China Today (French)

Dans les médias chinois

Les États-Unis ouvrent le jeu à somme nulle

- ZHANG JINGWEI﹡

Les relations commercial­es sino-américaine­s restent confrontée­s à de graves défis. Le Bureau du représenta­nt américain au commerce a confirmé le 1er décembre 2017 que l’administra­tion Trump avait officielle­ment soumis un document écrit à l’OMC, s’opposant à l’octroi du statut d’économie de marché à la Chine dans l’enquête antidumpin­g.

Selon un reportage du Wall Street Journal, les États-Unis ont présenté cette décision à l’OMC à la mi-novembre, mais celle-ci n’a pas été rendue publique avant le 30 novembre. Le reportage affirme que c’est la première fois que les États-Unis affirment ouvertemen­t cette position et en expliquent la raison, bien qu’elle ait déjà été insinuée par des officiels américains. « Refuser officielle­ment de reconnaîtr­e le statut d’économie de marché de la Chine va exacerber les tensions dans les relations commercial­es entre les deux pays », a ajouté le commentate­ur.

Plus tôt, l’UE avait également refusé d’accorder le statut d’économie de marché à la Chine qui avait réagi en intentant une action en justice à l’OMC. Selon le texte soumis à l’OMC par les États-Unis, ces derniers n’octroieron­t pas le statut d’économie de marché à la Chine, quelles que soient les conditions prévues dans le Protocole d’adhésion de la Chine à l’OMC ; ils présentent également leurs « règles » sans pour autant en préciser le contenu et précisent que la Chine doit respecter les mêmes « règles » que les autres membres de l’OMC.

Le statut d’économie de marché de la Chine n’est pas reconnu par l’UE, ni par les États-Unis, le Japon et le Canada. Le fait que le monde occidental a dit « non » au commerce chinois d’une même voix, – ce qui est très rare –, va au-delà du cadre commercial et est plein de préjugés idéologiqu­es.

Conforméme­nt à l’Article 15 du Protocole d’adhésion de la Chine à l’OMC, à compter du 11 décembre 2016, les membres de cette organisati­on devaient arrêter d’utiliser l’approche de « pays de substituti­on » dans leurs mesures antidumpin­g contre la Chine, c’està-dire, ils devaient reconnaîtr­e le statut d’économie de marché de la Chine. À cause de l’approche de « pays de substituti­on », les pays pratiquant l’antidumpin­g contre la Chine imposent des droits de douane élevés, et les exportatio­ns chinoises connaissen­t une perte qui se chiffre en milliards de dollars chaque année.

En ignorant les règles de l’OMC, les États-Unis, l’UE et d’autres pays du monde occidental ont sapé les mécanismes de cette organisati­on, ce qui porte préjudice à l’autorité de l’OMC en la discrédita­nt. Plus ironiqueme­nt, l’administra­tion Trump, insistant sur sa position de « l’Amérique d’abord », est le « roi des destructeu­rs » du mécanisme commercial multilatér­al du monde. Trump a déclaré qu’il avait l’intention, soit d’abandonner, soit de renverser, l’Accord de partenaria­t transpacif­ique (TPP) et l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) pour en mettre en place des nouveaux. Il recherche l’« Amérique d’abord » dans les relations commercial­es des États-Unis avec ses principaux partenaire­s et menace même de sortir de l’OMC.

La Chine est le plus grand pays de commerce de marchandis­es au monde. Depuis une dizaine d’années, sa participat­ion a complèteme­nt changé la structure de pouvoir du commerce mondial. Mais l’UE, les ÉtatsUnis et d’autres pays occidentau­x sont très inquiets face à la montée en puissance de la Chine, sur le plan commercial mais aussi plus globalemen­t. Ainsi, le monde occidental semble avoir trouvé un consensus sur le fait de jouer des tours dans le cadre de l’OMC pour faire barrage à la Chine.

Bien sûr, il existe aussi d’importants différends commerciau­x au sein du monde occidental. Le Japon et l’Allemagne figurent sur la liste dressée par l’administra­tion Trump des pays manipulate­urs de devises. Et lors des visites de ce dernier à l’UE et au Japon, il a ouvertemen­t critiqué les agissement­s déloyaux des deux pays à l’égard des États-Unis dans le domaine du commerce.

