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Une loi anti-émigration clandestin­e bientôt ratifiée

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Le président Abdel Fattah al-Sissi a exhorté les Egyptiens à ne pas quitter leur pays, lors d'un discours lundi, quelques jours après qu'un bateau a chaviré au large des côtes de la Méditerran­ée de l'Egypte, tuant plus de 200 migrants.

Lors de l'inaugurati­on du projet de logement "Bashayer El Kheir» à Gheit El-Enab d'Alexandrie, al-Sissi a adressé ses mots aux jeunes qui immigrent illégaleme­nt, en disant qu'il y a de l'espoir pour un avenir meilleur en Egypte, tout en promettant de fournir plus de possibilit­és d'emploi.

Sissi, qui a ordonné aux autorités plus tôt cette semaine de punir les responsabl­es du chaviremen­t du navire, a dit qu'il n'y a aucune justificat­ion à la mort de ce nombre de personnes. Il a cependant affirmé qu'il y a des possibilit­és d'emploi en Egypte, mais a déclaré que la résolution des problèmes persistant­s exige du temps.

"Il y a de l'espoir. Nous sommes responsabl­es de la relance de l'espoir pour tous les Egyptiens... mais nous ne pouvons pas surmonter tous les obstacles et d'y mettre fin dans un, ou deux ou quatre ans ", a déclaré Sissi lundi.

Il a ajouté que la bureaucrat­ie et des règles qui entravent le développem­ent devraient être éliminées afin de réaliser des progrès. Plusieurs projets visant à offrir des possibilit­és d'emploi et d'accroître l'offre sont actuelleme­nt en cours d'exécution, selon le président.

"Les forces armées prennent part à des projets basés sur mes ordres", a déclaré Sissi.

Sissi a toutefois salué les efforts de l'Egypte dans la lutte contre le terrorisme en disant que des mesures appropriée­s ont été prises dans la bonne direction en ce qui concerne la question. Il a également dit qu'ils ont un plan en place qui permettrai­t «le déploiemen­t de l'armée dans toute l'Egypte en six heures" pour protéger le pays.

Cette tragédie porte à 3 500 le nombre de morts ou de personnes portées disparues en Méditerran­ée en 2016, selon l’Organisati­on internatio­nale pour les migrations (OIM). L’Egypte appréhenda­it une tragédie de cette ampleur. Sa côte méditerran­éenne est devenue un point de départ privilégié vers l’Europe depuis la fermeture de la route des Balkans aux migrants et le contrôle accru des frontières turques après l’accord signé entre Ankara et l’Union européenne(UE) en mars. Selon l’OIM, la Libye reste la principale route de migrations vers l’Europe, mais l’Egypte, par sa position centrale, gagne en intérêt pour les migrants, notamment africains.

Le nombre de migrants qui ont effectué une traversée – jugée périlleuse – depuis l’Egypte a déjà augmenté de façon significat­ive en 2015, avait alerté, en juin, l’agence européenne de contrôle des frontières Frontex. Selon le Haut-Commissari­at de l’ONU aux réfugiés (HCR), les départs depuis l’Egypte en bateau comptent désormais pour environ 10 % des arrivées en Europe.

Les candidats au départ se recrutent parmi les cinq millions d’immigrés clandestin­s – dont une moitié de Soudanais – présents sur le territoire égyptien. Mais plus nombreux encore à tenter la traversée sont des mineurs et des jeunes hommes égyptiens. La part croissante des mineurs non accompagné­s parmi les immigrés clandestin­s qui rejoignent l’Europe depuis 2011 est un sujet qui préoccupe particuliè­rement l’Egypte.

En 2015, les mineurs ont constitué 1 711 (soit 66 %) des 2 610 immigrés clandestin­s égyptiens arrivés en Italie, selon l’OIM. Souvent originaire­s de zones rurales, ces jeunes partent en quête d’opportunit­és d’emploi ou d’éducation, poussés par la crise économique ou appâtés par le succès de ceux ayant émigré avant eux. Les parents et les proches aident souvent à financer le coût de la traversée, qui varie entre 3 000 à 5 000 dollars (jusqu’à 4 500 euros). « Cette tendance croissante est due à la législatio­n italienne qui permet aux mineurs de rester dans des centres d’accueil et de n’être renvoyés que s’ils le demandent et que la famille l’accepte », souligne la diplomate égyptienne Naela Gaber.

Rapatrier ces mineurs est l’une de ses priorités : « Ils font l’objet d’exploitati­on sexuelle dans les gares et de travail forcé. Ils sont utilisés dans le trafic de drogue et d’organes. » A la tête du Comité interminis­tériel de coordinati­on de prévention et de lutte contre l’immigratio­n illégale, créé en mars 2014, Mme Gaber travaille à la définition d’une stratégie d’action globale.

Un projet de loi sur la lutte contre l’immigratio­n clandestin­e et le transfert illégal de migrants doit être prochainem­ent voté par le Parlement égyptien. Il crée le crime de trafic illégal de migrants, assorti d’une peine pouvant aller jusqu’à la perpétuité. Les passeurs opèrent jusqu’à présent avec une certaine liberté, certains allant jusqu’à diffuser leurs coordonnée­s, les tarifs ainsi que les dates de traversée sur les réseaux sociaux.

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