Coqs en stock
àLas Vegas, courant janvier, il fait 8 °C à l’ombre et trois fois plus chaud dans les casinos. Particularité de la saison : ces lieux de réjouissance accueillent des milliers d’individus intéressés par des jouets mariant sciences et business. Ainsi, au Consumer Electronics Show (CES), le plus grand salon du monde dédié aux nouvelles technologies, on pitche, on démontre, on vante en anglais… le savoir-faire français. Cocorico ! De quoi rameuter candidats hexagonaux en campagne (présidentielle), manufacturiers mondialisés et journalistes affûtés, mais aussi une foule d’opportunistes peu habitués à cette grand-messe consumériste. La Fédération française des assurances a même fait le déplacement pour se piquer de high-tech. La cause de nos maux pour certains, le remède de sortie de crise pour d’autres. Mais nos 275 entreprises bleu blanc rouge n’ont cure de ces atermoiements pour se concentrer sur leur labeur. Car cette quatrième révolution industrielle – celle de l’informatique, des plateformes et de l’automatisation –, c’est la leur.
Elles entendent en tirer profit en commercialisant des objets toujours plus interactifs, au bénéfice affiché de notre santé ou de notre sécurité, quand ce n’est pas de notre confort ( lire p. 32 à 39). Résultat des courses, notre bataillon gaulois a raflé 47 médailles, dont celle de la meilleure appli (Nebo). L’occasion aussi pour de jeunes pousses de signer de juteux contrats, comme Netatmo avec Legrand. Le petit fournissant au grand, implanté dans 90 pays, ses accessoires connectés. Blue Frog Robotics s’est quant à lui attiré la bienveillance de la SNCF pour installer dans ses michelines des robots d’assistance aux voyageurs. Seulement voilà. Fallait-il traverser l’Atlantique pour finalement s’acoquiner avec des mastodontes bien de chez nous ? Des “railleurs” relèveront que ce mouvement French Tech, initié par l’ex-ministre Fleur Pellerin, se révèle souvent plus prompt à engloutir des subventions publiques qu’à inventer des lendemains qui chantent… Oui, mais là, on est en Amérique. Les coups de com’ sont à la mesure du continent. Gigantesque. Si bien que ce débarquement français au CES a éclipsé une autre actualité.
Amazon dépasse les 100 milliards d’euros de recettes par an et a trouvé pour Alexa, son intelligence artificielle, des débouchés bien concrets. Huawei, LG, Lenovo, Ford : tous ces constructeurs l’ont choisi pour apporter de la matière grise à leurs smartphones, téléviseurs, réfrigérateurs et autres automobiles. Pas mal pour un vendeur de bouquins qui, en 1994, s’appelait encore Cadabra et cherchait sans doute son inspiration dans le Nevada, du côté des machines à sous. Qui sait si, en 2017, un de nos coqs voyageurs – oups, une de nos start-up polyglottes – ne cacherait pas une amazone ?