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Commander sur Amazon, c’est adhérer à l’idée d’un monde sans travail

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appli. Surnommé Mr. Nice Guy (Monsieur Gentil Garçon) par le magazine américain Wired, il développe des outils de filtrage pour empêcher la publicatio­n, aux ÉtatsUnis, de commentair­es insultants. “Pour valoriser et responsabi­liser chaque individu, nous devons véhiculer un état d’esprit rassurant, afin que tout le monde se sente libre d’être soi-même sans risquer d’être critiqué ou harcelé”, annonce-t-il alors.

Influenceu­rs planétaire­s. Certains vontencore­plusloin.Telsdessph­inx inflexible­s, ils se posent en gourous suprêmes, dont les valeurs s’imposent à tous. Quand vous achetez un produit sur Amazon, vous validez de facto la stratégie de son fondateur, Jeff Bezos, partisan d’un monde sans travailleu­rs. Vous utilisez les services Google ? Sachez qu’ainsi vous donnez plus de moyens financiers à une entreprise qui promeut le transhuman­isme, ce courant qui prône l’avènement d’un homme “augmenté”, aux capacités physiques et mentales décuplées grâce à la technologi­e. Vous voyez Facebook comme un vulgaire distribute­ur de posts ? Pas ses leaders : “Nous avons énormément de responsabi­lités en raison de l’incidence que nous avons sur le monde”, concédait il y a peu Fidji Simo, vice-présidente produit, dans un quotidien français.

Ces dirigeants qui ont l’audace de se poser en maîtres du monde présentent tous la particular­ité d’être américains. Ils viennent de la Silicon Valley, cette nouvelle Rome qui arrose le monde non seulement de plateforme­s et de produits, mais aussi d’idées quasi philosophi­ques. Ce soft power, comme on

appelle cette capacité d’influence pacifique, touche jusqu’aux géants du Web chinois. Même si ces derniers font preuve d’innovation et que leur puissance est redoutable, ils s’inscrivent malgré tout dans les pas des Californie­ns, qu’ils aimeraient détrôner. Chez nous, cette forme de domination culturelle trouve son écho jusqu’au plus haut sommet de l’État : Emmanuel Macron ne souhaite-t-il pas faire de la France une “start-up nation” ?

Bienfaiteu­rs des peuples. Prosélytes, persuadés que les algorithme­s révèlent la vérité du monde, ces grands patrons ont tous la conviction que les ingénieurs sont des créateurs. “Et qu’un génie de la programmat­ion est un héros, car il peut faire sauter des systèmes, explique Daniel Ichbiach, coauteur avec Jean-Martial Lefranc des Rebelles numériques (First Editions). Ces informatic­iens de haut vol l’ont prouvé en terrassant des modèles établis – Bezos (Amazon) a écrasé le géant de la distributi­on Walmart, Hastings (Netflix) a dégommé la chaîne de vidéoclubs Blockbuste­r… Alors, pour eux, les cryptomonn­aies, ces devises électroniq­ues comme le bitcoin, généré par des algorithme­s, pourraient être la solution pour nous débarrasse­r des banques traditionn­elles ayant causé la crise financière de 2008 et ses drames humains.” Les maths ? Il n’y aurait rien de mieux pour apporter desremèdes­concretsau­xproblèmes politiques contempora­ins.

Larry Page (Google), Reed Hastings (Netflix), Elon Musk (SpaceX et Tesla Motors), Mark Zuckerberg (Facebook) et Jeff Bezos (Amazon) : nous avons choisi ces cinq-là parce que chacun d’eux présente un gros potentiel pour devenir un gourou. Ils partagent l’idée qu’ils agissent pour le bien des peuples, incarné à merveille par le slogan informel de Google, inscrit dans sa constituti­on interne : “Don’t be evil” (Ne soyez pas malveillan­ts). Ils s’accordent également sur des

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