Les internautes, toujours plus avides de vidéos et de graphismes sophistiqués, devront faire des concessions.
californiennes. Ainsi, plus besoin de système de refroidissement. La firme de Redmond compte aussi convertir la houle en électricité afin d’alimenter ses fermes de serveurs. Une autre approche, pour limiter le gâchis, consiste à redistribuer la chaleur dégagée par les ordinateurs dans des habitations. À Paris, un centre exploité par Free devrait bientôt chauffer 150 logements sociaux et une crèche du XVe arrondissement. Et cela gratuitement !
Halte aux obégiciels. Maiscettechasse au gaspillage ne s’arrête pas à la porte des data centers. Nos appareils hightech sont aussi dans le collimateur des cyberécolos. “Nous dépensons aujourd’hui bien plus d’énergie pour fabriquer une tablette, un smartphone ou un ordinateur que ces terminaux n’en consommeront euxmêmes durant toute leur phase d’utilisation”, soutient Frédéric Bordage, fondateur du cabinet Green IT. Cet expert de l’informatique verte a calculé que la production d’un seul MacBook Pro d’Apple engloutissait quasiment 100 fois plus d’énergie que durant toute sa carrière d’ordinateur portable. La réduction de cette empreinte passerait par l’allongement de la durée de vie du matériel. D’où l’idée de le rendre aisément réparable, comme le proposent les inventeurs du Fairphone. Ce smartphone Android a été conçu de façon modulaire pour faciliter le remplacement de composants défaillants (micro, hautparleur, écran). Commercialisé à plus de 500 euros, ce téléphone peine à convaincre les utilisateurs, en raison de ses performances, jugées trop modestes pour les applications gourmandes.
Et celles-ci sont toujours plus nombreuses. “Les logiciels utilisent de plus en plus de ressources, souvent exagérément. Il faut mettre fin à ce gaspillage phénoménal”, fulmine Thierry Leboucq. Ce quadra Nantais a déclaré la guerre aux “obégiciels”, des programmes farcis d’instructions superflues, qui rendent nos machines encore plus dispendieuses. Il a donc mis au point Greenspector, un outil capable de passer au crible le code source d’une application en décortiquant chaque ligne de l’algorithme pour évaluer son impact sur la consommation énergétique.
Le cas échéant, il propose des corrections pour les rendre plus frugaux. Car un ordinateur ne dépense pas toujours la même quantité de courant. Tout dépend de ce qu’on lui demande d’exécuter et, surtout, comment il le fait. Lors de ses recherches, Thierry Leboucq a ainsi mesuré qu’un écran “nuit” (écriture verte sur fond noir) consommait jusqu’à 20 % en moins qu’un écran “jour” (lettres noires sur fond blanc). Reste à savoir si cette vague verte est compatible avec les attentes des internautes, toujours plus avides de vidéos et de graphismes sophistiqués, voraces en électricité.
Internet alterné. Nous devrons pourtant bien accepter de faire des concessions. Car à ce rythme-là, selon les ingénieurs de Cisco, l’accès à Internet risquerait d’être limité, à l’instar de la circulation alternée qui filtrait l’entrée des voitures dans Paris en fonction de leur plaque minéralogique. Le lundi, seules les machines dotées d’une adresse IP paire pourraient se connecter, avant de laisser le lendemain leur place aux adresses impaires. Pour éviter ce scénario ubuesque, mieux vaut renoncer à nos mauvaises manies. Cessons, par exemple, de multiplier les onglets dans notre navigateur. Un seul, même inactif, ingurgiterait de 160 à 200 milliwattheures. À l’échelle d’un individu, ce n’est rien. Mais si quatre milliards d’internautes laissent ouverts cinq onglets pendant huit heures, l’énergie nécessaire équivaut à une bonne demijournée de production dans une de nos centrales nucléaires…
Débrancher sa box la nuit (et son décodeur télé) serait aussi profitable. La consommation mondiale des terminaux en mode veille atteint déjà 400 terawattheures, soit l’équivalent de la production annuelle d’une soixantaine de réacteurs nucléaires. Un dernier conseil ? Pour sauver la planète, évitez le streaming ! Regarder une vidéo HD via sa box ADSL produit autant de gaz à effet de serre que la fabrication et le transport d’un DVD !