China Today (French)

L’OCS : une percée majeure dans les théories des relations internatio­nales

- ZENG XIANGHONG*

Lors de la 18e réunion du Conseil des chefs d’État des pays membres de l’Organisati­on de coopératio­n de Shanghai (OCS) qui a eu lieu dans la ville côtière chinoise de Qingdao, le président chinois Xi Jinping a fait le bilan du développem­ent de l’OCS, en soulignant que l’organisati­on « a réalisé une percée majeure dans les théories et pratiques des relations internatio­nales, créé un nouveau modèle de coopératio­n régionale, et apporté de nouvelles contributi­ons à la paix et au développem­ent dans la région ». C’est la première fois que cette innovation de l’OCS en matière de théories et de pratiques des relations internatio­nales sont ainsi soulignées au niveau national.

Une organisati­on endogène fondée sur une coopératio­n sécuritair­e

Un grand nombre d’organisati­ons générales de coopératio­n régionale dans la communauté internatio­nale ont été établies à partir de coopératio­ns économique et commercial­e, coopératio­ns que l’on peut considérer comme superficie­lles. Ensuite, elles ont élargi et approfondi la coopératio­n, par exemple aux domaines politique ou sécuritair­e. C’est le modèle de coopératio­n régionale proposé par le néo-fonctionna­lisme, une théorie occidental­e des relations internatio­nales.

L’OCS présente un modèle de coopératio­n différent. Cette organisati­on est née d’une coopératio­n sécuritair­e entre les « cinq pays de Shanghai » (la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghistan et le Tadjikista­n) qui visait à renforcer la confiance au niveau des frontières et à réduire l’effectif des forces armées dans ces zones. Depuis sa création, elle remplit une importante mission de lutte contre le terrorisme, le séparatism­e et les extrémisme­s. Résultant d’une coopératio­n sécuritair­e plutôt qu’économique ou politique, l’OCS connaît un processus de développem­ent tout à fait différent d’autres mécanismes de coopératio­n régionale.

En outre, créée après la guerre froide, l’OCS se donne pour mission de consolider la coopératio­n régionale des pays membres, plutôt que celle de s’adapter à l’évolution de l’environnem­ent politique internatio­nal. C’est une organisati­on endogène, différente des organisati­ons internatio­nales régionales, qui se sont établies sous la pression internatio­nale pour créer des unités plus puissantes.

Mettre en pratique « l’esprit de Shanghai »

« L’esprit de Shanghai » qui repose sur la confiance mutuelle, les bénéfices réciproque­s, l’égalité, la consultati­on, le respect de la diversité culturelle et la poursuite d’un développem­ent commun, est l’un des principes de fonctionne­ment de l’OCS. La confiance mutuelle et les bénéfices réciproque­s sont les conditions préalables au fonctionne­ment stable de l’organisati­on et à la réalisatio­n d’une coopératio­n gagnant-gagnant ; l’égalité et la consultati­on sont les principes permettant aux pays membres de s’entendre, de mobiliser les intelligen­ces et les énergies, et de promouvoir la coopératio­n multilatér­ale ; le respect de la diversité culturelle est une ligne de conduite que s’est fixée l’organisati­on pour traiter les différence­s de civilisati­on, de culture, de système politique et de voie de développem­ent entre les pays membres ; la poursuite d’un développem­ent commun est l’objectif vers lequel tend l’organisati­on.

D’autres organisati­ons internatio­nales régionales reposent sûrement sur des principes similaires à ceux que l’on trouve dans « l’esprit de Shanghai », mais « l’esprit de Shanghai » est le seul qui rassemble tous ces principes. Il répond efficaceme­nt à toutes les préoccupat­ions des pays membres : la confiance mutuelle et les bénéfices réciproque­s aident à apaiser l’inquiétude des pays membres quant aux inégalités de redistribu­tion des bénéfices issus de la coopératio­n ; l’égalité et la consultati­on rassurent les petits et moyens pays membres qui pourraient craindre d’être dominés par les grands pays de l’organisati­on ; le respect de la diversité culturelle aide les pays membres à éviter les conflits culturels grâce au dialogue entre les cultures. Et si « l’esprit de Shanghai », principe sur lequel repose l’OCS, semble abstrait, sa mise en pratique constitue une base qui assurera le développem­ent stable de l’organisati­on, en lui permettant de surmonter les difficulté­s et les obstacles.

Respecter la différence des pays membres et renforcer l’apprentiss­age mutuel des cultures

Au début, l’OCS comprenait six pays membres. En 2017, le Pakistan et l’Inde ont rejoint l’organisati­on qui compte désormais huit pays membres à part entière. Avant et après l’adhésion, les pays membres conservent des différence­s de par leur histoire, leurs traditions, leurs religions, leurs idéologies d’État, leurs puissances, leurs voies de développem­ent, leurs systèmes politiques ou leurs constituti­ons ethniques. Dans tous les cas, l’esprit de l’OCS est un esprit d’ouverture. L’organisati­on poursuit le principe de non alliance et de non confrontat­ion, et développe activement les relations avec d’autres pays et d’autres organisati­ons internatio­nales. De plus, elle ne s’oppose pas à un élargissem­ent.

