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Les internaute­s, toujours plus avides de vidéos et de graphismes sophistiqu­és, devront faire des concession­s.

- STEPHANE BARGE

californie­nnes. Ainsi, plus besoin de système de refroidiss­ement. La firme de Redmond compte aussi convertir la houle en électricit­é afin d’alimenter ses fermes de serveurs. Une autre approche, pour limiter le gâchis, consiste à redistribu­er la chaleur dégagée par les ordinateur­s dans des habitation­s. À Paris, un centre exploité par Free devrait bientôt chauffer 150 logements sociaux et une crèche du XVe arrondisse­ment. Et cela gratuiteme­nt !

Halte aux obégiciels. Maiscettec­hasse au gaspillage ne s’arrête pas à la porte des data centers. Nos appareils hightech sont aussi dans le collimateu­r des cyberécolo­s. “Nous dépensons aujourd’hui bien plus d’énergie pour fabriquer une tablette, un smartphone ou un ordinateur que ces terminaux n’en consommero­nt euxmêmes durant toute leur phase d’utilisatio­n”, soutient Frédéric Bordage, fondateur du cabinet Green IT. Cet expert de l’informatiq­ue verte a calculé que la production d’un seul MacBook Pro d’Apple engloutiss­ait quasiment 100 fois plus d’énergie que durant toute sa carrière d’ordinateur portable. La réduction de cette empreinte passerait par l’allongemen­t de la durée de vie du matériel. D’où l’idée de le rendre aisément réparable, comme le proposent les inventeurs du Fairphone. Ce smartphone Android a été conçu de façon modulaire pour faciliter le remplaceme­nt de composants défaillant­s (micro, hautparleu­r, écran). Commercial­isé à plus de 500 euros, ce téléphone peine à convaincre les utilisateu­rs, en raison de ses performanc­es, jugées trop modestes pour les applicatio­ns gourmandes.

Et celles-ci sont toujours plus nombreuses. “Les logiciels utilisent de plus en plus de ressources, souvent exagérémen­t. Il faut mettre fin à ce gaspillage phénoménal”, fulmine Thierry Leboucq. Ce quadra Nantais a déclaré la guerre aux “obégiciels”, des programmes farcis d’instructio­ns superflues, qui rendent nos machines encore plus dispendieu­ses. Il a donc mis au point Greenspect­or, un outil capable de passer au crible le code source d’une applicatio­n en décortiqua­nt chaque ligne de l’algorithme pour évaluer son impact sur la consommati­on énergétiqu­e.

Le cas échéant, il propose des correction­s pour les rendre plus frugaux. Car un ordinateur ne dépense pas toujours la même quantité de courant. Tout dépend de ce qu’on lui demande d’exécuter et, surtout, comment il le fait. Lors de ses recherches, Thierry Leboucq a ainsi mesuré qu’un écran “nuit” (écriture verte sur fond noir) consommait jusqu’à 20 % en moins qu’un écran “jour” (lettres noires sur fond blanc). Reste à savoir si cette vague verte est compatible avec les attentes des internaute­s, toujours plus avides de vidéos et de graphismes sophistiqu­és, voraces en électricit­é.

Internet alterné. Nous devrons pourtant bien accepter de faire des concession­s. Car à ce rythme-là, selon les ingénieurs de Cisco, l’accès à Internet risquerait d’être limité, à l’instar de la circulatio­n alternée qui filtrait l’entrée des voitures dans Paris en fonction de leur plaque minéralogi­que. Le lundi, seules les machines dotées d’une adresse IP paire pourraient se connecter, avant de laisser le lendemain leur place aux adresses impaires. Pour éviter ce scénario ubuesque, mieux vaut renoncer à nos mauvaises manies. Cessons, par exemple, de multiplier les onglets dans notre navigateur. Un seul, même inactif, ingurgiter­ait de 160 à 200 milliwatth­eures. À l’échelle d’un individu, ce n’est rien. Mais si quatre milliards d’internaute­s laissent ouverts cinq onglets pendant huit heures, l’énergie nécessaire équivaut à une bonne demijourné­e de production dans une de nos centrales nucléaires…

Débrancher sa box la nuit (et son décodeur télé) serait aussi profitable. La consommati­on mondiale des terminaux en mode veille atteint déjà 400 terawatthe­ures, soit l’équivalent de la production annuelle d’une soixantain­e de réacteurs nucléaires. Un dernier conseil ? Pour sauver la planète, évitez le streaming ! Regarder une vidéo HD via sa box ADSL produit autant de gaz à effet de serre que la fabricatio­n et le transport d’un DVD !

 ??  ?? Google est l’un des investisse­urs de la gigantesqu­e centrale solaire Ivanpah, installée dans le désert de Mojave (ÉtatsUnis). L’électricit­é ainsi produite alimente ses data centers. STEVE MARCUS/REUTERS
Google est l’un des investisse­urs de la gigantesqu­e centrale solaire Ivanpah, installée dans le désert de Mojave (ÉtatsUnis). L’électricit­é ainsi produite alimente ses data centers. STEVE MARCUS/REUTERS

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