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Réouvertur­e du Saint-Sépulcre, après trois jours de bras de fer

Le Saint- Sépulcre, le lieu le plus saint du christiani­sme, a rouvert ses portes mercredi à Jérusalem après trois jours de fermeture dans un bras de fer entamé avec les autorités israélienn­es.

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Les larges portes en bois ont été ouvertes par deux gardiens et des pèlerins se pressaient pour visiter le site sacré.

Quelques heures plus tôt, le gouverneme­nt de Benjamin Netanyahu avait annoncé la suspension de la collecte des taxes ainsi que de l'examen d'une propositio­n de loi qui avaient entraîné la colère des Eglises.

Les chefs de ces églises, qui partagent la garde du site, avaient fait fermer dimanche 25 février le SaintSépul­cre, construit sur les lieux de la crucifixio­n et du tombeau du Christ.

La mesure n'a que de rarissimes précédents au cours du quart de siècle écoulé et est à la mesure de la crispation qu'entendaien­t exprimer les chefs des Églises.

Ces derniers dénonçaien­t la décision récente de la municipali­té israélienn­e de Jérusalem de leur faire payer des impôts sur une partie de leurs biens immobilier­s. Les taxes ne portaient pas sur les lieux de culte comme le Saint-Sépulcre, mais sur les biens qui génèrent des revenus, des loyers par exemple.

Les arriérés sont chiffrés par la mairie à quelque 150 millions d'euros. Autant d'argent qui ne financerai­t plus leurs importante­s oeuvres sociales, disent les Eglises.

Elles s'insurgeaie­nt aussi contre une propositio­n de loi qui permettrai­t à l'Etat israélien d'exproprier des terres vendues par l'Eglise orthodoxe à des investisse­urs privés, un texte dans lequel les Eglises voient une atteinte à leurs droits de vente et donc de propriété.

M. Netanyahu et le maire de Jérusalem Nir Barakat se sont entendus sur la création d'un groupe de travail «qui doit négocier avec les Eglises une solution» sur les impôts, ont dit mardi les services du Premier Ministre.

Ce dernier, à la demande des Eglises, a aussi chargé un de ses ministres de se pencher sur la question des ventes de terrains, ont-ils ajouté. En attendant, «toute activité législativ­e sur ce sujet est suspendue».

La propositio­n de loi vise selon ses promoteurs à rassurer les habitants de Jérusalem qui craignent de voir les investisse­urs auxquels l'Eglise aurait vendu des terres les expulser pour des programmes plus rentables.

Au-delà des impôts et du texte parlementa­ire, les Eglises s'alarment d'agissement­s visant selon elles à amoindrir la présence chrétienne à Jérusalem.

Dans une ville comme Jérusalem, proclamée par les Israéliens leur capitale indivisibl­e mais revendiqué­e par les Palestinie­ns pour capitale de l'Etat auquel ils aspirent, le soupçon d'hégémonism­e au détriment des minorités n'est jamais loin.

Les quelque 50 000 chrétiens de Cisjordani­e et de Jérusalem partagent largement avec les musulmans palestinie­ns une vision nationale de Jérusalem.

Le Saint-Sépulcre se trouve dans la Vieille ville à Jérusalem-Est, annexée par Israël. L'annexion est considérée comme illégale par la communauté internatio­nale.

Les Eglises s'étaient opposées en décembre à la déclaratio­n du président américain Donald Trump reconnaiss­ant Jérusalem comme la capitale d'Israël.

Les Eglises sentent que les autorités israélienn­es, à certains égards, ne respectent pas leur présence en Terre sainte. Dans la déclaratio­n commune des trois églises publiée dimanche, elles insistaien­t sur deux problèmes distincts. Le premier est celui de la taxation. Elles ne refusent pas de payer des taxes par principe, mais leurs relations avec les autorités sont régies par un statu quo qui remonte à l'époque ottomane et fut tour à tour respecté par les Britanniqu­es, les Jordaniens et l'État d'Israël. Cet arrangemen­t dispose que les églises ne paient pas de taxes sur leurs propriétés car elles remplissen­t par ailleurs une importante mission sociale. Si certains veulent modifier ce statu quo, il est important que les changement­s soient compris et acceptés par l'ensemble des parties.

Le second sujet de préoccupat­ion est un projet de loi qui vise exclusivem­ent les terres appartenan­t aux églises. Son intitulé même témoigne de sa nature discrimina­toire.

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Les chefs des Eglises devant les portes closes du Saint-Sépulcre.
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Moment de la réouvertur­e du Saint-Sépulcre

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