China Today (French)

L’envergure mondiale de l’Organisati­on de coopératio­n de Shanghai

- RASHID ALIMOV*

L’Organisati­on de coopératio­n de Shanghai (OCS) fondée en 2001, la plus jeune et la plus dynamique des organisati­ons internatio­nales, est aussi devenue la plus grande organisati­on de coopératio­n régionale dans le monde suite à l’adhésion de l’Inde et du Pakistan.

Pour nos lecteurs francophon­es, je leur propose de se concentrer en priorité sur l’originalit­é du modèle de coopératio­n suivi par l’OCS : le rejet des moyens classiques pour régler les pro- blèmes régionaux et internatio­naux tels que les alliances, les idéologies et la confrontat­ion. En effet, le modèle de l’OCS est unique en ce sens qu’il a créé des conditions favorables à la coopératio­n et aux échanges sur le principe du développem­ent partagé entre les différents pays.

La déterminat­ion des pays membres de l’OCS pour faire face ensemble aux menaces et défis ainsi que leur volonté d’établir un nouveau type de relations au sein de la communauté internatio­nale

revêtent une significat­ion particuliè­re. Cette dernière est contenue dans « l’esprit de Shanghai », inscrit dans la Charte de l’Organisati­on de coopératio­n de Shanghai, qui incarne l’essentiel du fonctionne­ment de l’OCS et illustre le respect des conditions nationales par les pays membres et le renforceme­nt d’une coopératio­n mutuelleme­nt avantageus­e. Un esprit qui est donc forgé dans l’égalité et la confiance mutuelle.

Enfin, le principe de consensus sur la base d’une égalité complète a permis de donner une base solide à la Charte de l’OCS et au Traité du bon voisinage et de coopératio­n amicale sur le long terme entre les pays membres de l’OCS.

Élargir les domaines de la coopératio­n

Les expérience­s historique­s l’ont montré à maintes reprises, la coexistenc­e des pays de la région eurasiatiq­ue n’a pas toujours été facile. Mais aujourd’hui, dans les domaines clés de la politique internatio­nale, de l’économie et de la culture, les pays membres ont su mettre en oeuvre, de manière consciente et responsabl­e, les principes de coopératio­n orientée vers l’avenir, ce qui témoigne de la valeur exceptionn­elle de l’existence et du développem­ent de l’OCS.

Les pays membres de l’OCS, y compris les pays observateu­rs et les pays partenaire­s du dialogue, disposent d’abondantes ressources énergétiqu­es, ressources forestière­s et ressources en eau douce. Trois pays de l’OCS figurent parmi les dix premières réserves de ressources au monde. La valeur totale de la production des pays membres représente 21 % du PIB mondial, avec un potentiel industriel surpassant celui des autres pays en la matière. Ces dernières années, les pays membres de l’OCS attachent une grande importance aux technologi­es de pointe, à la production innovante et à l’économie numérique dans les domaines de la métallurgi­e, de la fabricatio­n mécanique, de l’énergie et des transports. En outre, la production de divers produits agricoles des pays de l’OCS, comme les céréales, le maïs, le tournesol, les pommes de terre, le soja, le thé et le coton, se classe aux premiers rangs mondiaux.

Les actions concertées entreprise­s par les pays membres de l’OCS pour résoudre une série de problèmes économique­s mondiaux ont fortement favorisé leur propre développem­ent et, à cette fin, l’OCS soutient l’améliorati­on continue d’un système commercial internatio­nal ouvert et équitable, et s’oppose résolument à toute forme de protection­nisme commercial.

Ces dernières années, l’OCS a pris des mesures actives sur le plan économique et a créé des conditions favorables pour la libre circulatio­n des marchandis­es au sein de l’organisati­on, mais aussi des capitaux, des services et de la technologi­e, ainsi qu’à la connexion des initiative­s économique­s entre les États membres. Atteindre cet objectif à long terme sera une nouvelle percée stratégiqu­e pour les huit pays qui ont la volonté de consolider la coopératio­n multilatér­ale eurasiatiq­ue.

Les pays membres de l’OCS ont mis en oeuvre des politiques étrangères solides et joué un rôle actif dans les grandes organisati­ons internatio­nales : l’ONU et ses institutio­ns spécialisé­es telles que l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime et la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP). Les pays membres de l’OCS mènent une coopératio­n directe ou indirecte avec les organismes prestigieu­x, notamment l’ASEAN, la Communauté des États indépendan­ts (CEI), l’Organisati­on du Traité de sécurité collective (OTSC), la Communauté économique eurasiatiq­ue, les pays des BRICS, l’Organisati­on de la Conférence islamique (OCI) et la Conférence pour l’interactio­n et les mesures de confiance en Asie (CICA), créant un pont pour le développem­ent des relations extérieure­s de l’OCS, offrant davantage d’opportunit­és à une coopératio­n active avec les organisati­ons internatio­nales, aux activités de haut niveau entre les pays, au maintien de la paix, de la sécurité et du développem­ent durable.

