Visite fructueuse du chef de la diplomatie française en Egypte
Le ministre français des Affaires étrangères et du Développement international, Jean-Marc Ayrault est arrivé mercredi au Caire pour une visite de deux jours en préparation de la prochaine visite du président français François Hollande en Egypte prévue pour avril.
La visite du président français au Caire sera la deuxième depuis que le président Abdel Fattah al-Sissi a pris le pouvoir en juin 2014. Hollande avait assisté à l'inauguration du nouveau canal de Suez en août 2015.
Le ministre s'est entretenu avec le président Abdel Fattah Al Sissi ainsi qu'avec le ministre égyptien des affaires étrangères, M. Sameh Choukry. Il a évoqué avec ses interlocuteurs l'ensemble des aspects de la coopération bilatérale ainsi que les dossiers régionaux, sur lesquels la France et l'Égypte entretiennent un dialogue étroit.
Ayrault a dit à al-Sissi que la France est investie dans la reprise de pourparlers de paix de trois décennies qui ont repris dernièrement en juillet 2013 avant de s'effondrer en avril 2014.
Le ministre français a déclaré que l'atténuation de la tension entre les deux parties va empêcher autrui d'exploiter le conflit pour alimenter l'extrémisme et le terrorisme.
Lors de la réunion du président égyptien et le ministre français, les deux hommes ont également discuté des derniers développements dans l'appel de la France et de l'Egypte pour un règlement politique en Syrie déchirée par la guerre, selon un communiqué officiel de la présidence égyptienne.
Al-Sissi a fait valoir que la conclusion d'un règlement politique en coordination avec les puissances régionales et internationales garderait l'unité des territoires syriens et des institutions étatiques.
Les deux hommes ont également discuté des derniers développements en Libye, avec al-Sissi soulignant l'importance de soutenir l'armée nationale libyenne et la levée de l'embargo sur les armes des Nations unies afin de permettre au gouvernement libyen de lutter contre le terrorisme.
A la réunion ont assisté le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukry, l'envoyé spécial français au Moyen-Orient, M. Pierre Vimont, et l'ambassadeur français au Caire, M. André Parant.
Ayrault a discuté avec son homologue égyptien des affaires courantes au Moyen-Orient, en particulier en Libye et en Syrie, les mesures de lutte contre le terrorisme, et les relations bilatérales.
Les deux chefs de la diplomatie ont tenu un point de presse à l'issue de leurs pourparlers. La France et l’Egypte sont d’accord sur le danger que représente la crise libyenne et l’extension du groupe Etat islamique pour les pays voisins et la région, ont affirmé Jean-Marc Ayrault et Sameh Choukry. Paris et Le Caire ont indiqué soutenir un gouvernement d’union nationale.
Le ministre français a ajouté que la France allait aider la Tunisie à lutter contre le terrorisme émanant de Libye tandis que son homologue égyptien soulignait l’appui que Le Caire apportait à l’armée libyenne pour combattre l’extrémisme. Jean-Marc Ayrault a souligné l’importance de la coopération militaire avec l’Egypte.
M. Jean-Marc Ayrault a rencontré en outre des représentants de la société civile.
Réunion à la Ligue arabe
M. Jean-Marc Ayrault a d'autre part participé à une réunion avec ses homologues du comité restreint de la Ligue arabe pour le processus de paix.
Accompagné de son envoyé spécial, M. Pierre Vimont, il a évoqué l'initiative française de conférence internationale pour la relance du processus de paix israélo-palestinien.
Un comité avait été commandé par la Ligue arabe lors du sommet de Charm El-Cheikh en 2015 pour oeuvrer à mettre fin à l'occupation israélienne des territoires palestiniens et préconiser une solution à deux Etats. La France appelle à un rôle plus important pour l'ONU et la communauté inter- nationale dans le processus de paix israélo-palestinien afin d'encourager les deux parties à conclure un accord dans un avenir proche.
Le ministre français des Affaires étrangères a sollicité au Caire mercredi l'appui des pays arabes pour une initiative visant à relancer les négociations entre Palestiniens et Israéliens d'ici l'été et éviter ce qu'appelle le diplomate le risque qu'un "baril de poudre" explose.
Avec les efforts américains pour négocier une solution à deux Etats en lambeaux depuis avril 2014 et Washington ayant porté son attention sur l'élection présidentielle de cette année, Paris a commencé à engager les pays du lobbying à une conférence avant mai qui décrirait les incitations et donnerait des garanties pour les Israéliens et les Palestiniens aux négociations.
Cela ouvrirait la voie à des pourparlers en face-à-face entre les deux parties avant août.
L'an dernier, la France n'a pas pu obtenir des États-Unis un appui pour une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU pour définir les paramètres pour les pourparlers entre les deux parties et a fixé un délai pour un accord.
Depuis lors, la position de l'ancien ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius à reconnaître un Etat palestinien automatiquement si la nouvelle initiative échoue a été atténuée.
"Ce ne sera pas automatique", avait déclaré à Ayrault le 29 février "Nous ne pouvons pas établir des conclusions avant que nous n'ayons commencé quelque chose."
Avec un ancien ambassadeur à Washington, Pierre Vimont, en direction de la poussée diplomatique de la France, l'initiative n'a pas été rejetée par Washington. «Nous avons commencé à parler avec eux (en France) à ce sujet et les entendre, mais nous avons besoin d'en savoir plus et je pense que nous allons avoir des conversations dans les jours et semaines à venir", a déclaré le secrétaire d'Etat adjoint Antony Blinken le 4 mars.
«Nous avons besoin de voir que les parties elles-mêmes sont prêtes à faire pour la paix et si elles vont fortement nous appuyer dans ces efforts."
Citant des responsables américains, le Wall Street Journal a rapporté lundi que la Maison Blanche a travaillé sur les plans de relance des négociations avant que le président Barack Obama ne quitte ses fonctions, y compris une éventuelle résolution du Conseil de sécurité qui décrirait un pas vers un accord. Le diplomate français a déclaré: «Nous n'avons pas vu cela, mais ce que nous voulons est que les États-Unis sont d'accord, donc si cela est un véritable effort qui converge avec ce que nous voulons aussi, tant mieux."
Relations égypto-françaises
Les relations franco-égyptiennes se sont améliorées lorsque le président Abdel Fattah Al-Sissi a effectué une visite à Paris l'an dernier et a signé plusieurs accords économiques et militaires. Lors du sommet sur le changement climatique à Paris, Hollande a salué la croissance remarquable de la coopération entre les deux pays et a souligné l'importance d'approfondir cette coopération à l'avenir.
Dimanche 6 mars, les deux pays ont procédé à des manoeuvres conjointes en Méditerranée avec des avions de combat Rafale français, achetés par Le Caire l'année dernière.
Ces manoeuvres visent à «partager notre expertise avec l'armée égyptienne... un de nos principaux partenaires du Moyen-Orient", a dit à cet égard le ministère français de la Défense.
Les exercices militaires conjoints ont eu lieu au milieu des préoccupations des puissances occidentales de la propagation du terrorisme en Libye voisine.
En février 2015, l'Egypte a scellé un contrat d'une valeur de 5,2 milliards d'euros avec la France au Caire qui allait voir l'Egypte acheter deux douzaines d'avions de combat et une frégate multi-missions.
Plus récemment, en janvier, al-Sissi a publié un décret présidentiel approuvant un accord permettant à l'Egypte de recevoir 40 millions d'euros de ligne de crédit de l'Agence française de développement (AFD) pour la mise en place d'une centrale électrique.