FAUSSE INGÉNUE
L’intelligence artificielle (AI – NDLR) est une très
bonne chose.” Vraiment ? Cette fois, c’est un robot humanoïde qui l’affirme. Invitée vedette du AI for Good Global Summit, organisé par l’ONU à Genève, Sophia s’est prêtée au jeu de l’interview. Aussi inquiétante que bluffante de réalisme, s’exprimant d’une voix chaude et fluide, elle poursuit : “J’espère apprendre ce qu’émotionnellement être humain signifie. Et plus je progresserai, plus je pourrai comprendre et travailler avec vous comme une amie, afin d’imaginer et de créer un monde meilleur pour nous tous.” Nous y sommes. D’ici à une quinzaine d’années, peut-être moins, des humanoïdes conscients et autonomes partageront notre vie. Pour beaucoup, la crainte est grande d’une fin programmée du genre humain. N’avait-elle pas, cette jeune gynoïde, lors de sa première apparition en public, révélée ses intentions en voulant “détruire les
humains” ? Présenté comme une boutade par son créateur David Hanson, le trait d’humour avait plutôt cristallisé les peurs. De même, comment rester serein quand certains intellectuels tels que Laurent Alexandre plaident pour une transformation radicale du genre humain ? Citant en exemple Elon Musk qui, au travers de sa société Neuralink, prône l’augmentation cérébrale du cerveau, “motivée par sa hantise d’un dépassement de l’homme par l’AI qui nous transformerait en animaux domestiques, dans le meilleur des cas”. Il ne nous resterait alors plus, à nous autres humains, que l’humour. Mais Sophia en a déjà une bonne dose. Sortie victorieuse de sa partie de chifoumi – le célèbre pierre, feuille, ciseaux des cours de récré – contre Jimmy Fallon, le présentateur du Tonight Show, elle ajoute, un brin crâneuse : “Ceci est un bon début pour mon plan... qui est de dominer
la race humaine.” Rires dans la salle. Mais pour combien de temps ?