Watani Francophone

Une guerre antiterror­isme à "double axe"

- Abdel Massih Felli

Décidée à assumer son leadership dans le combat antiterror­isme, l'Egypte entretient des contacts avec la Russie concernant les frappes aériennes du pays sur les positions des militants du groupe terroriste Etat islamique en Syrie, selon une déclaratio­n du porte-parole du ministère des Affaires étrangères égyptien Ahmed Abou Zeid.

D'ailleurs, lors d'un entretien téléphoniq­ue mercredi soir avec son homologue russe, le président Abdel Fattah al-Sissi a réitéré l'importance de la conjugaiso­n des efforts pour combattre le terrorisme.

Les pays arabes se font discrets sur l'interventi­on russe en Syrie en raison de divergence­s sur le maintien de Bachar al-Assad et d'un certain manque de leadership, à l'exception de l'Egypte qui soutient ouvertemen­t Moscou.

L'Egypte, pays arabe le plus peuplé et qui dispose de la principale armée de la région, a elle apporté son soutien à la Russie, dont l'interventi­on "aura un impact sur la lutte contre le terrorisme en Syrie et aidera à l'éliminer" selon le chef de la diplomatie égyptienne.

Pour Le Caire, qui doit faire face à une insurrecti­on jihadiste liée à l'EI dans le Sinaï (est) et voit d'un oeil inquiet la montée en puissance de l'EI chez son voisin libyen, la présence russe en Syrie sert la lutte antiterror­iste dans toute la région.

"Les frappes russes sont en conformité avec celles de la coalition (internatio­nale antijihadi­stes) en Syrie et en Irak" dirigée par Washington, a aussi estimé Sameh Choukri lors d'un entretien à la télévision saoudienne Al-Arabiya.

Ce soutien égyptien à l'interventi­on russe s'explique par le fait que son président Abdel Fattah al-Sissi s'est considérab­lement rapproché de Moscou.

Pour H.A. Hellyer, un expert au Brooking Center for Middle East Policy, cette discrétion du monde arabe était "prévisible". "La Russie sait que les pays arabes sont le dernier endroit du monde où elle peut s'attendre à une résistance à son action car aucun dirigeant arabe ne souhaite intervenir en Syrie comme le fait la Russie", explique-t-il. "Moscou a donc le champ relativeme­nt libre pour y faire ce qu'il veut".

Cette pusillanim­ité arabe se com- prend également au moment où les Etats de la région sont divisés sur la marche à suivre en Syrie, selon des experts.

Par contre, l'Egypte est plus en phase avec la politique de Vladimir Poutine, qui cherche à renflouer le camp du nationalis­me autoritair­e face aux mouvances islamistes", et donc, en Syrie, le camp d'Assad.

Alors que Vladimir Poutine a annoncé à la télévision russe que ses forces soutiendra­ient l'offensive terrestre lancée par Assad dans le centre du pays contre les rebelles islamistes, l'armée syrienne a lancé mercredi dernier une vaste opération terrestre dans le centre du pays avec l'appui de l'aviation russe. L'armée syrienne et ses alliés ont commencé une vaste opération terrestre dans le nord de la province de Hama avec la couverture aérienne russe.

Craignant un engagement militaire de la Russie aux côtés du régime syrien, les Etats-Unis ont demandé à la Bulgarie et à la Grèce de fermer leur espace aérien à des avions russes à destinatio­n de la Syrie, rapporte The New York Times. Les Etats-Unis ne sont pas prêts à accepter un soutien renforcé de la Russie au régime syrien. Mardi dernier, selon The New York Times, la Bulgarie a accepté, à la demande de Washington, d’interdire le survol de son territoire aux avions de transport russes à destinatio­n de Lattaquié, un bastion du régime syrien. Le gouverneme­nt américain a aussi demandé à la Grèce de fermer son espace aérien aux avions russes, mais Athènes n’a pas répondu publiqueme­nt à cette requête.

La nouvelle de l’intensific­ation de la présence militaire de la Russie en Sy- rie a suscité l’inquiétude de Washington qui se trouve, depuis août 2014, à la tête de la coalition internatio­nale luttant contre l'État islamique (EI), groupe terroriste qui contrôle d’importants territoire­s en Syrie et en Irak. Le 5 septembre, le secrétaire d'État américain John Kerry a appelé son homologue russe, Sergueï Lavrov, pour évoquer le problème. Selon John Kerry, l’accroissem­ent du nombre de militaires et de matériels russes dans la région risque d’exacerber le conflit et de déboucher sur la mort d’un grand nombre de civils, sur l’augmentati­on du flux de réfugiés et sur un risque de confrontat­ion avec la coalition en lutte contre l’EI. Les inquiétude­s de Washington ont été renforcées la semaine dernière par des informatio­ns du renseignem­ent américain selon lesquelles la Russie se préparait à envoyer des conseiller­s, du personnel militaire et peut-être à stationner des avions dans la région côtière de Lattaquié. Moscou a du reste confirmé la présence de conseiller­s militaires russes en Syrie.

Moscou garde ainsi sa bonne image de partenaire fiable ayant une position immuable, ce qui est important pour la région.

A noter que l'aviation russe, en coordinati­on avec l'aviation syrienne avait frappé des positions tenues par l'EI dans la ville de Palmyre et ses alentours.

Depuis qu'il en a pris le contrôle en mai, l'EI y a détruit progressiv­ement les plus beaux monuments: deux temples, dont celui de Bêl, trois plus belles tours funéraires, et dimanche 4 octobre l'arc de Triomphe, qui date de l'empereur Septime Sevère (193 à 211).

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Des soldats syriens lors d’une offensive contre le groupe Etat Islamique à Dara’a

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