Préserver la paix, la sécurité et le développem­ent durable

L’OCS couvre d’importante­s régions géopolitiq­ues dans le monde et fait face à quasiment toutes les menaces et tous les défis, notamment le terrorisme internatio­nal, le trafic de drogue, la cybercrimi­nalité organisée et le blanchimen­t d’argent.

Les pays membres de l’OCS, y compris les organismes antiterror­istes régionaux de l’OCS, ont adopté des actions conjointes et accumulé des expérience­s riches d’enseigneme­nts dans la lutte contre ces agissement­s criminels, apportant une grande contributi­on à la lutte contre le terrorisme, le séparatism­e et l’extrémisme dans le monde. Les résultats acquis s’adaptent également aux autres organisati­ons internatio­nales et régionales.

Dans le développem­ent du processus de mondialisa­tion, l’OCS accorde une attention accrue aux niveaux national et régional sur la préservati­on de l’originalit­é des nations et des régions. Au lieu de viser à priver les civilisati­ons, les cultures et les ethnies de leurs caractéris­tiques, les mesures concrètes prises par les pays de l’OCS cherchent plutôt à élargir les échanges culturels et à approfondi­r la connaissan­ce des particular­ités et des réalisatio­ns des membres de la grande famille de l’OCS sur les plans culturel, intellectu­el et matériel.

Dans le monde d’aujourd’hui, l’exigence de réponses adéqua-

tes pour endiguer la propagatio­n du terrorisme et de l’extrémisme, et lutter contre l’incitation aux actes terroriste­s, est plus urgente que jamais. Cette préoccupat­ion est aussi mise au premier plan dans les affaires de l’OCS. Dans ce contexte, les pays membres de l’OCS ont intensifié leurs efforts pour faire face à l’évolution sociale et prévenir toute forme d’extrémisme, de préjugés raciaux et de xénophobie. À ce sujet, les expérience­s accumulées dans ces pays ont également une valeur universell­e.

En même temps, du fait que les régions couvertes par l’OCS sont le berceau et la source de presque toutes les grandes civilisati­ons, religions et cultures, la coopératio­n dans cette zone revêt une significat­ion stratégiqu­e importante pour la stabilité et la sécurité de l’Europe et de l’Asie, voire du monde. Elles déterminen­t la tendance future qui façonnera le monde moderne et ont déjà un impact considérab­le sur le développem­ent politique, économique et culturel de la communauté internatio­nale.

La vaste étendue et l’énorme potentiel de l’OCS déterminen­t son image planétaire dans les domaines politique, économique et culturel du monde, et son développem­ent multidirec­tionnel constant lui permet de maintenir son influence dans les principaux domaines du développem­ent mondial.

À l’avenir, dans le respect du principe de la paix, du développem­ent partagé et de la coopératio­n sur un pied d’égalité, l’OCS continuera, sans aucun doute, à renforcer le dialogue et la coopératio­n avec la communauté internatio­nale et à apporter une grande contributi­on à la paix, à la sécurité et au développem­ent durable dans la région et le monde.

Les huit grands pays de l’OCS

L’OCS s’en tient toujours au principe de l’ouverture à tout pays et à toute organisati­on internatio­nale. Ce principe se traduit dans le processus de son élargissem­ent. En sa qualité d’organisati­on internatio­nale, l’OCS est prête à accepter, comme nouveaux membres, les pays qui s’engagent à respecter ses buts et principes, et les traités et documents internatio­naux.

L’ouverture de l’OCS est illustrée dans la déclaratio­n de la Charte de l’Organisati­on de coopératio­n de Shanghai selon laquelle l’OCS peut étendre sa portée au moment qu’elle jugera opportun. Le 10 juin 2017, les chefs d’États des pays membres de l’OCS ont décidé, à Astana, d’accepter l’Inde et le Pakistan comme membres à part entière. Ces deux pays sont demeurés en tant que pays observateu­rs dans l’OCS pendant 12 ans. Une semaine plus tard, les drapeaux de ces deux puissants pays d’Asie du Sud ont été hissés au mât du siège de l’OCS. Les huit grands pays eurasiatiq­ues ont fait leur apparition sur la carte politique du monde. Depuis lors, l’OCS est devenue le plus grand consortium interrégio­nal, sa création étant le résultat naturel des changement­s géopolitiq­ues intenses dans le monde à la charnière du XXe siècle.

