LE LOGICIEL QUI AIDE À DÉMÊLER LES ENQUÊTES CRIMINELLES
Tisser les liens. Depuis le 14 juin dernier, la très médiatique affaire Grégory Villemin est revenue sur le devant de la scène. Trente-deux ans après que le corps du garçonnet a été retrouvé pieds et poings liés dans les eaux de la Vologne, deux de ses proches ont été mis en examen. Un rebondissement digne des plus captivantes séries policières, que l’on doit en grande partie à AnaCrim. Grâce à ce logiciel, les limiers du Service central de renseignement criminel (SCRC) de la gendarmerie nationale ont trouvé des éléments passés jusque-là inaperçus. N’y voyez pas l’oeuvre d’une intelligence artificielle ou d’algorithmes sophistiqués. AnaCrim ne fait que mouliner un nombre considérable d’informations, puis les ordonne en schémas. Ça n’a l’air de rien, et pourtant, c’est un formidable outil pour les enquêteurs. Ces derniers visualisent ainsi mieux les liens entre les différentes données d’une procédure judiciaire complexe et repèrent d’éventuelles incohérences dans les témoignages ou dénichent un indice. Dans le cas de l’affaire Grégory, il a fallu saisir au préalable 12 000 procès-verbaux, 2 000 lettres anonymes, des centaines d’auditions, ainsi que les analyses des tests ADN. Un travail de plusieurs mois. Les experts du SCRC ont ensuite interrogé le programme afin de reconstituer les emplois du temps des membres de la famille de l’ enfant au moment du crime et les jours précédents. Ils ont alors pu pointer des contradictions avec les dépositions de deux personnes, devenues des suspects. Déjà utilisé pour confondre les tueurs Guy Georges, Michel Fourniret et Francis Heaulme, AnaCrim ajoutera peut-être de nouveaux coupables à son tableau de chasse. À suivre...