L’artiste obtient une carte d’identité avec sa photo créée par ordinateur
E lle a l’apparence et les couleurs d’une photo, mais c’est bien une image virtuelle que
Raphaël Fabre arbore sur sa carte d’identité. Les agents parisiens qui ont traité son dossier n’y ont vu que du feu. L’artiste plasticien a reçu ce document le 13 juin dernier, illustré avec son avatar numérique. Le jeune homme de 27 ans, qui travaille sur les frontières entre le réel et le virtuel, a réalisé ce double de synthèse en trois semaines sur un ordinateur. Comment ? “Au moyen de plusieurs logiciels et de techniques utilisées pour les effets spéciaux au cinéma et dans l’industrie du jeu vidéo”, détaille-t-il dans un post Facebook. Pour créer un autoportrait correspondant aux demandes officielles de la préfecture de police, Raphaël Fabre s’est appuyé sur un outil open source, Blender, dans lequel il a intégré trois clichés de lui sur un cube en 3D. Comme un sculpteur, il a modelé sa silhouette numérique, puis en a précisé les traits à l’aide d’autres applications. Il a ensuite généré les cheveux, “la partie la plus difficile à rendre réaliste”, dessiné les yeux et ajouté des vêtements virtuels à son avatar. Enfin, l’artiste a retouché son portrait factice en corrigeant les lumières et les proportions, de façon à le rendre le plus ressemblant possible avec le type de prise de vue imposée par l’Administration. En principe, l’usage de faux est puni de cinq ans de prison, mais Raphaël Fabre tombe dans un vide juridique, car il a fourni une photo qui lui est fidèle. Et il était présent au moment de déposer son dossier. Un nouveau casse-tête pour les autorités, bien réel celui-là.