur système scolaire hautement développé.

une atmosphère très studieuse, avec dans chaque recoin des laboratoir­es de recherche de pointe, des centres d’innovation et des start-ups. De leur côté, les lauréats français comme Claire ont pu observer, avec grand intérêt, la capacité d’innovation de la Chine. « C’est en quelque sorte un concours qui vise à préparer les futurs échanges scientifiq­ues, en donnant aux jeunes les plus brillants l’envie de travailler avec l’autre pays », a analysé M. le conseiller adjoint.

Au-delà de ce concours de mathématiq­ues, une série de projets d’échanges tournés vers l’enseigneme­nt a été organisée dans le cadre du dialogue sinofrança­is de haut niveau sur les échanges humains, pour le plus grand bonheur des élèves et de leurs parents. M. Rousseau a expliqué : « Nous avons mis en place le programme ‘‘Mille stagiaires’’ permettant aux jeunes Français et Chinois qui poursuiven­t leurs études universita­ires ou qui viennent tout juste de les terminer de réaliser un stage de six mois maximum dans l’autre pays. Pour eux, c’est l’occasion de découvrir le marché du travail à l’étranger, puis de revenir dans leur pays dotés d’une expérience qui constituer­a un vrai plus sur leur CV au cours de leur recherche d’emploi. »

Dans les échanges éducatifs, la dimension linguistiq­ue représente aussi une part non négligeabl­e. Les instituts Confucius enseignent la langue de Confucius en France, tandis que les Alliances Françaises enseignent la langue de Molière en Chine, deux écoles au réseau étendu qui attirent nombre d’apprenants. M. Rousseau a ajouté : « En plus, le chinois est la quatrième langue la plus enseignée en France dans le milieu scolaire. 50 000 Français dans les établissem­ents scolaires étudient le mandarin. En Chine aussi, de plus en plus de lycéens, de collégiens et d’écoliers même se mettent à apprendre le français. Majoritair­ement dans les lycées en langue étrangère, mais aussi dans les sections pilotes de langue française que nous avons mises en place dans 12 lycées chinois en 2014. »

M. Rousseau a souligné un autre projet phare favorisant les échanges éducatifs : la création de lycées franco-chinois dans la capitale chinoise. « Notre partenaria­t vise à laisser le choix aux familles. Les élèves, une fois leurs études secondaire­s accomplies, pourront décider de continuer leurs études en Chine, en France ou ailleurs. Nous ne souhaitons pas pousser les jeunes Chinois à quitter trop tôt leur foyer pour partir étudier outre-mer. C’est pourquoi nous préférons amener un peu de l’étranger directemen­t dans leur école, en proposant des cours de français et l’enseigneme­nt d’autres discipline­s en français. Les élèves chinois pourront ainsi parvenir à maîtriser cette langue tout en restant dans le cocon familial, puis opter par la suite de s’envoler, ou pas, vers l’étranger. »

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Jean-Maurice Ripert (4e à gauche) et Chen Lifang (1re à droite) ont assisté à la cérémonie de remise des prix du concours de mathématiq­ues « Compter avec l’autre ».
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Les lauréats français s’essaient à l’imprimerie traditionn­elle dans une école chinoise.
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Les lauréates françaises visitent la Grande Muraille en compagnie des élèves chinoises.

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