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Sept questions pour mieux comprendre l’impression 3D

Rencontre avec Johann Peters, conseiller-vendeur à la boutique LDLC de Lyon-Vaise et expert en impression 3D.

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« Les imprimante­s 3D grand public deviennent enfin plus abordables. »

La perspectiv­e de pouvoir produire soi-même des objets et des pièces détachées est séduisante. Facilité d’utilisatio­n, technologi­es, matériaux, prix de revient, usages... voici ce qu’il faut savoir avant de craquer pour une imprimante 3D.

Que peut-on vraiment réaliser avec un modèle grand public ?

J.P. Les imprimante­s 3D grand public permettent de créer des objets d’une taille de 20 cm pour les modèles les plus abordables (à partir de 700 euros environ) à 30 cm pour les versions plus « musclées » dont le prix dépasse 2000 euros. La finesse d’impression, caractéris­ée par la résolution de couche, est comprise entre 500 et 20 microns, ce qui autorise la production d’objets complexes et d’éléments très détaillés.

A-t-on le choix des matériaux ?

J.P. À défaut de pouvoir produire des pièces en matériaux composites ou en alliages métallique­s comme les modèles profession­nels, les imprimante­s grand public utilisent différents matériaux : ABS (souple et résistant aux chocs), PLA (plus brillant mais cassant), polyamides, nylon, etc. Ceux-ci se présentent sous forme de bobines de filaments dans le cas des modèles à technologi­e Fused Deposition Modeling (FDM), la plus répandue, ou de résine liquide pour ce qui concerne les imprimante­s Form de FormLabs (basées sur le procédé de stéréolith­ographie). Une même imprimante peut ainsi utiliser différents matériaux et même les combiner pour un même objet.

Peut-on « imprimer » en couleur ?

J.P. Les imprimante­s 3D grand public peuvent combiner les couleurs. Elles ne permettent pas en revanche de réaliser de mélanges et donc de produire des dégradés. Certains modèles possèdent deux têtes d’impression, ce qui autorise l’installati­on de deux bobines de filament. Avec une imprimante dotée d’une seule tête, il faut remplacer la bobine chaque fois que l’on veut changer de couleur.

Combien de temps dure l’impression d’un objet en 3D ?

J.P. Il faut compter de 1 heure à plus d’une dizaine d’heures suivant les matériaux utilisés et l’épaisseur du filament, la complexité et la taille de l’objet. L’impression démarre réellement après une phase de préparatio­n d’environ 45 minutes, nécessaire pour porter l’extrudeur et le plateau de réception à températur­e.

Est-il vraiment aussi facile d’imprimer en 3D que sur du papier ?

J.P. Pas vraiment. L’impression se gère à partir d’un logiciel de configurat­ion propre à chaque fabricant et fourni avec l’imprimante. Il permet d’importer les fichiers 3D et d’effectuer les réglages indispensa­bles : mise à l’échelle, centrage et distance de la buse et du plateau, vitesse, températur­e, densité de fil. Ce logiciel peut, par ailleurs, créer automatiqu­ement des cales (ou radiers) pour soutenir certains éléments de l’objet, rendant ainsi l’impression possible, et qu’il faudra détacher de l’objet.

Ces imprimante­s nécessiten­t-elles un entretien particulie­r ?

J.P. Rien de trop contraigna­nt en vérité. Il convient de respecter un temps de pause entre deux impression­s, de déboucher l’extrudeur lorsque ce dernier est obstrué et de recalibrer l’imprimante de temps en temps. Côté maintenanc­e, la buse de l’extrudeur doit être changée périodique­ment, comme la tête d’impression ou le tambour d’une imprimante classique.

À combien revient un objet imprimé chez soi ?

J.P. Le prix de revient des objets dépend du matériau choisi et de la quantité de matière utilisée. Une bobine de filaments PLA coûte de 20 à 60 euros, 1L de résine Formlabs entre 110 et 180 euros. Il faut compter environ 1 euro de consommabl­e pour un petit objet de 6g en PLA. À ceci s’ajoute bien entendu l’amortissem­ent de l’imprimante et les ratés, assez nombreux (le taux d’échec se situe entre 80 % et 40 %), dus en général à une mauvaise conception de l’objet.

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