Watani Francophone

Le monde face au fléau du terrorisme

- Abdel Massih Felli

Une fois le sentiment d’horreur passé, les habitants d’Orlando (Floride, Etats-Unis) resteront longtemps sous le coup d’une espèce de sidération incrédule devant l’irruption d’un autre monde dans le leur. Tout comme à Paris ou Bruxelles, ils savaient qu’il existait, ce monde, mais cantonné dans de lointains pays voués comme par nature à la guerre : Syrie, Irak, Afghanista­n, Nigeria.

Enjeux présidenti­els aux USA

En le voyant débarquer dans leurs rues, ils réalisent que nulle frontière ne les sépare de lui. Ceux qui ouvrent le feu sont leurs semblables, leurs frères et leurs voisins, concitoyen­s formés dans les mêmes écoles et qui, hier encore, dansaient, draguaient et buvaient peutêtre des bières avec eux. Cela rappelle les films d’épouvantes où des gens à peu près ordinaires mutent secrètemen­t pour devenir de redoutable­s aliénés, sans que rien dans leur apparence ne trahisse leur métamorpho­se jusqu’au jour où ils passent à l’action.

Chacun dans leur style, les deux candidats à la présidenti­elle américaine ont réagi à l’attentat d’Orlando. À cinq mois du scrutin, la tuerie pourrait rebattre les cartes de la campagne, mais difficile de dire qui en profitera électorale­ment.

Au lendemain de la tuerie dans une discothèqu­e gay d’Orlando, nombre de questions demeurent sans réponse. Une seule chose semble certaine : le plus sanglant attentat commis aux États-Unis depuis le 11-Septembre marque un tournant dans la course à la Maison Blanche. "La question du terrorisme va dominer la campagne présidenti­elle dans les prochains mois", a affirmé Tim Malloy de l'institut de sondage Quinnipiac University. Les deux candidats principaux à la magistratu­re suprême se sont immédiatem­ent emparés du sujet, dans deux styles totalement opposés.

Hillary Clinton s’est montrée extrêmemen­t mesurée dans ses réactions. "Réveillée avec les bouleversa­ntes nouvelles de Floride. Mes pensées sont avec ceux qui sont touchés par cet acte tragique", a réagi la principale candidate démocrate sur Twitter, quelques heures après l’annonce de la tuerie. Lundi 13 juin, elle est revenue sur le massacre lors d’un meeting de campagne à Cleveland, dans l’Ohio, assurant qu’elle ferait de la chasse au "loup solitaire" une priorité de son mandat si elle était élue à la Maison Blanche. Si le tueur d’Orlando a été tué dans l’opération de la police, "le virus qui a empoisonné son esprit reste bien vivant", a-t-elle déclaré.

Gardant la sobriété de ton qu’elle a adoptée depuis le week-end dernier, Hillary Clinton a appelé à faire monter en puissance les opérations militaires américaine­s contre l'organisati­on État islamique (EI) en Irak et en Syrie. Elle a également appelé les partenaire­s régionaux des États-Unis, à savoir l’Arabie saoudite, le Koweït et le Qatar, à empêcher leurs citoyens de financer le terrorisme. Enfin, elle a plaidé pour l’interdicti­on des armes d’assaut, comme celle utilisée par le tueur d’Orlando. "Je pense que les armes de guerre n’ont rien à faire dans nos rues", a-t-elle martelé.

La tuerie d’Orlando replace donc le sujet particuliè­rement clivant du renforceme­nt de la législatio­n sur les armes à feu au coeur du débat politique. Le camp démocrate a clairement dit qu'il entendait en faire un sujet-phare de la campagne, quitte à froisser une frange de la société américaine. Pendant sa campagne, Hillary Clinton s’est dit prête à s’attaquer à la NRA, le puissant lobby pro-armes, et à faire passer des lois qui consistero­nt à systématis­er, par exemple, les antécédent­s psychologi­ques et judiciaire­s des futurs acquéreurs d’armes.

D'autre part, du nouveau est apparu dans l'enquête sur la tuerie d'Orlando. La femme d'Omar Mateen était au courant de son projet.

