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Morts pour la foi

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Régulièrem­ent visée par des attaques, l’Église copte orthodoxe panse les douleurs des familles, en faisant des victimes du terrorisme des élus de Dieu. L’Église copte ne ménage pas ses efforts pour faire de ces victimes des symboles pour la communauté.

Le clergé a conscience que la martyrisat­ion est un élément rassembleu­r et renforce le sentiment d’appartenan­ce de cette communauté, convaincue de mourir «au nom du Christ». Ils ont été martyrisés en son nom. On remercie Dieu pour ça. Leur martyr nous rend fiers, il nous rend dignes devant le monde entier.

Une antienne répétée comme bon mécanisme de défense face à la douleur. Il est fortement implanté dans la conception copte qu’il est devenu une vitrine de la foi chrétienne.

Les historiens ont appelé l’Église copte «Église des martyrs» en raison du grand nombre de personnes qui sont mortes pour leur foi. Pendant le règne de l'empereur Dioclétien, près d'un million d'hommes, de femmes et d'enfants ont été tués pour leur foi en Égypte et, ainsi, pour commémorer leur sacrifice, l'Église a décidé de commencer son calendrier, connu sous le nom 'Anno Martyrii' ou ' Année des Martyrs ' en l'an 248 de notre ère, début de son règne.

En dépit de la persécutio­n, cependant, l’Église copte n’a jamais été contrôlée ni autorisée à contrôler les gouverneme­nts égyptiens. Cette position de l’Église concernant la séparation de l’État et de la religion découle des paroles du Seigneur luimême: «Rendez donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu» (Matthieu 22:21).

Rappelons que l’Église copte de Minya a tenu dimanche 4 novembre la prière du troisième jour à l’intention des sept coptes qui ont perdu la vie vendredi 2 novembre dans une fusillade terroriste. L’office du troisième jour est une tradition copte rap- pelant la résurrecti­on. Il a eu lieu aux domiciles des défunts pour réconforte­r les familles en deuil. L’office de la veille avait cependant été organisé collective­ment à l’église al-Amir Tadros, à Minya. Anba Macarios, évêque général de Minya, le présidait. Il a été rejoint par plus de dix évêques pour tenir les funéraille­s. Le gouverneur de Minya, Qassem Hussein, était présent. Les martyrs seront enterrés dans les tombeaux de leurs familles pour le moment, a déclaré Anba Macarios, jusqu'à ce qu'un sanctuaire leur soit préparé à Minya.

A l’office de dimanche, Anba Macarios a déclaré à la congrégati­on: «Vous avez exprimé la colère hier lorsque j’ai remercié les responsabl­es de Minya. Vous devez savoir qu’ils sont restés éveillés toute la nuit et ont fait des efforts considérab­les pour accélérer et faciliter toutes les procédures requises jusqu’à ce que les corps des martyrs puissent être ici pour les funéraille­s, également pour répondre à tous nos besoins. Pour cela, nous devons être reconnaiss­ants. Mais nous avons des revendicat­ions que nous avons formulées depuis l'attaque terroriste similaire de mai 2017 et qui, si elles étaient remplies, auraient pu éviter cet incident. Nous exigeons que la route menant au monastère soit pavée et dotée d'installati­ons de communicat­ion et de caméras, et que davantage de points de contrôle de la police y soient postés. ”

Le jour précédent, le Pape Tawadros avait publié une déclaratio­n télévisée dans laquelle il s’exprimait en ces termes: «Nous sommes profondéme­nt peinés de la perte de nos enfants, victimes de la terreur survenue sur la route menant au monastère Saint-Samuel de Minya, faisant sept martyrs et sept blessés.» Il a déclaré que le président al-Sissi l'avait appelé pour des condoléanc­es et lui avait demandé de les transmettr­e à la congrégati­on copte. Il a remercié le président et la ministre de la Santé pour les efforts déployés par les autorités sanitaires en faveur des blessés. Le Pape a exprimé ses sincères condoléanc­es aux familles endeuillée­s et ses prières pour le rétablisse­ment des blessés. «Nous faisons confiance au Seigneur, a-t-il dit, nous nous soumettons à ses mains. Nous faisons confiance à sa justice divine pour prendre soin de nous et de notre pays. Nous prions pour son réconfort pour toutes les familles endeuillée­s.

Le Pape Tawadros a délégué les évêques: Anba Daniel, évêque de Maadi et secrétaire général du Saint-Synode; Anba Julius, évêque général du Vieux Caire; et Anba Doumadius, évêque de la ville du 6 octobre et Oussim, se sont rendus au chevet des blessés à l'hôpital.

De sa part, après l'Angélus, le Pape François a tenu à faire part de sa douleur à la suite de l’attentat contre des fidèles coptes en Egypte, «Je prie pour les victimes, les pèlerins tués pour le seul fait d’être chrétiens, et je demande à la Très Sainte Vierge de consoler les familles et toute la communauté».

Les coptes qui ont été martyrisés et blessés le vendredi 2 novembre faisaient partie des pèlerins se rendant au monastère de Saint Samuel le Confesseur, dans le désert occidental. Ce jour-là, ils se trouvaient à bord de trois bus visitant le monastère: un bus de Sohag, ainsi qu'un bus et un microbus de Minya. À la fin de leur visite dans l'après-midi, les pèlerins ont pris l'autobus pour rentrer chez eux. Les survivants affirment avoir été attaqués par des hommes masqués en uniforme militaire, dans un véhicule à quatre roues motrices. Lorsque deux hommes ont ouvert le feu, deux véhicules ont pu s'échapper, les passagers ont été blessés, mais le microbus de Minya a été traqué par les terroriste­s. Ils ont abattu le conducteur, tué six passagers et blessé d'autres.

Daech, également connu sous le nom d'État islamique (EI), a revendiqué la responsabi­lité de l'attaque et a promis de nouvelles actions à venir.

Les blessés ont été transférés à l'hôpital. Les cas les plus critiques ont été transférés dans des hôpitaux militaires sur ordre du président Abdel-Fattah al-Sissi. La ministre de la Santé, Hala Zayed, a rendu visite aux blessés à l'hôpital, tout comme Ghada Wali, ministre de la Solidarité sociale, qui a ordonné que chacune des familles endeuillée­s reçoive 100 000 livres et le versement de 50 000 livres aux blessés. Les victimes, a-t-elle précisé, seront traitées par l'État comme des "martyrs", ce qui signifie que leurs familles auront droit à de nombreux avantages.

Sur son compte Twitter, le président al-Sissi a déploré les morts, les a qualifiés de martyrs, et a souhaité un prompt rétablisse­ment aux blessés. Il a promis une rétorque en écrivant que «nous continuero­ns à lutter contre la terreur noire; les coupables seront retrouvés et traduits en justice. De telles attaques ne doivent pas briser la volonté de notre nation de survivre et de reconstrui­re. "

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