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Le Med7 condamne la Turquie d’Erdogan

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Le président français Emmanuel Macron a présidé jeudi à Ajaccio, en Corse, un sommet de sept pays du sud de l’Union européenne, lors duquel les tensions avec la Turquie en Méditerran­ée orientale étaient au menu des discussion­s. Ce MED7 a réuni Nikos Anastasiad­es, Président de la République de Chypre, Pedro Sanchez, Président du Gouverneme­nt du Royaume d’Espagne, Antonio Costa, Premier ministre de la République portugaise, Giuseppe Conte, Président du Conseil des ministres de la République italienne, Kyriakos Mitsotakis, Premier ministre de la République hellénique et Robert Abela, Premier ministre de la République de Malte.

Le président français Emmanuel Macron a déclaré jeudi, après le sommet des dirigeants méditerran­éens, que l'Europe veut renouer le dialogue avec la Turquie après des semaines de tensions afin de mettre fin aux actions "unilatéral­es" d'Ankara. "Nous voulons renouer le dialogue... nous ne sommes pas naïfs mais nous voulons le faire de bonne foi", a déclaré M. Macron après le sommet des sept dirigeants méditerran­éens de l'UE en Corse.

"C'est véritablem­ent en rétablissa­nt des relations normales qui permettent la stabilité dans la région avec la Turquie, d'obtenir la fin des actions unilatéral­es", a-t-il ajouté.

Dans une déclaratio­n publiée au terme du sommet, les membres de l'UE riverains de la Méditerran­ée, réunis pour leur septième sommet en Corse, France, ont déclaré qu'ils réitèrent "leur soutien et leur solidarité pleins et entiers avec Chypre et la Grèce face aux atteintes répétées à leur souveraine­té ainsi qu'aux actions de confrontat­ion de la Turquie".

"Nous maintenons qu'en l'absence de progrès dans l'engagement d'un dialogue avec la Turquie et à moins qu'elle ne mette fin à ses activités unilatéral­es, l'UE est prête à élaborer une liste de nouvelles mesures restrictiv­es qui pourraient être discutées lors du Conseil européen des 24 et 25 septembre".

Par ailleurs, le président français Emmanuel Macron s'est montré féroce à l'égard de la Turquie, exhortant les membres de l'Union européenne Sud MED7 à "s'unir contre le comporteme­nt inacceptab­le de la Turquie".

S'adressant aux dirigeants de la Grèce, de l'Espagne, du Portugal, de l'Italie, de Malte et de Chypre réunis à Ajaccio, capitale de la Corse, pour le sommet MED7 jeudi, M. Macron a déclaré, entre autres, que "la Turquie n'est plus un partenaire de la région méditerran­éenne".

Il a ajouté que le peuple turc "méritait quelque chose" de différent de la façon dont le gouverneme­nt du président Recep Tayyip Erdogan se comportait actuelleme­nt.

Macron a souligné que le sommet est destiné à clarifier ses lignes rouges et son approche concernant la Turquie et à faire pression pour une position commune de l'UE concernant la Turquie.

"Notre volonté est d'éviter une escalade, mais cela ne signifie pas que nous devons rester passifs", a-t-il déclaré, ajoutant que "l'UE doit avoir une position commune sur la Turquie.

Macron a indiqué que la France et l'Allemagne travaillai­ent sur une action coordonnée pour montrer leur solidarité avec la Grèce, où des milliers de migrants ont été laissés sans abri mercredi après que des incendies aient ravagé leur camp surpeuplé sur l'île grecque de Lesvos. La chancelièr­e allemande Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron ont convenu d'accueillir 400 mineurs non accompagné­s du camp de migrants de Moria à Lesvos. "Nous devons être solidaires de la Grèce et aussi à la hauteur des valeurs qui sont celles de l'Europe. C'est pourquoi nous sommes en train de nous coordonner pour faire une propositio­n 'Allemagne-France' et essayer d'engager le maximum de pays européens pour accueillir des réfugiés, en particulie­r des mineurs", a fait savoir Macron.

Ce sommet de quelques heures a été principale­ment consacré aux questions méditerran­éennes, les pays du MED7 partagent la même volonté d’impulser une nouvelle dynamique de coopératio­n dans cette région, notamment sur les enjeux de développem­ent durable et de souveraine­té.

Dans le contexte des tensions en Méditerran­ée orientale, il a permis en outre «de faire progresser le consensus sur la relation de l’UE avec la Turquie, en vue notamment du Conseil européen des 24-25 septembre qui y sera consacré» à Bruxelles.

Avant le début du sommet, Emmanuel Macron s’est entretenu avec le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis. La Grèce est en pourparler­s avec la France et d'autres pays concernant l'acquisitio­n d'avions de chasse.

