QUAND L’ÉNERGIE VIENT DU BITUME
Des ingénieurs expérimentent avec succès une voie capable d’alimenter les autos électriques pendant qu’elles roulent. Ils se sont inspirés des systèmes de recharge sans fil des appareils mobiles.
Bien que les voitures électriques voient leur autonomie progresser sensiblement ( lire n° 857, p. 20), leur rayon d’action est encore bien inférieur à celui de leurs consoeurs thermiques. De plus, elles doivent être immobilisées durant un temps assez long pour se recharger. Et si les routes les alimentaient pendant qu’elles roulent ? Tel est le projet audacieux sur lequel planche actuellement l’institut français Vedecom, en partenariat avec Renault et le fabricant de puces mobiles Qualcomm, dans le cadre d’un programme de recherche européen.
Il s’appuie sur le phénomène de l’induction électromagnétique. “C’est le même fonctionnement que les pla- ques de cuisson à induction. Mais au lieu de chauffer une casserole, le champ magnétique fournit de l’énergie à la batterie”, explique François Collet, ingénieur chez Vedecom. Plaques électriques. Utilisée par les systèmes de recharge sans fil des appareils mobiles, la technique a déjà été expérimentée par Qualcomm afin de redonner du jus à des véhicules électriques en stationnement via des bases sur le sol. Mais est-ce possible en roulant ? Pour le savoir, une piste d’essai de 100 mètres de longueur a été construite près de Versailles ( Yvelines). Elle est revêtue de plaques à l’intérieur desquelles se trouvent des bobines traversées par un courant électrique. Ces dernières génèrent un champ magnétique qui est capté par d’autres bobines placées, elles, dans le plancher du véhicule. Elles vont le convertir en énergie pour alimenter la batterie. Lors des tests réalisés avec deux Renault Kangoo Z.E, les chercheurs ont pu transférer 20 kilowatts à des vitesses allant jusqu’à 100 kilomètres par heure. De quoi récupérer 25 % de la capacité des accus en une vingtaine de minutes.
Reste à démontrer la viabilité économique d’un tel procédé, la piste d’essai ayant coûté la bagatelle de 700 000 euros ! “Ce dispositif ne serait pas déployé sur les autoroutes, mais plutôt sur les périphériques urbains”, précise François Collet. Selon lui, une fois optimisé, il serait amorti en facturant 27 euros la recharge complète. Certes, c’est plus cher que les 4 à 5 euros d’une recharge totale d’énergie à une borne publique. Mais ça reste toutefois moins élevé qu’un plein de diesel.