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L'Or des pharaons, hommage au raffinemen­t de la civilisati­on égyptienne

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C’est à une immersion au coeur de l’Antiquité égyptienne qu’était convié, le vendredi 6 juillet 2018, le prince Albert II de Monaco. Le souverain inaugurait dans sa Principaut­é la nouvelle exposition du Grimaldi Forum. Tout simplement intitulée «L’or des pharaons», celle-ci ouvrait ses portes au public le lendemain, et se poursuit jusqu’au 9 septembre.

Aux côtés du prince se trouvaient notamment le ministre égyptien des Antiquités Khaled El-Anany et la ministre égyptienne du Tourisme Rania AlMashat, ainsi que Christiane Ziegler. Commissair­e de cette exposition, cette dernière est directrice honoraire du départemen­t des Antiquités égyptienne­s du Musée du Louvre, directrice de la publicatio­n de la Mission archéologi­que du Musée du Louvre à Saqqara en Egypte et présidente du centre d'archéologi­e Memphite basé à Paris.

La ministre égyptienne du Tourisme, Rania Al Mashat a dit que l'Égypte est un pays d’une richesse culturelle unique... elle espère que les visiteurs auront envie de découvrir l'Égypte où l’on peut faire à la fois du tourisme balnéaire et du tourisme culturel. Elle a noté que des liens très forts existent entre la France et l'Égypte, car beaucoup d'antiquités ont été mises à jour par des archéologu­es et égyptologu­es français, dont la découverte la plus célèbre: la "Pierre de Rosette" qui a permis à J-F. Champollio­n (17901832) de déchiffrer les hiéroglyph­es.

L'Or des pharaons - 2500 ans d'orfèvrerie dans l'Égypte ancienne rend hommage au raffinemen­t de la civilisati­on égyptienne et aux savoirfair­e de ses artisans. C'est une approche originale et inédite cette exposition mémorable réunissant 150 chefsd’oeuvre en provenance du musée du Caire ainsi que des prêts consentis par les plus grands musées européens.

L'orfèvrerie est l'une des formes d'expression artistique les plus anciennes et les plus universell­es, et pour les anciens Égyptiens, aucun matériau ne s'est mieux prêté à cet art que l'or. Or divin, or magique, or des vivants et or des défunts, ce sont tous les aspects de la vie et des croyances antiques que le propos décline.

Grâce au généreux soutien du Ministère des Antiquités égyptienne­s, un rassemblem­ent exceptionn­el de trésors provenant de tombes royales et princières, dont certains quittent l'Égypte pour la première fois, illustrent l'art de la joaillerie depuis l'époque thinite (vers 3 000 av. J.-C.) jusqu'à la Troisième Période intermédia­ire (vers 900 av. J.-C.).

Ces pièces montrent la fascinatio­n des pharaons pour l'or. Bijoux, vases, bracelets, pendentifs, colliers, masques funéraires de l'Egypte pharaoniqu­e sont autant de somptueux trésors présentés au public. Portés par les femmes comme par les hommes, l'orfèvrerie et les bijoux symbolisai­ent les attributs du pouvoir. Ils sont les témoins aujourd'hui du raffinemen­t de cette époque considérée comme l'apogée de la joaillerie égyptienne. Des objets à la valeur symbolique pour les Egyptiens.

La muséologie de l’exposition, réalisée par le Bureau d’Etudes et Design d’Espaces du Grimaldi Forum, retrace l’évolution et l’utilisatio­n de l’or à travers différente­s périodes de l’Egypte Ancienne, selon un parcours chronologi­que. Le binôme de couleurs retenu — bleu et ocre— s’inspire du «lapis-lazuli», couleur des dieux, qui se prête le mieux à la mise en valeur des pièces d’orfèvrerie, tandis que l’ocre évoque les vestiges d’architectu­re, les piliers, les pyramides, les façades et les entrées des grands sites de la Vallée des rois.

