01Net

QUAND L’ÉNERGIE VIENT DU BITUME

Des ingénieurs expériment­ent avec succès une voie capable d’alimenter les autos électrique­s pendant qu’elles roulent. Ils se sont inspirés des systèmes de recharge sans fil des appareils mobiles.

- CHRISTOPHE BOURGEOIS

Bien que les voitures électrique­s voient leur autonomie progresser sensibleme­nt ( lire n° 857, p. 20), leur rayon d’action est encore bien inférieur à celui de leurs consoeurs thermiques. De plus, elles doivent être immobilisé­es durant un temps assez long pour se recharger. Et si les routes les alimentaie­nt pendant qu’elles roulent ? Tel est le projet audacieux sur lequel planche actuelleme­nt l’institut français Vedecom, en partenaria­t avec Renault et le fabricant de puces mobiles Qualcomm, dans le cadre d’un programme de recherche européen.

Il s’appuie sur le phénomène de l’induction électromag­nétique. “C’est le même fonctionne­ment que les pla- ques de cuisson à induction. Mais au lieu de chauffer une casserole, le champ magnétique fournit de l’énergie à la batterie”, explique François Collet, ingénieur chez Vedecom. Plaques électrique­s. Utilisée par les systèmes de recharge sans fil des appareils mobiles, la technique a déjà été expériment­ée par Qualcomm afin de redonner du jus à des véhicules électrique­s en stationnem­ent via des bases sur le sol. Mais est-ce possible en roulant ? Pour le savoir, une piste d’essai de 100 mètres de longueur a été construite près de Versailles ( Yvelines). Elle est revêtue de plaques à l’intérieur desquelles se trouvent des bobines traversées par un courant électrique. Ces dernières génèrent un champ magnétique qui est capté par d’autres bobines placées, elles, dans le plancher du véhicule. Elles vont le convertir en énergie pour alimenter la batterie. Lors des tests réalisés avec deux Renault Kangoo Z.E, les chercheurs ont pu transférer 20 kilowatts à des vitesses allant jusqu’à 100 kilomètres par heure. De quoi récupérer 25 % de la capacité des accus en une vingtaine de minutes.

Reste à démontrer la viabilité économique d’un tel procédé, la piste d’essai ayant coûté la bagatelle de 700 000 euros ! “Ce dispositif ne serait pas déployé sur les autoroutes, mais plutôt sur les périphériq­ues urbains”, précise François Collet. Selon lui, une fois optimisé, il serait amorti en facturant 27 euros la recharge complète. Certes, c’est plus cher que les 4 à 5 euros d’une recharge totale d’énergie à une borne publique. Mais ça reste toutefois moins élevé qu’un plein de diesel.

 ??  ?? Longue de 100 m, la piste d’essai cache des bobines qui génèrent un champ magnétique. Transformé en énergie au passage de l’auto, celui-ci recharge la batterie.
Longue de 100 m, la piste d’essai cache des bobines qui génèrent un champ magnétique. Transformé en énergie au passage de l’auto, celui-ci recharge la batterie.

Newspapers in French

Newspapers from France