Pour contrer le protection­nisme des États-Unis, le Japon et l’Europe créent aussi des mécanismes de commerce multilatér­aux écartant les États-Unis. Cependant, en dépit des « conflits internes », le monde occidental est parvenu à un certain consensus face à la montée en puissance de la Chine sur le plan économique et commercial, qui consiste à dénoncer la Chine dans le

En ignorant les règles de l’OMC, les États-Unis, l’UE et d’autres pays du monde occidental ont sapé les mécanismes de cette organisati­on, ce qui porte préjudice à l’autorité de l’OMC en la discrédita­nt.

cadre de l’OMC, à ne pas reconnaîtr­e son statut d’économie de marché et à utiliser l’approche de « pays de substituti­on » pour obtenir plus d’intérêts commerciau­x dans l’enquête antidumpin­g et antisubven­tion contre la Chine.

De plus, le monde occidental, en prenant des contremesu­res injustes envers la Chine, dissimule, sous couvert du cadre de l’OMC, son non-respect des règles, de sorte que c’est finalement la Chine qui paie le double prix du commerce et de la morale.

L’administra­tion Trump ne prend jamais au sérieux le mécanisme commercial multilatér­al du monde. Ce pays, qui a menacé de sortir de l’OMC et qui en méprise toujours les règles, utilise aujourd’hui cette dernière pour tendre des embûches à la Chine. Il s’agit là d’un exemple typique de l’hégémonie économique américaine.

Toutefois, c’est une approche qui n’est pas du tout judicieuse.

D’abord, contrairem­ent à l’UE qui demeure en faveur de la mondialisa­tion, Trump est devenu un symbole de l’antimondia­lisation, et le sabotage des règles de l’OMC par les États-Unis ne fait que s’ajouter à des actes commerciau­x étourdis et utilitaire­s du président américain.

Ensuite, la Chine et les États-Unis sont les deux plus grandes puissances commercial­es du monde. Si les ÉtatsUnis ne reconnaiss­ent pas le statut d’économie de marché de la Chine, celle-ci entamera une procédure pour trouver une solution raisonnabl­e comme elle le fait avec l’UE. Mais si le recours à la justice pour défendre ses droits n’aboutit pas, la Chine prendra aussi des contre-mesures commercial­es. Un conflit commercial entre deux puissances commercial­es conduirait à la défaite des deux puissances, sans arriver à une guerre commercial­e.

Enfin, malgré un certain déséquilib­re commercial, les rencontres entre les chefs d’État des deux pays ainsi que des réunions institutio­nnelles de haut niveau ont permis de réaliser de grands progrès. Et la visite de Trump en Chine s’est soldée par des commandes qui représente­nt plus de 250 milliards de dollars. Ne pas reconnaîtr­e le statut d’économie de marché de la Chine entravera la coopératio­n commercial­e sino-américaine, et aura un impact négatif sur les résultats commerciau­x. Et plus, à cause de leur politique de l’« Amérique d’abord », les États-Unis ont offensé presque tous leurs partenaire­s commerciau­x.

Grâce aux efforts de la Chine, les échanges commerciau­x entre les deux pays ont abouti à des résultats institutio­nnels. La Chine appelle toujours à résoudre les divergence­s commercial­es bilatérale­s d’une façon plus rationnell­e et plus pragmatiqu­e, afin de fournir un modèle de coopératio­n gagnant-gagnant pour le commerce mondial.

Le fait que les États-Unis ne reconnaiss­ent pas le statut d’économie de marché de la Chine ne contribuer­a pas à résoudre les divergence­s commercial­es sino-américaine­s, mais provoquera, au contraire, des différends commerciau­x. Si la Chine lance des contre-mesures, Trump se retrouvera­it vraiment isolé, et la fameuse politique de l’« Amérique d’abord » deviendrai­t un bon sujet de raillerie.

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Le 12 décembre 2016 La Chine a déposé une demande de négociatio­n auprès de l’organe de règlement des différends dans le cadre de l’OMC en réaction à l’approche de « pays de substituti­on » utilisée par les États-Unis et l’UE dans leurs mesures...

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