ELLE SE PRODUIT ENSÉRIE
Ce sont des objets de consommation de masse que l’impression 3D pourrait rendre uniques. Dotés de qualités inédites et de formes jamais vues, ils sortent aujourd’hui des labos pour entrer petit à petit dans notre quotidien.
1 LE PNEU CONCEPT VISION MICHELIN SCULPTEZ-LE À VOLONTÉ
Jusqu’à présent, il n’y avait rien de plus laid qu’un pneu. Ni de plus bête. Mais c’était avant. Conçu avec des matériaux biodégradables, le Concept Vision, dévoilé l’été dernier par Michelin, pourrait envoyer balader ces préjugés. Le manufacturier français envisage en effet d’utiliser l’impression 3D pour personnaliser à volonté la bande de roulement de votre pneumatique, cette couche de gomme en contact direct avec le bitume. À quoi cela servira-t-il ? À l’adapter parfaitement aux conditions de route (pluie, neige, chaleur…). En vous rendant dans une station-service équipée d’imprimantes, vous pourrez ainsi en quelques minutes rechaper à volonté la bande, autrement dit la recharger de quelques millimètres de gomme pour redessiner la sculpture du rainurage convenant le mieux à votre usage. Même chose lorsque les capteurs intégrés aux pneus Vision vous alerteront sur votre smartphone en cas d’usure. Michelin pourrait lancer ce pneu économique et écologique, et les services qui vont avec, d’ici à dix ans.
3 LES PÂTES BARILLA FAITES-EN TOUT UN PLAT
Marre de vos sempiternelles penne rigate ? Envie de mettre un peu de folie dans vos assiettes d’inspiration italienne ? Inutile de ressortir du placard la machine à débiter des tagliatelles fraîches. Attendez la commercialisation de l’imprimante 3D de la marque Barilla. Une cartouche de semoule de blé dur, et hop ! l’engin confectionne la forme de pâte que vous voulez, couche par couche, à travers une buse qui se déplace suivant les axes X, Y et Z. Pas la peine de sortir de Polytechnique : un catalogue devrait vous aider à sélectionner le style du jour, conique, cubique ou fleuri. L’an dernier, Andreas Anedda, un jeune designer italien, remportait un concours Barilla avec une forme innovante de pâtes turbines. Inspirée par des fusilli, sa création ressemble à une spirale dont les lames capturent généreusement la sauce tomate. Bientôt, l’impression alimentaire 3D pourrait transformer des ingrédients alternatifs, comme les protéines d’insectes, à l’aspect peu ragoûtant, en mets désirables. Qui reprendra de mes pâtes à la libellule ?
2 LA BASKET ADIDAS FUTURECRAFT 4D TROUVEZ CHAUSSURE À VOTRE PIED
En janvier, ces baskets sortaient en édition limitée dans trois magasins new-yorkais à 300 $ (240 €) la paire. Au printemps, Adidas devrait en mettre 5 000 exemplaires sur le marché. Avant d’inonder les boutiques du monde entier de 100 000 boîtes supplémentaires dès l’automne prochain. À première vue, rien ne distingue cette Futurecraft des autres modèles de running de la marque. Pourtant, sa semelle, alvéolée comme une ruche d’abeilles, a été imprimée en 3D à partir de résines liquides. Ses performances s’en trouvent optimisées. L’amorti du talon et la propulsion vers l’avant étant favorisés grâce à un maillage plastique jusque-là impossible à fabriquer avec des techniques classiques. C’est une société de la Silicon Valley, Carbon, qui est à l’origine de ce procédé inédit d’impression. La semelle prend forme au contact de l’air, propulsée par un rayon de lumière projeté sur un petit bain de résine. Dans le futur, la marque aux trois bandes envisage de produire des chaussures adaptées à la morphologie de chacun.
4 LA LAMPE BLOOM DE PATRICK JOUIN OFFREZ-VOUS UNE PIÈCE DE MUSÉE
Vous êtes au Museum of Fine Arts de Montréal, au MoMa de New York ou au Centre Pompidou à Paris. Alors que vous vous baladez tranquillement dans une exposition consacrée au design, vous tombez en amour devant une pièce. En l’espèce, une lampe de table, la Bloom, créée en 2010 par le designer français Patrick Jouin. Vous la verriez bien dans votre salon, cette fleur de lotus qui s’ouvre et se ferme à l’envi pour moduler l’intensité de la lumière diffusée. Vous en rêvez, mais savez qu’il est plus réaliste de vous rabattre sur la carte postale de l’objet. Eh bien, vous pouvez aujourd’hui, grâce aux progrès technologiques, vous en payer un clone en 3D. Autrement dit, imprimer un exemplaire de cette oeuvre en poudre de polyamide en utilisant la technique du frittage laser. La plateforme belge i.materialise, qui dispose des spécifications de la Bloom dans sa base, se charge de l’opération pour la modique somme de 2 100 €. Cher, certes, mais exceptionnel, même pour un produit en série.