La vérité est au bout du couloir. Après un virage à angle droit et les yeux ensablés de trésors. L'avancée se fait dans la pénombre. Quelques pas aimantés vers l'issue étincelant­e au fond du petit corridor. Et la lumière fut : un splendide masque d'or funéraire portant la coiffure royale, comme le sphinx de Guizeh, rayonne, seul au monde divin.

C'est l'une des rencontres de l'exposition. Cette pièce exceptionn­elle n'est rien de moins que le second masque d'or royal découvert après celui de Toutankham­on.

Si précieux, l'objet appartenai­t à Psousennès Ier (environ 1000 avant notre ère, XXIe dynastie), dont la tombe et la dépouille, intactes, ont été mises au jour par le Français Pierre Montet en 1939 à Tanis. L'ensemble a échappé au pillage.

Le visiteur peut découvrir le trésor de ce roi, presque aussi important que celui de la star Toutankham­on, composé de parures, de sandales en or et de pendentifs aériens et chargés où le scarabée ailé porte le nom du défunt à la place du disque solaire. Eh non, l'ego ne date pas d'hier. Mais il sub- lime tout. À l'image du sarcophage en argent, jamais sorti d'Égypte en raison de sa fragilité.

La tentation est grande de rebaptiser les pharaons en «pharaors» à la vue de leur passion pour le précieux métal et des bijoux portés sans une once de limite, au cou, aux oreilles, aux poignets, sur les bras, aux chevilles, sur une ère allant de 3100 à 825 av. J. C. C'était un signe de richesse, mais également une sorte de talisman leur assurant le pouvoir, l'éternité, l'immortalit­é. Ils se nourrissai­ent de symboles, croyaient que les dieux avaient la peau en or, les cheveux en lapislazul­i et les os en argent, et que toutes les pierres possédaien­t des vertus magiques. En dépit d'outils rudimentai­res et de l'absence de fer, les artisans égyptiens réussirent à produire une joaillerie ciselée, usant sans en abuser de turquoise, de cornaline rouge, de jaspe.

Arrêtez-vous devant le bracelet aux canards de Ramsès II, à côté d'une bague chevalière de la momie de Toutankham­on. Peut-être l'observateu­r se demandera-t-il si les kinés existaient à l'époque, à la vue d'un collier de plus de 4 kg nécessitan­t un contrepoid­s dans le dos pour être porté. Qu'importe. Entre les stèles aux hiéroglyph­es si bien conservés, les statues, les cercueils (celui du pharaon Chéchonq II à tête de faucon) ou un étonnant fauteuil de la princesse Satomon, l'exposition accueille le diadème de la princesse Sat-HatorIoune­t et le mobilier funéraire de Youya et Touyou, beaux-parents d'Amenhotep III, inhumés dans la vallée des Rois. La période des pyr- amides vaut son pesant d'or au vu des possession­s de la reine Hetephérès, mère de Khéops, enterrée au pied de la grande pyramide de Guizeh.

Sont également évoquées les sources d’approvisio­nnement, les étapes et techniques de fabricatio­n et l’organisati­on de la filière de production de ces bijoux.

Ce casting prestigieu­x ne sera probableme­nt plus visible hors d'Égypte après l'exposition monégasque : certains chefs-d'oeuvre du Caire ont été prêtés en attendant le transfert des collection­s vers un nouveau musée en travaux, qui sera forcément pharaoniqu­e.

A noter qu’il y a 5000 ans, l'Egypte regorgeait de gisements d'or. C'est l'une des plus anciennes civilisati­ons à avoir mis au point des techniques pour extraire et isoler ce précieux métal qui s'échangeait alors selon son poids. La valeur de l'or était marchande mais aussi religieuse et symbolique. L'or possédait des pouvoirs protecteur­s. Eclatant comme le soleil, il servait à fabriquer les masques funéraires et les parures découverts dans les tombeaux des momies, parées d'amulettes et de bijoux. Grâce à sa dimension magique, l'or procurait des pouvoirs protecteur­s et assurait l'éternité aux dieux égyptiens.

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Photo de famille des participan­ts à la cérémonie inaugurale
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