Bernadette de Lourdes, comédie musicale qui illumine la cité mariale
Alors que la saison des pèlerinages bat son plein à Lourdes, dans les Pyrénées, l’histoire de la jeune Bernadette, à qui la Vierge est apparue à 18 reprises en 1858, est au coeur d’un spectacle musical. Du 1er juillet au 5 octobre, le spectacle "Bernadette de Lourdes" raconte en musique l’histoire de cette jeune fille à l’origine de la création du sanctuaire de Lourdes.
Si les voies du Seigneur sont impénétrables, le chemin vers Lourdes s'est ouvert. Il leur a fallu avoir la foi. Monter un spectacle sur ?Bernadette Soubirous à Lourdes a relevé du chemin de croix pour Éléonore de Galard et Roberto Ciurleo. Cette idée un peu folle est venue aux deux producteurs en 2010, alors qu'ils s'étaient installés dans le département voisin du Gers pour répéter avec l'équipe de Robin des bois, leur première comédie musicale. Par curiosité, Roberto Ciurleo est allé visiter la fameuse grotte au bord du gave où la Vierge Marie serait apparue à la jeune paysanne en 1858. En 2016, un incident de la circulation a pu convaincre les promoteurs du spectacle: Roberto Ciurleo se retrouve capot contre capot avec le van du prêtre des rues Jean-Philippe Chauveau, sur lequel est écrit: "Marie m'a regardée comme une personne", la phrase de Bernadette Soubirous. L'événement conduit à un miracle. L'équipe de Bernadette obtient un rendez-vous avec le père Régis-Marie de La Teyssonnière, le chapelain du sanctuaire. Il a pleuré en entendant les premières chansons, jure Ciurleo. Il a validé le livret, ce qui a permis d'obtenir aussi la caution du Vatican.
Il serait bon de rappeler à cet égard que le 11 février 1858, la jeune Bernadette Soubirous se rend sur les rives du Gave, à Lourdes, pour ramasser du bois. Alors qu’elle entend ce qui lui semble être un coup de vent, elle lève les yeux vers la grotte de Massabielle et aperçoit une dame vêtue de blanc.
Bernadette vient alors d’avoir une apparition mariale, la première d’une longue série. En racontant ces apparitions, l’adolescente se retrouve dans la lumière et doit faire face au scepticisme des hommes de loi et d’église ainsi qu’aux curieux qui l’accompagnent de plus en plus nombreux à la grotte.
Ces apparitions seront officiellement reconnues par l’Église en 1862, alors que Bernadette est entrée dans les ordres, aux Soeurs de Nevers. C’est cette histoire, à l’origine de la création du sanctuaire de Lourdes qui est aujourd’hui l’un des principaux sites de pèlerinage français, que raconte la comédie musicale "Bernadette de Lourdes". On suit ainsi la jeune fille lors de ses rencontres avec la Vierge Marie puis dans sa lutte calme et humble pour défendre son récit auprès des adultes sceptiques.
Le personnage de Bernadette est accompagné sur scène par ses parents, Louise et François Soubirous, le commissaire Jacomet ou encore l’abbé Peyramale.
Leurs échanges sont reconstitués d’après des documents authentiques. Côté décor, le spectateur voyage du commissariat à la grotte de Massabielle entièrement reconstituée, et du presbytère au Cachot où vit la famille Soubirous.
Pensé pour les pèlerins, Bernadette de Lourdes se joue à al’espace Robert Hossein de Lourdes qui a été entièrement réaménagé afin d’accueillir plus d’une centaine de personnes à mobilité réduite et en situation de handicap. Le spectacle est également surtitré en anglais, espagnol et italien.
Le sanctuaire de Lourdes, dans les Pyrénées, se compose de 22 lieux de cultes parmi lesquels la grotte des apparitions, la basilique de l’Immaculée Conception, la basilique Notre-Dame du Rosaire ou encore les Piscines dans lesquelles viennent chaque année s’immerger quelque 350.000 personnes dans l’espoir d’une guérison. En 2019, Lourdes célèbre les 140 ans de la mort de Bernadette et les 175 ans de son décès.
Eyma (Bernadette Soubirous), Sarah Caillibot (Louise Soubirous), David Bán (François Soubirous), Christophe Héraut (Abbé Peyramale) et Grégory Deck (Commissaire Jacomet), tous ont accepté de raconter son parcours dans le respect de l’histoire de la jeune adolescente.
