Une clé qui en dit long
Lui clouer le bec ! Sur le panneau dressé dans l’enceinte de la plus importante convention de hackers, qui s’est tenue cet été à Las Vegas, des dizaines de bouches béantes du leader nord-coréen, Kim Jong-un, attendaient. Les visiteurs étaient invités à y introduire des clés USB. Et à les laisser là, à disposition de l’association Human Rights Foundation et de son programme FlashDrives for Freedom. Le but ? Collecter pas moins de 10 000 de ces vieilleries pour les transformer en autant de précieux sésames. Une fois nettoyés, ces supports de stockage sont envoyés en Corée du Sud. Là, des groupes de dissidents ayant fui la dictature du Nord prendront le relais pour gaver leurs mémoires de films, de documentaires, de copies de fiches Wikipédia, mais aussi d’interviews d’autres transfuges. Puis, dissimulées dans les poches cousues ou les revers de cols de contrebandiers et de marchands, souvent avec l’aide de gardes-frontières soudoyés, ces clés traverseront la frontière. Certaines ont même, par le passé, franchi le no man’s land, transportées par des ballons gonflés à l’hélium. Dans une société sans Internet, sans médias indépendants, elles permettent de distiller, certes au compte-gouttes, d’autres vérités. Et ainsi, de donner à voir et à comprendre à quel point le monde d’en face est différent. Loin des peurs entretenues. Une petite technologie comme arme contre une grande dictature.