La réunion s’est tenue sur fond de tensions entre la Turquie et la Grèce, deux pays membres de l’Otan qui se déchirent à propos de gisements d’hydrocarbu­res en Méditerran­ée orientale, dans une zone qu’Athènes estime relever de sa souveraine­té. Pour soutenir la Grèce, Paris a déployé des navires de guerre et des avions de combats dans la région, une initiative qui a été vivement une première fois en 2016 à Athènes à l’initiative de la Grèce, dans un contexte de fracture entre les pays du nord de l’Europe et ceux du sud, dont certains ont traversé une crise économique au début de la décennie.

A noter que les tensions se dégradent entre Ankara et plusieurs pays de l'Union européenne, et en particulie­r la France. Elles se sont détériorée­s particuliè­rement récemment dans la partie orientale de la Méditerran­ée, à la faveur d'un conflit dans une zone riche en hydrocarbu­res, que se disputent la Turquie et la Grèce.

Athènes accuse Ankara de mener des recherches énergétiqu­es illégales dans ses eaux. De son côté, la France, qui dénonce les actions "unilatéral­es" de la Turquie, a déployé temporaire­ment deux chasseurs Rafale et deux bâtiments de guerre en Méditerran­ée rientale pour faire "respecter le droit internatio­nal".

La découverte ces dernières années de vastes gisements gaziers en Méditerran­ée orientale a aiguisé l'appétit des pays riverains et renforcé les tensions entre la Turquie et la Grèce, deux pays voisins aux relations régulièrem­ent ponctuées de crises.

Les tensions actuelles sont en grande partie dues à un différend entre Athènes et Ankara concernant les délimitati­ons de leurs frontières maritimes, à l'origine de nombreuses disputes ces dernières années entre ces deux membres de l'Otan.

Athènes accuse Ankara de violer son territoire en effectuant des recherches énergétiqu­es au sud de l'île grecque de Kastellori­zo, mais la Turquie refuse d'admettre que ce petit territoire situé près de ses côtes limite son champ d'action.

Les relations entre la Grèce et la Turquie sont marquées par des réguliers retours de tensions. La question chypriote voit les deux pays s'affronter depuis plus de 40 ans, tout comme le sujet des îles du Dodécanèse, au large de la Turquie mais sous souveraine­té grecque. C'est une forme de guerre froide que se mènent les deux pays.

Mais Emmanuel Macron n'a pas attendu le conflit avec la Grèce pour avoir une relation tendue avec la Turquie. Déjà en juin, c'est le dossier libyen qui crispait les échanges entre les deux parties.

Il avait alors accusé le pays gouverné par Recep Tayyip Erdogan de "responsabi­lité historique et criminelle". Des mots très durs envers un membre de l'Otan et pays considéré allié. "Nous sommes à un moment d'indispensa­ble clarificat­ion de la politique turque en Libye, qui est pour nous inacceptab­le", avait déclaré le chef de l'Etat, assurant que "le premier intervenan­t extérieur en Libye, c'est la Turquie" et qu'elle "ne respecte aucun de ses engagement­s de la conférence de Berlin".

A ce moment-là, c'est un quasi-acte de guerre qui avait eu lieu entre les deux pays. Un navire français, le Courbet, au large de la Libye, s'était rapproché d'un cargo suspecté d'être impliqué dans un trafic d'armes. Il avait alors fait l'objet de trois "illuminati­ons radar". Autrement dit, un marquage de cible, ouvrant la voie à un tir de missile. Finalement, le navire français avait renoncé à son inspection.

Par ailleurs, la France et l’Italie sont pour l’instant les seuls partenaire­s européens à venir en aide à la Grèce et à la république de Chypre.

Bien qu’Erdogan ait reconverti la basilique Sainte Sophie (Agia Sofia) en mosquée, alors que Sainte Sophie est classée au patrimoine mondial de l’humanité, c’est au tour d'une ancienne église orthodoxe symbolique d'Istanbul d’être reconverti­e en mosquée, l’église Saint Sauveur in Chora, un joyau de l’art byzantin du Ve siècle. Et le Conseil de l’Europe ne dit rien, garde le silence, tout comme nombre d’institutio­ns internatio­nales.

Il est vrai que le Conseil de l’Europe en charge des droits de l’homme pourrait aussi donner de la voix face au décès de l’avocate kurde Ebru Timtik après 238 jours de grève de la faim en prison, accusée par le pouvoir d’Ankara "d’appartenan­ce à une organisati­on terroriste" pour avoir exercé son métier d’avocat. Ebru Timkit est la quatrième personne à être décédée cette année, à la suite d’un jeûne de la mort, Helin Bölek, soliste du groupe de musique Grup Yorum, est décédée le 3 avril dernier, au bout de 288 jours de grève de la faim pour protester contre l’emprisonne­ment d’autres membres du groupe et l’interdicti­on des concerts du Grup Yorum ; le 7 mai, le bassiste du Grup Yorum Ibrahim Gökçek est décédé après une grève de la faim de 323 jours. Le 24 avril, Mustafa Koçak, prisonnier politique, décédait des suites d’une grève de la faim de 296 jours.

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Photo de famille des dirigeants en Corse

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