Eyma a 16 ans et chante depuis son plus jeune âge. Son style musical est le Pop Rock. Adele, Rihanna, Bruno Mars et Sam Smith sont ses principales influences. Depuis l'âge de 10 ans, elle se produit dans le cadre d'événements caritatifs et de micro ouvert. Elle remporte la finale du tremplin musical "Plus 2 Talents" dans la catégorie junior en 2015.
Dans Bernadette de Lourdes, Eyma joue le rôle de cette jeune adolescente qui vit une expérience unique et bouleversante.
Le spectacle relate, à partir de procès-verbaux d'époque, l'enquête cléricale qui fut menée, jusqu'au départ de Bernadette dans un couvent de Nevers où elle prit l'habit. Avec ses propres mots et des documents authentiques de l'époque, Bernadette de Lourdes décrit fidèlement la chronologie des événements, sa famille, sa rencontre avec la Vierge Marie, son humilité, son calme et sa détermination à lutter pour défendre les faits. Une histoire extraordinaire qui restera à jamais gravée dans les coeurs et qui mène de la Grotte de Massabielle au cachot en passant par le poste de police.
Bernadette de Lourdes reviendra à partir de début avril 2020 jusqu'au mois d'octobre, dans le cadre d'un bail de trois ans à compter de cette année. Des négociations sont en cours en vue d'une tournée dans plusieurs pays dont l'Espagne, l'Italie, la Pologne et en Amérique latine.
Le budget global de la comédie musicale s'élève à près de 10 millions d'euro. Dans cette mise en scène bien ficelée qui réunit tous les ingrédients de la réussite, le dynamisme est de mise. Gilets, bretelles et redingotes pour ces messieurs de la ville, sabots, fichus, tabliers pour Bernadette et les siens… Les costumes des vingt-cinq personnes qui se succèdent sur scène font plonger dans l’atmosphère du milieu du XIXe siècle, palpable dans les quelques chorégraphies d’ensemble plutôt réussies. Il faut apprécier la diversité des décors mis en valeurs par les changements à vue et qui permet de passer en un rien de temps de la place du village au bureau du commissaire Jacomet (interprété par Grégory Deck), à la grotte ou encore au beau milieu de la campagne pyrénéenne. Un tableau montre Bernadette discutant aux champs avec Jeanne et Toinette. Les événements se déroulent avec le frémissement du vent au milieu des herbes folles, dans un décor d’une beauté à couper le souffle. Lumières chaudes et contrastes projettent le spectateur dans un imaginaire digne des grands maîtres du clair-obscur.
Au milieu, Bernadette, inébranlable. Ici, point d’adolescente introvertie et craintive, mais une enfant de 14 ans à la détermination sans faille. «Je suis chargée de vous le dire, pas de vous le faire croire», lance-t-elle effrontément à ses détracteurs.
En fait d’apparition mariale, dans la grotte de Massabielle magnifiquement reproduite en 3D à l’image de l’originale, une forme blanche qui ondule légèrement et dont la sobriété permet au spectateur d’imaginer ce qu’il veut, laissant parler son coeur et non ses yeux. Bernadette est bien là, en contemplation, et son regard en dit long. «Madame, Vous qui m’avez choisie un jour, Pour répandre vos mots d’amour, Vous qui un jour m’avez élue, Je vous bénis, je vous salue», lance-t-elle à la Vierge. À sa voix claire répondent au fil du spectacle celles de David Bán et Sarah Caillibot, qui interprètent ses parents, pauvres gens pris entre la pression sociale qu’ils subissent et leur fille qui appelle à la vérité, plus résolue que jamais.
«Allez dire, Que chacun porte en lui, Enfoui et caché, Ce pourquoi il est là», chantent en choeur les artistes. Dans le fond de la scène, des photos des processions d’hier et d’aujourd’hui attestent de l’actualité permanente du mystère de Lourdes. Roberto Ciurleo cite d’ailleurs volontiers padre Nicolas, ce prêtre qui lui a attrapé le bras à l’issue d’une représentation, lui lançant de son bel accent italien: «Mais elle est vivante, elle est vivante, c’est Bernadette!».