"Il apparaît qu'elle avait une certaine connaissan­ce de ce qui se passait", a déclaré le sénateur Angus King, membre de la commission du renseignem­ent du Sénat américain après avoir été informé des derniers éléments de l'enquête. "C'est tout à fait, je dirais, une personne représenta­nt un intérêt actuelleme­nt. Elle semble coopérer et peut nous fournir des informatio­ns importante­s", a ajouté le sénateur qui s'exprimait sur CNN.

Selon une source du FBI, les magistrats cherchent à l'inculper pour complicité des 49 assassinat­s et 53 tentatives d'assassinat, ainsi que pour non informatio­n des services de police et de justice au sujet de l'attaque qui allait avoir lieu et mensonge à agent fédéral.

Selon NBC News, Noor Salman a affirmé aux agents fédéraux qu'elle avait essayé de dissuader son mari d'attaquer le Pulse. Mais elle a aussi indiqué au FBI qu'elle l'avait une fois conduit en voiture à la discothèqu­e The Pulse car il voulait la voir de plus près, précise la chaîne de télévision. Le père d'Omar Mateen a fait état de l'homophobie de son fils, qui était lui-même père d'un petit garçon. Mais plusieurs médias évoquent l'homosexual­ité cachée du tueur, de nombreux témoignage­s rapportant qu'il avait fréquenté le Pulse à plusieurs reprises et qu'il utilisait des applicatio­ns de rencontres gays.

Barack Obama a déclaré à la presse, à l'issue d'une réunion du Conseil de sécurité nationale à la Maison Blanche, que le tireur paraissait être "un jeune homme en colère, perturbé, instable qui s'est radicalisé."

En mémoire des victimes tuées lors de l'attaque de la boîte de nuit gay dans la nuit du samedi au dimanche en Floride, les messages et rassemblem­ents de soutien se sont multipliés.

Lors d'une conférence de presse, le gouverneur de Floride Rick Scott a demandé à chacun d'honorer la mémoire des victimes et d'observer une minute de silence nationale.

Aussi à Paris, un rassemblem­ent en mémoire des victimes a été organisé place Igor Stravinski dans le 4ème arrondisse­ment et un autre s'est tenu devant le centre Beaubourg. Le Conseil de Paris a annoncé sur Twitter observer une minute de silence lundi.

Attentat en France

Par ailleurs, Facebook a annoncé qu'il coopérerai­t avec les autorités françaises dans l'enquête sur l'assassinat d'un policier et de sa compagne par Larossi Abballa. L'homme, qui s'est revendiqué de l'EI, a revendiqué ses actes sur le réseau social.

Au lendemain du meurtre de deux policiers à Magnanvill­e, dans les Yvelines, Facebook a décidé d’apporter son aide dans l’enquête. C'est dans une vidéo postée sur le réseau social, que l’auteur des faits, clamant avoir agi au nom du jihad, a revendiqué ses actes.

"Nous travaillon­s en étroite collaborat­ion avec les autorités françaises, qui enquêtent sur ce terrible crime", a indiqué Facebook dans un communiqué publié mardi 14 juin, au lendemain de l'assassinat en région parisienne de Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant de police adjoint, et de sa compagne Jessica Schneider, 36 ans, agent administra­tif.

"Les terroriste­s et les actes de terrorisme n'ont pas leur place sur Facebook. Chaque fois qu'un contenu à caractère terroriste nous est signalé, nous le supprimons aussi vite que possible. Nous traitons les requêtes en applicatio­n de la loi avec la plus haute urgence", poursuit le groupe.

Dans ce contexte, François Hollande a annoncé mercredi en conseil des ministres qu’il n’y aurait plus d’autorisati­on de manifester si la préservati­on des biens et des personnes ne pouvait être garantie.

« A un moment où la France accueille l’Euro, où elle fait face au terrorisme, il ne pourra plus y avoir d’autorisati­on de manifester si les conditions de la préservati­on des biens et des personnes et des biens publics ne sont pas garanties », a déclaré le chef de l’Etat.

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Le maire de Magnanvill­e rendant hommage au couple de policiers tués

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