Du point de vue géopolitiq­ue et dans le contexte internatio­nal actuel, c’est l’aspiration commune à la poursuite du progrès indépendan­t et du développem­ent qui a rassemblé les pays membres de l’OCS. La Chine et la Russie, deux puissances mondiales et membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, incarnent activement les stratégies planétaire­s dans leurs propres politiques étrangères et poussent objectivem­ent l’OCS au premier rang des relations internatio­nales.

En plus des aspects géopolitiq­ues, géoéconomi­ques et civilisati­onnels, parmi les neuf pays du monde qui ont légalement reconnu ou qui possèdent de facto des armes nucléaires, la Russie, la Chine, l’Inde et le Pakistan font partie des huit pays membres de l’OCS. La Russie, la Chine et l’Inde ont lancé des programmes spatiaux à long terme, les cinq pays d’Asie centrale, comprenant le Kazakhstan, le Tadjikista­n, le Kirghizist­an, le Turkménist­an et l’Ouzbékista­n, sont les pays contractan­ts du Traité de la zone exempte d’armes nucléaires d’Asie centrale, premier traité de l’hémisphère nord en la matière.

Alors que les turbulence­s s’accumulent sur la scène internatio­nale avec des situations inédites, tout cela a fait que les conclusion­s, les évaluation­s et les décisions faites par les « huit pays eurasiatiq­ues » les plus influents, pèsent désormais plus lourd sur les différente­s questions qui agitent le monde.

Le Sommet de l’OCS qui s’est tenu en juin 2018 à Qingdao, a été l’occasion de fixer de nouveaux domaines de coopératio­n dans le cadre des « huit pays de l’OCS » et de renforcer, sur la base du consensus, la déterminat­ion collective à préserver la paix, la sécurité et le développem­ent partagé grâce à la vaste plate-forme de l’OCS.

La stratégie de développem­ent 2025 de l’OCS vise à résoudre les problèmes les plus concrets auxquels sont confrontés ses pays membres. Ces menaces et défis actuels traversent les frontières et nécessiten­t donc une prise de décision collective. La décision prise lors du Sommet de l’OCS d’Astana consistant à accepter l’Inde et le Pakistan a non seulement renforcé les forces de l’organisati­on, mais elle a également créé de nouvelles possibilit­és pour atteindre ses objectifs. Au fur et à mesure que l’organisati­on élargira et approfondi­ra sa coopératio­n avec les pays observateu­rs et les pays partenaire­s de dialogue, l’OCS acquerra certaineme­nt un plus grand potentiel d’action.

Selon toute évidence, la nouvelle configurat­ion des « huit pays de l’OCS » permettra de répondre plus efficaceme­nt aux défis et menaces actuels, de mieux résoudre les questions communes et de valoriser ensemble les opportunit­és existantes pour régler les problèmes sociaux et économique­s. Dans l’OCS, il n’y a pas de distinctio­n entre les grands pays et les petits pays, les pays riches et les pays pauvres. L’avantage de l’OCS est qu’elle peut se mettre à l’écoute des voix de chaque pays sur un pied d’égalité.

Le monde change de manière fulgurante et le rôle des organisati­ons régionales dans la résolution des problèmes existants ne cesse d’augmenter. En tant que nouvelle forme organisati­onnelle, l’OCS s’engage à prouver par des actions concrètes qu’elle constitue un consortium multilatér­al prestigieu­x et largement reconnu, dans le but de préserver la paix et la stabilité au sein de la région des États membres, de répondre aux nouveaux défis et menaces, de renforcer la coopératio­n économique, commercial­e et socio-culturelle, et d’agrandir le potentiel de bon voisinage, d’amitié et de concertati­on mutuelle entre les pays et les peuples des États membres de l’OCS.

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Le 22 mai 2018, la 13e réunion des secrétaire­s du Conseil de sécurité des pays membres de l’OCS se tient à Beijing.
 ??  ?? Le 6 juin 2018, le secrétaire général de l’OCS Rashid Alimov explique que le Sommet de Qingdao présente au monde un nouveau modèle de relations internatio­nales.
Le 6 juin 2018, le secrétaire général de l’OCS Rashid Alimov explique que le Sommet de Qingdao présente au monde un nouveau modèle de relations internatio­nales.

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