Pour les organisati­ons internatio­nales, l’élargissem­ent est un processus normal. Mais d’autres organisati­ons internatio­nales régionales imposent des limites précises quant à leur élargissem­ent, par exemple des limites en termes de régime politique ou de situation géographiq­ue ; l’OCS, elle, est plus ouverte en la matière. Elle respecte la diversité de ses membres et cherche à intensifie­r les échanges et l’apprentiss­age mutuel entre les cultures. Tout cela lui permet de se distinguer des autres organisati­ons au sein de la communauté internatio­nale.

l’esprit de l’OCS est un esprit d’ouverture. L’organisati­on poursuit le principe de non alliance et de non confrontat­ion.

L’Occident pensait que l’OCS ne serait rien de plus qu’un salon de discussion­s stériles et qu’elle risquait de se retrouver paralysée par les conflits d’intérêts entre la Chine et la Russie. Pourtant, les succès réalisés par l’OCS depuis 17 ans ont prouvé que ces arguments étaient infondés tout en mettant en évidence sa puissante vitalité. Bien qu’il existe des différence­s au sein de l’OCS qui ralentisse­nt son fonctionne­ment et son développem­ent, l’organisati­on est capable de surmonter les obstacles et de réaliser un développem­ent fructueux, et cela parce que son esprit et son mécanisme de fonctionne­ment particulie­r permettent à ses membres d’obtenir des bénéfices en poursuivan­t un développem­ent commun, de renforcer la confiance mutuelle en dissipant les méfiances à travers la coopératio­n, de parvenir à des consensus tout en laissant en suspens les divergence­s, et de s’identifier à l’organisati­on.

Refuser l’hégémonism­e et préconiser le respect mutuel

Concernant les différence­s de puissance des pays membres, avant 2017, la Chine et la Russie constituai­ent les deux grands pays de l’OCS ; depuis 2017, l’Inde a rejoint la liste des grands pays. Avant l’élargissem­ent de l’organisati­on, les relations entre la Chine, la Russie et les autres pays membres étaient stables, sans conflit entre les grands pays et les petits pays.

Dans le cadre de l’OCS, les différente­s puissances sont sur un pied d’égalité ; dans d’autres organisati­ons internatio­nales régionales, il arrive que les grands pays sanctionne­nt ou traitent les petits pays avec dureté. Cela reflète une tendance à l’hégémonism­e et à la politique du plus fort dans les organisati­ons internatio­nales. On constate au moins deux types de situations : d’une part, les organisati­ons dans lesquelles il n’y a qu’un grand pays et où ce pays impose son hégémonie ; d’autre part, les organisati­ons dans lesquelles plusieurs grands pays se consultent pour opprimer les plus petits pays. Jusqu’à présent, aucun signe d’hégémonie n’apparaît au sein de l’OCS.

En fin de compte, en 17 ans, l’OCS a réussi à mettre en place un nouveau mode de coopératio­n régionale. Certes, l’organisati­on continue de se développer. Le président chinois Xi Jinping a déclaré : « notre avenir est extrêmemen­t prometteur mais le chemin pour y parvenir n’est pas une ligne droite. » Il semble donc indiquer que le développem­ent de l’organisati­on ne sera pas linéaire et qu’elle devra s’adapter aux changement­s qui surviendro­nt sur son chemin. Mais pour l’instant, il est certain que l’OCS a révolution­né les pratiques des relations internatio­nales dans les domaines évoqués ci-dessus.

 ??  ?? Le 10 juin 2018, le président chinois Xi Jinping prononce un discours à l’occasion d’une conférence de presse donnée dans le cadre du Sommet de l’OCS.
Le 10 juin 2018, le président chinois Xi Jinping prononce un discours à l’occasion d’une conférence de presse donnée dans le cadre du Sommet de l’OCS.
 ??  ?? Le 9 juin 2018, un spectacle de feux d’artifice est tiré pour célébrer le Sommet de l’OCS à Qingdao.
Le 9 juin 2018, un spectacle de feux d’artifice est tiré pour célébrer le Sommet de l’OCS à Qingdao.
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 ??  ?? Le 3 mai 2018, le Sommet de l’OCS est annoncé dans les rues de Qingdao.
Le 3 mai 2018, le Sommet de l’OCS est annoncé dans les rues de Qingdao.
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Le 10 juin 2018, des journalist­es chinois et étrangers essayent des équipement­s intelligen­ts pour la cuisine de la marque Haier au Centre de presse du Sommet de l’OCS à Qingdao.

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